Le capital de Nvizzio, réservé aux employés!

Publié le 07/04/2016 à 06:00

Le capital de Nvizzio, réservé aux employés!

Publié le 07/04/2016 à 06:00

Yves Legris de Nvizzio

Né des cendres du studio montréalais de Funcom, Nvizzio a rapidement pris son élan. Le nombre d’employés a quintuplé en un an. Cela représente à la fois un signe de santé et un énorme défi de financement.

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Quand Yves Legris rachète le studio montréalais du développeur et éditeur de jeux vidéos norvégien Funcom, en décembre 2014, les affaires vont mal. Le jeu The Secret World n’a pas eu le succès escompté, et le studio s’en ressent, étant passé de 250 employés à 12 en deux ans.

Yves Legris autofinance le rachat et le démarrage de Nvizzio, les banques se montrant peu enclines à prêter à une entreprise sans historique. « Tout ce que j’ai réussi à décrocher, c’est une carte de crédit plafonnée à 5 000 $, contre des garanties personnelles », confie-t-il.

Solidifier le fonds de roulement

L’entreprise compte désormais 65 employés, un nombre qui passera à environ 100 au mois d’août. Et c’est ici que se pose le principal défi de financement de Nvizzio, dont 85 % des dépenses sont des salaires. Les employés sont payés aux 15 jours, mais les clients, eux, paient après 60 ou 90 jours. Dur sur le fonds de roulement. D’autant plus que Nvizzio est en période de recrutement et que l’arrivée de nouveaux employés engendre des dépenses d’équipement.

Une équation d’autant plus difficile à résoudre qu’Yves Legris ne souhaite pas ouvrir son capital à des investisseurs extérieurs. Les anges investisseurs et les fonds de capital de risque, très peu pour lui. « Cela se justifierait si je me lançais dans une opération de croissance externe ou dans des investissements majeurs, ce qui n’est pas le cas pour l’instant, explique-t-il. De plus, je suis dans le domaine depuis vingt ans, et tous nos clients sont en Europe ou aux États-Unis, alors l’aspect réseautage offert par ces investisseurs ne me serait pas d’une grande utilité. »

Plutôt qu’à l’externe, c’est à l’interne qu’il a ouvert son capital. En effet, les employés de Nvizzio détiennent en ce moment un peu plus de 15 % de l’entreprise. À terme, ils pourraient en acquérir jusqu’à 35 %. Pour Yves Legris, il s’agit d’un outil de financement, mais aussi d’un atout pour motiver les troupes, créer un sentiment d’appartenance et améliorer la rétention. En sommes, il invite les employés à investir en eux-mêmes.

Les clients ont aussi été mis à contribution. Ils ont accepté de payer Nizzio aux 15 jours, synchronisant ainsi leurs paiements avec la période de paie. Mais cela a un coût, Nvizzio offrant des escomptes en échange de ces arrangements.

Des organismes utiles

Si les banques privées n’ont pas souhaité prêter à Nvizzio, il en va autrement de la Banque de développement du Canada (BDC) et de PME MTL, anciennement connu sous le nom de Société de développement économique Ville-Marie. Les deux organismes ont chacun prêté 200 000 $ à Nvizzio en 2016. Cet argent servira surtout à financer le recrutement, l’équipement et les salaires.

De la BDC, Yves Legris apprécie la « grande compréhension des besoins d’une société en démarrage connaissant une croissance rapide ». Il juge aussi l’approche de PME MTL bien ciblée.

« Nous intervenons auprès d’entreprises en démarrage, à un moment où elles n’ont pas d’historique et font peur à tout le monde », soutient Christian Perron, directeur général à PME MTL. Nvizzio est loin d’être la seule à en avoir bénéficié. En 15 ans, le seul bureau du centre-ville a financé plus de 700 projets, parmi lesquels Ludia, une firme comptant désormais plus de 300 employés et PixMob, retenue pour faire les effets spéciaux de l’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi.

L’aide de PME MTL représente généralement de 20 à 25 % d’un montage financier et envoie un signal positif aux autres investisseurs potentiels. « Nous recherchons d’abord et avant tout des gens talentueux, dans des niches biens ciblées, et qui détiennent des ententes stratégiques ou quelques premiers clients, explique Christian Perron. Lorsque l’on retrouve tout ça, en général, on est là pour donner un coup de pouce. »

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