Pas de retraite pour Guylaine Saucier

Publié le 08/12/2012 à 00:00, mis à jour le 06/12/2012 à 13:34

Pas de retraite pour Guylaine Saucier

Publié le 08/12/2012 à 00:00, mis à jour le 06/12/2012 à 13:34

Par Marie-Claude Morin

Guylaine Saucier [Photo : Gilles Delisle]

Pour la 11e année, Korn/Ferry International et Les Affaires s'associent pour souligner l'excellence en gouvernance d'entreprise. Thème de l'édition 2013 du concours : la responsabilité sociale des entreprises. Le gala du 13 février prochain, animé par le chroniqueur René Vézina, rendra hommage à Guylaine Saucier, Administrateur émérite de l'année. On honorera aussi les conseils d'administration qui se sont démarqués par leur saine gouvernance en matière de responsabilité sociale, dans les catégories Très grandes entreprises, Grandes entreprises, Sociétés d'États et Organisme caritatif.

Il a fallu naviguer serré pour rencontrer Guylaine Saucier. À peine débarquée d'Europe, où elle participait à une réunion du conseil d'Areva, la dame repartait le soir même à Madrid, où elle allait discuter avec d'autres présidents de comités de vérification de la réforme des règles comptables. Pourtant, l'administratrice émérite de la 11e édition du concours Korn/Ferry Les Affaires rayonne. «Mon horaire est chargé parce que je le veux chargé», dit-elle en riant.

Âgée de 66 ans, Guylaine Saucier a même élaboré toute une stratégie pour éviter la retraite, qui ne la tente «absolument pas». Elle qui siège aux conseils d'administration de la Banque de Montréal, Areva, Danone et Wendel sait bien que les portes des grands conseils se refermeront doucement, puisque plusieurs imposent un âge limite. Pour composer avec son «âge vénérable», elle a décidé de se tourner vers de plus petites entreprises, où les besoins en administrateurs expérimentés sont grands et les contraintes d'âge, plus rares. Sa récente nomination à la pétrolière québécoise Junex s'inscrit dans cette veine.

«Tant que mes présidents de conseil ne me diront pas que je commence à être moins agile intellectuellement, j'aimerais continuer de travailler», explique celle qui s'entraîne tous les matins et passe plusieurs heures par jour à lire ses journaux, magazines spécialisés et revues de presse. Toute cette lecture ne serait pas aussi stimulante si elle n'était pas administratrice, juge-t-elle. Pas le choix, par exemple, de s'intéresser à un coup d'État s'il se produit dans un pays où est présent Areva, le groupe français spécialisé dans le nucléaire. «Siéger à des conseils est un stimulant intellectuel qui m'apporte énormément et que je voudrais conserver.»

Elle espère également continuer de partager son expérience et «être capable de contribuer à bâtir des entreprises, à ma petite façon.»

Comptable agréée formée à HEC Montréal, Mme Saucier a passé les premières années de sa carrière dans l'entreprise familiale, le groupe Gérard Saucier, dont elle a été pdg pendant 14 ans. Spécialisée dans les produits forestiers, la société a été achetée par Donohue en 1988. La femme d'affaires native de Noranda est alors devenue administratrice de sociétés, siégeant entre autres aux conseils de Radio-Canada, Nortel, Petro-Canada, Tembec et la Banque du Canada, en plus de ceux de l'Institut canadien des comptables agréés et de l'International Federation of Accountants.

Dossiers chauds

Au fil des ans, elle a aussi contribué à des dossiers chauds : elle a été membre de la Commission d'enquête sur le régime de l'assurance- chômage en 1986 et du Comité consultatif au ministre Lloyd Axworthy sur la réforme des programmes sociaux en 1994, avant de présider le Comité mixte sur la gouvernance d'entreprise au début des années 2000. Ce dernier produisit le fameux Rapport Saucier, qui prônait une divulgation accrue de l'information, une bonification du rôle de président du conseil et une plus grande implication du conseil dans l'élaboration de la stratégie, la surveillance de la gestion des risques et l'évaluation et la rémunération du pdg.

Nortel, une expérience marquante

De 1997 à 2005, Guylaine Saucier a été administratrice de Nortel Networks. Lorsqu'elle évoque cette période, elle réfléchit, pèse ses mots. «Ce fut une expérience très difficile, mais c'est aussi celle où j'ai appris le plus.»

Avec le recul, elle mesure toute l'importance de la relation de confiance entre le conseil et la direction, de qui dépendent la qualité et la pertinence de l'information. «À tort ou à raison, ce lien de confiance a été brisé. Ressentir ça a été particulièrement pénible», dit-elle, mesurant ces paroles, puisqu'on attend encore le jugement de la Cour dans certaines affaires.

Cette expérience n'a toutefois pas eu que du mauvais pour elle. «J'ai vu à quel point c'était extraordinaire quand un conseil travaillait en équipe, de façon collégiale.» Elle y a aussi mesuré l'importance d'avoir un président indépendant, comme c'était le cas chez Nortel. À tel point, que ce dernier élément est maintenant un de ses critères incontournables.

Analyse des valeurs

Lorsqu'elle est sollicitée pour un nouveau conseil, Mme Saucier dit accorder aussi beaucoup de poids aux valeurs de l'entreprise et de ses administrateurs. Elle fouille le Web pour analyser leurs réactions à des dossiers environnementaux, de fraude ou de responsabilité sociale, puis pose de nombreuses questions en entrevue. «J'ai déjà refusé des conseils, parce qu'il était clair que le président ne s'attendait pas à ce que le conseil apporte sa contribution.»

Sur ce point, elle relève une nette différence entre le Canada et la France, où elle est administratrice de grandes sociétés depuis près de 10 ans. «En France, ce n'est pas encore dans les moeurs de passer une journée ou plus à discuter de stratégie, comme on le fait au Canada», dit-elle, ajoutant avoir percé en France grâce à son expérience auprès de comités de vérification.

Les choses changent, toutefois, et la pression des grands investisseurs accélérera le mouvement. En matière de gouvernance, le Canada peut même servir de modèle, juge Mme Saucier. «C'est probablement un des pays dotés d'une gouvernance d'affaires [et non seulement de conformité] bien structurée et qui fonctionne bien.»

Le jury du concours

DENIS DESAUTELS

Président du jury, administrateur de sociétés

YVAN ALLAIRE

Président du conseil

Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques

CHRISTIANE BERGEVIN

Vice-présidente exécutive, partenariats stratégiques,

Mouvement Desjardins

ISABELLE COURVILLE

Présidente, Hydro-Québec Distribution

CLAUDE LAMOUREUX

Administrateur de sociétés

JOHN LEBOUTILLIER

Président du conseil

Industrielle Alliance, Assurance et services financiers inc.

MICHEL MAGNAN

Doyen associé aux affaires extérieures

Titulaire de la chaire de comptabilité Lawrence Bloomberg, École de gestion John-Molson, Université Concordia

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