Le pétrole, une question surtout électorale


Édition du 07 Septembre 2019

Le pétrole, une question surtout électorale


Édition du 07 Septembre 2019

Par Alain McKenna

Depuis des mois, l’Alberta se plaint de ne pouvoir exporter de plus grandes quantités de son pétrole, ce qui influence son cours à la baisse. (Photo: 123RF)

ÉNERGIE. Les ressources naturelles ont toujours été au coeur de l'économie canadienne, mais rarement auront-elles autant été au centre de l'actualité politique. Alors que les élections fédérales du 21 octobre pourraient être déterminantes pour l'avenir énergétique du Canada, un expert du secteur pétrolier doute que le scrutin change quoi que ce soit à la façon dont cet hydrocarbure est produit et consommé au pays.

«Il faut garder en tête que l'industrie du pétrole est hautement mondialisée et que le Canada n'y joue pas un très grand rôle», souligne Roger McKnight, analyste pétrolier pour la firme ontarienne de consultation En-Pro International. «Même la question de la taxe carbone, qui suscite des débats dans plusieurs régions du pays, est plus une question électorale qu'économique.»

Autrement dit, les enjeux environnementaux associés de près au secteur énergétique ainsi qu'à la production, puis à la consommation d'hydrocarbures, pourraient influer davantage sur le bulletin que les électeurs déposeront dans l'urne que ce que les entreprises et les consommateurs mettront dans leurs réservoirs par la suite.

«La question des pipelines - tant à l'ouest qu'à l'est de l'Alberta - et l'aide à l'électrification du transport figurent dans l'actualité depuis plusieurs années», et n'ont qu'un très mince impact sur la croissance du secteur énergétique canadien, insiste M. McKnight. «Et si jamais les gens se mettent à acheter massivement des véhicules électriques, les gouvernements devront revoir leur modèle de taxation pour combler la perte des revenus tirés de la consommation de carburant, ce qui risque de refroidir leur adoption.»

Depuis des mois, l'Alberta se plaint de ne pouvoir exporter de plus grandes quantités du pétrole extrait sur son territoire, ce qui influence son cours à la baisse. Accéder directement à d'autres marchés que les États-Unis est perçu par le gouvernement de la province, ainsi que par les principaux acteurs de l'industrie locale, comme la solution pour corriger la situation. Ce qui ne change rien au fait que l'évolution des prix du carburant payés par le reste du pays a très peu à voir avec cette situation.

«L'Est du Canada est dépendant des cours fixés à Wall Street, tandis que l'Ouest dépend des cours du brut à l'international. Et les prix à la pompe sont tributaires des États-Unis partout au pays. Par exemple, à Montréal et à Toronto, ça dépend des prix dans l'État de New York», conclut l'analyste ontarien.

«Un manque de leadership»

L'opposition de la Colombie-Britannique et du Québec à la construction de nouveaux pipelines pour exporter de plus grandes quantités du pétrole extrait des Prairies est un autre exemple dénotant «le manque total de leadership du Canada et l'égocentrisme évident de ces provinces» face aux enjeux économiques du reste du pays, a ajouté l'entrepreneur canadien, qui menace de déménager son entreprise aux États-Unis.

La sortie de Kevin Neveu fait écho à un sentiment régulièrement exprimé par des politiciens et des gens d'affaires proches du secteur énergétique des provinces vivant de la production pétrolière. Ils s'insurgent également contre la taxe carbone imposée par Ottawa pour tenter d'endiguer les émissions polluantes partout au pays.

Pourtant, d'un océan à l'autre, la lutte aux émissions polluantes a la faveur de la majorité de la population. Un sondage effectué en mars par la firme indépendante Abacus Data mentionne que 80 % des 1 495 Canadiens interrogés étaient alors en faveur d'une taxe sur les émissions de carbone, estimant que c'était l'une des solutions les plus efficaces pour réduire l'empreinte carbone nationale.

Bref, tout indique que l'automne sera chaud au Canada cette année.

À la une

Bourse: Wall Street clôture en ordre dispersé

Mis à jour le 18/04/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a clôturé en légère hausse.

Bourse: les gagnants et les perdants du 18 avril

Mis à jour le 18/04/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.

À surveiller: Banque TD, Marché Goodfood et Lion Électrique

18/04/2024 | Denis Lalonde

Que faire avec les titres de Banque TD, Marché Goodfood et Lion Électrique? Voici quelques recommandations d’analystes.