L'art de gérer les déchets de manière sécuritaire


Édition du 15 Mars 2014

L'art de gérer les déchets de manière sécuritaire


Édition du 15 Mars 2014

Terragon Technologies vient d’obtenir un prix du Lloyd's List North American Maritime Awards pour sa technologie environnementale. Cette PME spécialisée dans le traitement local des déchets a mis sur pied un plan de gestion des risques intégré (GRE) lui permettant de mieux évaluer ses risques et ses opportunités d’affaires.

« En raison de notre cœur d’activité, nous étions à la fois très sujets aux risques tout en percevant, en même temps, les occasions que pouvaient apporter les changements climatiques », explique Nikolina Gateva, actuaire et VP des finances chez Terragon Technologies.

Selon elle, l’attention croissante portée sur les changements climatiques au cours des dernières années a entraîné de nouveaux enjeux concernant la durabilité.

« L’un de ces enjeux est l’incertitude, puisqu’il existe encore très peu de consensus sur les conséquences et l’ampleur que cela pourrait prendre. L’un des risques extrêmes étant par exemple un événement entraînant une défaillance du système central de distribution d’électricité ou de collecte des déchets », détaille Nikolina Gateva.

Des opportunités de marché

Ces situations, Terragon Technologies travaille justement à les prévenir grâce à son système de traitement des déchets reposant sur une technologie innovante, le Micro Auto Gasification System MAGS™, spécialisé dans la réutilisation locale de ressources comme l’eau et l’énergie.

« Les changements climatiques peuvent créer des occasions d’affaires, mais encore faut-il bien connaître les risques potentiels, qui peuvent être interreliés. Nous pourrions par exemple nous aussi subir l’impact d’une hausse des prix de l’énergie ou des matières premières lié à un incident climatique, au même titre que n’importe quelle autre entreprise, ce qui influencerait alors le coût des ventes et la profitabilité de l’entreprise», rappelle l’actuaire.

D’un autre côté, le marché compensatoire des crédits carbone peut aussi offrir de nouveaux débouchés à la PME montréalaise. Reste à savoir à quel horizon ! « Beaucoup d’incertitude règne encore à ce sujet. À quel moment sera-t-on prêt à se lancer ? » questionne Mme Gateva.

Selon elle, la taille des PME les rendrait, par nature, plus sensibles aux variations économiques et donc « plus enclines à développer des stratégies pour trouver et minimiser ces risques ».

Une réglementation qui change sans cesse

Arrivée chez Terragon en 2008, Nikolina Gateva est devenue responsable de la gestion des risques de l’entreprise. « En tant qu’actuaire, je suis formée pour avoir une vision diversifiée, intégrer des concepts variés et mettre en place des calculs quantitatifs et qualitatifs », rapporte-t-elle.

Son rôle ? Prendre la décision la plus éclairée possible, en n’hésitant pas pour cela à faire appel à différents experts. « Pour pallier les risques liés aux changements climatiques, nous avons par exemple commencé à surveiller la réglementation. Car dans notre secteur, les lois sont nombreuses, évoluent constamment et peuvent s’avérer très onéreuses à suivre : nous pouvons avoir besoin d’un permis d’opération pour chaque projet, tandis que certaines normes sont nationales, régionales… Nous devons donc nous assurer d’être en conformité», affirme Nikolina Gateva.

Pour contrôler ce risque, Terragon Technologies a mis sur pied un nouveau système informatique et dédié une quarantaine d’employés à la surveillance des nouvelles lois et règlements. « Ce nouveau système informatique nous permet de partager les informations à l’interne entre les salariés et de mieux planifier les suivis. L’objectif étant que dès qu’une nouvelle loi est promulguée dans les pays où nous opérons, nous puissions nous adapter de façon proactive», explique Mme Gateva.

Des défis inattendus

La GRE a également permis à la PME d’identifier un défi pour le moins inattendu : « Grâce à notre évaluation des risques, nous nous sommes rendu compte que l’obtention des permis d’opération, qui devraient être délivrés de manière plus ou moins automatique, posait de grandes difficultés puisque notre technologie n’entrait tout simplement dans aucune catégorie existante… », affirme-t-elle.

Des équipes pluridisciplinaires comprenant du personnel en sciences et en finances ainsi que des experts de la technologie ont donc dû apprendre à parler le même langage afin d’aller ensuite à la rencontre des responsables chargés de fixer les critères sur lesquels s’appuient ces règlementations.

« Il ne faut pas voir la construction du cadre de GRE comme une obligation réglementaire qui va occuper des ressources déjà sollicitées par ailleurs. On doit au contraire pouvoir mesurer la réussite de ce dispositif par des résultats concrets : est-ce que cela a augmenté la conscience du risque de l’entreprise et permis de mettre au point un processus permettant d’identifier, de mesurer et de mieux contrôler les risques ? » ajoute l’actuaire.

Attention toutefois à ne pas générer une usine à gaz : « On a déjà vu des entreprises s’équiper des derniers instruments de mesures pour faire leurs calculs, mais ces outils sont tellement complexes que les employés en viennent à perdre patience et à ne pas les utiliser… Si l’on souhaite faire des mesures concrètes, il faut alors se mettre à la place de l’utilisateur au quotidien et l’écouter », conseille Nikolina Gateva.

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