Les «sept magnifiques», l’éléphant dans la pièce?


Édition du 10 Avril 2024

Les «sept magnifiques», l’éléphant dans la pièce?


Édition du 10 Avril 2024

Par Jean Décary

(Photo: 123RF)

GESTION DE PATRIMOINE. Les « sept magnifiques » (Microsoft [MSFT, 421,43 $ US], Apple [AAPL, 173,31 $ US], Amazon [AMZN, 179,83 $ US], Nvidia [NVDA, 902,50 $ US], Tesla [TSLA, 179,83 $ US], Meta Platforms [META, 493,86 $ US] et Alphabet [GOOGL, 150,87 $ US]) pèsent lourd dans les indices et ont tiré les marchés vers le haut ces dernières années. Comment arriver à battre les indices, avec ou sans eux?

« Oui, c’est un défi, car, à environ 28 % du S&P 500, ton indice est concentré dans une poignée de titres d’un secteur donné qui volent plus haut que l’atmosphère », illustre Vincent Fournier, de Claret. Le gestionnaire de portefeuille se dit préoccupé par le poids de ces mammouths tirés vers des sommets par l’intelligence artificielle (IA).

« C’est l’éléphant dans la pièce et la question qui, comme investisseur et gestionnaire, me cause le plus de maux de tête. » Pour le client qui a un portefeuille bien diversifié — plusieurs titres dans des secteurs variés —, ça devient très difficile de battre un indice de référence comme le S&P 500 qui, à l’opposé, est très concentré dans un secteur d’activité. « C’est un défi de bâtir un portefeuille qui offre un rendement ajusté au risque, car il est comparé à quelque chose qui ne l’est pas. »

Le danger qui plane, selon lui, a trait à ce qui attend ces entreprises au tournant. « Laquelle va bousculer l’ordre établi? Quelle technologie va venir les perturber? » Il cite l’exemple passé des Nifty Fifty, un groupe formé de 50 titres boursiers de grande capitalisation de la Bourse de New York dans les années 1960 et 1970 qui étaient considérés comme des achats sûrs à long terme, mais dont plus de la moitié ont fini par sous-performer, voire cesser d’exister. « L’histoire compte son lot de Xerox, Kodak et, plus près de chez nous, Nortel. La réalité, c’est que lorsqu’il y a un changement, on ne le voit souvent pas venir. »

Le gestionnaire réitère l’importance d’une bonne diversification, tant sur le plan des secteurs d’activité couverts que sur le plan géographique (Canada, États-Unis, International) et sur le nombre de titres détenus en portefeuille. « La stratégie intelligente, c’est de miser sur un portefeuille de titres équipondérés, par exemple 25 titres avec une pondération de 4%. »

« L’an dernier, les sept magnifiques ont été responsables des deux tiers du rendement du S&P 500 », souligne Simon Houle gestionnaire de portefeuille au groupe Onyx, IA Gestion privée de patrimoine. Leur poids dans l’indice lui rappelle celui qu’occupait un temps Nortel dans l’indice canadien. « Je n’aime pas faire ce genre de rapprochement, il y a toujours des différences, mais c’est la présence d’un risque supplémentaire que je veux soulever. »

L’investisseur doit se demander s’il est à l’aise avec le poids que représentent ces entreprises toutes concentrées dans le même secteur d’activité. « Pour dénouer l’impasse, il y a la possibilité d’opter pour de la gestion indicielle dans des FNB équipondérés ou de rééquilibrer son portefeuille en diminuant son exposition au marché américain », dit-il.

« Il y a un fort engouement par rapport à ces titres qui me rappelle les débuts de l’Internet », mentionne Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard Allard et Associés. « Est-ce que, ultimement, ce sont ces entreprises qui vont bénéficier de la rentabilité et des gains de productivité que suscitera IA? »

Il croit plutôt que le marché est en ébullition et que de nouveaux joueurs feront leur apparition. Le gestionnaire observe un déséquilibre entre le nombre d’acheteurs et le nombre de vendeurs qui ont poussé les valorisations de ces titres à des niveaux ahurissants. « Pensons à Nvidia, dont le titre se négocie à presque 100 fois les bénéfices de ses derniers résultats financiers. Les attentes de croissance sont démesurées. »

Dans ce contexte, il préfère miser sur l’ensemble du marché, moins les sept magnifiques. « L’approche reste la même : on veut des entreprises solides et rentables, avec de bons bilans et qui génèrent de bons flux de trésorerie, mais on doit aussi pouvoir les acheter à un prix raisonnable. » Il reconnaît que parfois, en omettant de miser sur des titres à la mode, les investisseurs peuvent sembler passer à côté de la parade. « Mais à long terme, ça nous a permis de surperformer par rapport aux indices. »

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