Franchiseur de Mikes: oubliez la surenchère et autres points forts de la téléconférence

Publié le 20/12/2017 à 11:07

Franchiseur de Mikes: oubliez la surenchère et autres points forts de la téléconférence

Publié le 20/12/2017 à 11:07

Par Dominique Beauchamp

La relance des 70 restaurants Mikes, menée par Marie-Line Beauchamp, est un franc succès pour Imvescor. Les ventes augmentent de 10% après la conversion au nouveau concept.

La téléconférence annuelle du franchiseur Imvescor des restaurants Mikes et Scores, entre autres, était plus courue que d’habitude.

Tous voulaient entendre de la bouche du redresseur d’Imvescor(IRG, 4,23$) Frank Hennessey, la réflexion et la processus qui l’ont mené à accepter l’offre de regroupement de Groupe alimentation MTY (MTY,54,83$).

Le dévoilement des résultats trimestriels et annuels sert aussi aux analystes à mieux jauger l’attrait de l’offre de MTY, estimée à 4,25$ par action.

L‘appel-conférence contenait peu de surprises, mais en disait long sur les raisons qui ont mené le franchiseur à joindre MTY au lieu de poursuivre sa relance, malgré son succès, comme en témoignent ses dix trimestres de ventes comparables croissantes.

Voici quelques points forts:

-Frank Hennessey a laissé entendre qu’il n’y aura pas d’autre offre sur la table d’un autre prétendant, après avoir été pressé de questions à ce sujet.


« Il vous faudra attendre la circulaire de janvier pour en savoir plus sur le processus de vente, mais je ne m’attends à aucune surprise d’ici la clôture. Nous sommes très conscients du paysage concurrentiel de notre industrie (une référence voilée à l’acquéreur pressenti Entreprises Cara, où il a déjà dirigé Harveys). »

-Il est aussi clair qu’Imvescor a choisi de joindre MTY parce que l’environnement concurrentiel se corse sans cesse et que les économies d’échelle et les avantages d’un réseau deviennent incontournables. Le seul «pouvoir d’achat accru» fournira des économies aux franchisées qui en ont bien besoin pour croître et être rentables. Ce pouvoir d’achat inclut un meilleur rapport de force pour la négociation des baux. «C’est une industrie où chaque cenne compte. Et le succès d’un franchiseur repose avant tout sur celui de ses franchisés. Ils réinvestissent davantage lorsqu’ils sont rentables», a dit M. Hennessey, dans son franc-parler habituel.

-L’offre de MTY est arrivée au moment où Imvescor voulait réaliser des acquisitions en Ontario pour nourrir sa croissance étant donné qu’elle occupe déjà bien le Québec et les Maritimes. Or, la hausse de 24% du salaire minimum en Ontario rendait ces ambitions beaucoup plus coûteuses et risquées, a expliqué le PDG. Le temps était donc venu de s’intégrer à un plus grand groupe nord-américain plus diversifié. «Ce n’est pas que nous n’avions pas confiance en notre plan d’expansion, mais MTY l’accélère à moindre risque pour le bénéfice des actionnaires, des fournisseurs et des franchisés», a-t-il, évoqué.

-Les salaires au Québec augmentent aussi, dit-il, notamment en cuisine parce que les restaurants ont bien du mal à recruter.

-M. Hennessey a aussi évoqué la concurrence accrue de l’incursion des épiciers dans les plats préparés, les mets prêts-à-manger, les plats-prêts-à cuisiner, l’épicerie en ligne et la livraison. «Même si notre plan de relance depuis trois ans fonctionne très bien et que nos plans d’expansion auraient pu nous mener plus loin, nous devons être réalistes», a-t-il déclaré. La patience des actionnaires aurait été mise à l’épreuve, a aussi ajouté le gestionnaire d’expérience.

-Interrogé sur la réaction initiale des franchisés à l’entente avec MTY, M. Hennessey a reconnu d’emblée que tout changement dans le partenaire est une source d’inquiétude pour eux. Il croit pouvoir leur faire valoir les avantages que leur apportera l’appartenance à un plus grand groupe. «Je leur ai répété que le patron dans le bureau du coin a peu d’importance. C’est l’exploitation du commerce qui compte. Les franchisés ont regagné confiance dans leur marque et leurs perspectives depuis trois ans. Ils sont donc en meilleure posture qu’avant pour se concentrer sur leur gestion quotidienne», a-t-il dit.

-Questionné concernant les synergies de 5 millions de dollars évoquées par MTY, M. Hennessey a indiqué qu’elles seront réalisées rapidement étant donné l’énorme expérience de MTY dans l’intégration d’enseignes, même si la restauration décontractée avec service aux tables diffère de la restauration rapide. De plus, plusieurs des fournisseurs et clients (épiciers) sont les mêmes. Enfin, les deux sièges sociaux de Montréal sont presque voisins et plusieurs employés ont travaillé chez l’un et l’autre, dans le passé, a-t-il révélé.

-Si la hausse de la fréquentation des restaurants et des ventes comparables de Toujours Mikes, Scores et Pizza Delight indique que la relance se porte bien, il est aussi clair que la rénovation des restaurants coûte cher (Imvescor fournit u maxium de 50000$ à chaque commerce- 67 de 100 établissements sont rénovés), Bâton Rouge est encore en pleine relance, tandis que la division des aliments en épicerie a besoin d’un sérieux coup de barre. Le bond de 72% des dépenses d’exploitation a d’ailleurs fait décliner le bénéfice d’exploitation de 13% et le bénéfice net de 6% en 2017 d’Imvescor, au quatrième trimestre. Même les flux de trésorerie excédentaires ont baissé de 26% en 2017. La société prévoit aussi une autre hausse des dépenses d’exploitation en 2018.

-M. Hennessey a confié la division qui vend notamment les côtes levées Bâton Rouge à un nouveau dirigeant afin d’étendre le nombre de points de vente au Québec et même au sud de la frontière. IGA les distribue actuellement, mais le contrat d’exclusivité est flexible. «MTY sera un atout à cet égard grâce au réseau d’épiceries au Québec qui offrent ses mets (Thai Express en autres) et sa plateforme américaine».

-M. Hennessey s’est aussi prononcé sur la valeur de l’offre de MTY, qui équivaut à 14,7 fois le bénéfice d’exploitation, «un multiple attrayant», tout en remettant en doute le bénéfice d’exploitation de 23M$ utilisé par Intrepid Capital pour affirmer que l’offre est insuffisante. Il a remis l’accent sur la structure de l’offre dont 80% est composé d’actions de MTY, procurant aux actionnaires une valeur immédiate et le potentiel de croissance et de synergies de la société combinée».

-M. Hennessey a tour à tour souligné la contribution de chacun des dirigeants des enseignes et de la division des mets en épicerie. Même s’il n’a pas clairement indiqué qu’il quittera l’organisation, cet effort pour démontrer la profondeur de l’équipe de direction vise sans doute à préparer le terrain à son départ.

-Michael Glen, de Macquarie Research, a félicité M. Hennessey pour la divulgation des ventes comparables et des ouvertures/rénovations pour chaque enseigne, comme s’il en espérait autant de MTY dans l’avenir.

La valeur de l'offre de MTY est passée de 4,10$ à 4,25$ puisque les actions qu'elle offre en échange ont grimpé de 5%, depuis le 12 décembre. MTY émet en effet 3,8 d'actions au prix établi de 52,26$ chacune pour acquérir Imvescor, en plus des 50M$ au comptant. L'ajout inattendu de 15% d'actions en circulation avait fait reculer le titre de MTY jusqu'à 51,95$, le 12 décembre.

À lire: L'offre de MTY déçoit, mais une surenchère est peu probable.

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