Aller au-delà de l'intelligence artificielle et du jeu vidéo

Publié le 21/02/2018 à 06:00

Aller au-delà de l'intelligence artificielle et du jeu vidéo

Publié le 21/02/2018 à 06:00

Par Alain McKenna

Les professionnels des TI travaillent de plus en plus à leur compte. « Cette lutte pour attirer le talent permet aux employés d’obtenir plus de la part de leur futur employeur », explique Marc- Étienne Julien, PDG de Randstad Canada.

On en parle depuis dix ans : en 2018, il y aura une crise de la main-d'oeuvre dans le secteur technologique québécois. Ces derniers mois, la mutation du secteur du jeu vidéo montréalais et l'émergence de l'intelligence artificielle n'ont pas fait grand-chose pour prévenir le phénomène. Selon les plus récentes données sur le sujet, les entreprises technologiques québécoises auront besoin de 6 000 professionnels cette année. Pendant ce temps, les écoles de la province ne produiront qu'entre 4 000 et 5 000 nouveaux travailleurs.

Ceux qui pensent en profiter pour se trouver un métier d'avenir en IA ou en jeu vidéo devront toutefois y réfléchir à deux fois, avertit Josée Lanoue, directrice générale de TechnoCompétences, un organisme sectoriel qui craint depuis longtemps cette pénurie anticipée de main-d'oeuvre. « Le domaine du jeu vidéo représente environ 10 000 des 200 000 professionnels en technologie au Québec. Ils font une excellente promotion de leur potentiel pour une future carrière, mais c'est tout le secteur des TI qui est à développer. Quant à l'IA, cette année, ce ne sera même pas un véritable débouché pour les nouveaux travailleurs, puisque ce ne sont pas des finissants dont ce secteur a besoin, ce sont des chercheurs de pointe lourdement diplômés. »

Des plans de carrière éclatés

TechnoCompétences a fait en janvier le point sur l'état de l'emploi dans les TI, et s'il y a une tendance lourde à souligner, c'est que les entreprises spécialisées dans ce domaine subissent une concurrence inédite d'autres secteurs autrefois plus cloisonnés. L'éclosion des technologies financières, la robotisation grandissante du secteur manufacturier, les biotechnologies : tous ces nouveaux débouchés attirent désormais plus de spécialistes (51 %) que les entreprises propres au secteur technologique.

« C'est un défi de taille pour de nombreuses PME en TI, puisqu'elles doivent rivaliser avec de grosses entreprises qui offrent de meilleurs salaires. L'écart entre deux postes similaires peut parfois atteindre 10 000 $ par année, ce qui est plus difficile à payer pour une entreprise de moins de 50 employés que pour une institution bancaire », explique Vincent Corbeil, analyste du marché du travail pour l'organisme québécois.

Connexion, le salon de la transformation numérique

Naturellement, certaines des plus petites entreprises du secteur technologique ont pour leur part les moyens de bien payer leurs employés : il s'agit de ces start-up qui bossent sur des services souvent nichés, mais promis à un bel avenir, ce qui convainc souvent des investisseurs privés à les financer adéquatement. Ce modèle d'affaires incite bien des professionnels des TI à travailler à leur compte, une formule qui se répand d'ailleurs dans l'ensemble de l'industrie. Le service-conseil, qui a pour fonction de faciliter la prise de décision, est plus souvent confié à des consultants externes, engagés à titre de travailleurs autonomes.

Le travailleur « agile »

Empruntant une expression populaire en gestion d'entreprise, Randstad, le géant des ressources humaines, croit que les prochaines années seront fastes pour les « professionnels agiles », ces travailleurs capables de sauter d'un contrat à un autre. Considérant la montée de l'économie des petits boulots (gig economy), la multinationale néerlandaise estime qu'entre 20 % et 30 % des travailleurs canadiens cumulent déjà des boulots « non traditionnels », et que les entreprises migreront graduellement vers ce modèle elles aussi.

Dans un sondage effectué l'an dernier, Randstad a découvert que 85 % des employeurs canadiens voyaient d'un bon oeil le fait de miser sur une « main-d'oeuvre agile », puisque ça leur permet à leur tour d'être plus souples et de s'adapter aux changements, souvent de nature technologique, dans leur industrie. « Cette lutte pour attirer le talent permet aux employés d'obtenir plus de la part de leur futur employeur », explique Marc-Étienne Julien, PDG de Randstad Canada : plus d'argent, certains avantages « hors rémunération », un meilleur équilibre travail-famille... Même si ça peut parfois se traduire par une moins grande sécurité d'emploi.

Les femmes et les (grands) enfants d'abord!

L'intérêt jusqu'ici peu manifeste des jeunes femmes pour les études en sciences, en technologie, en génie ou en informatique est un autre boulet à la cheville du marché de l'embauche en TI au pays. D'une année à l'autre, les institutions scolaires redoublent d'efforts pour convaincre leurs futurs élèves que le spécialiste en technologie n'est pas nécessairement « un geek à lunettes ».

Il y a deux ans, seulement 20 % des diplômés canadiens dans ces secteurs généralement liés aux technologies étaient des femmes.

Cette statistique est revue à la hausse chaque année (le taux de diplomation des femmes en science et technologie a crû de 41 % depuis 2012, indique TechnoCompétences), mais la proportion demeure encore insuffisante.

La situation mène certaines institutions à être plus créatives afin de résoudre le problème. L'automne dernier, la Faculté de génie Lassonde de l'Université York, à Toronto, a ainsi lancé un défi aux écoles de génie du pays qu'elle souhaite bien relever elle-même : devenir la première à décerner la moitié de ses diplômes à des femmes. « Notre objectif n'est pas seulement de stimuler la diversité, mais d'utiliser cette diversité pour innover et aller au-delà de la simple conformité en prêchant par l'exemple », explique Marisa Sterling, doyenne adjointe de la Faculté.

Mme Sterling constate qu'il est difficile pour les jeunes étudiantes de rêver à une carrière dans un secteur qui ne leur paraît pas accueillant au premier abord. En faisant plus de place aux femmes, l'Université York espère les convaincre du contraire et, du même coup, aider à combler la pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur technologique, un phénomène qui est loin d'être exclusif à une seule province...

Ces six secteurs technologiques embauchent à pleine porte

En marge de l’édition 2018 de son rapport sectoriel sur l’emploi en technologie, l’organisme TECHNOCompétences a publié une étude faisant le pont entre les six créneaux où les nouveaux travailleurs sont le plus en demande, et les compétences requises pour y décrocher un boulot. Les voici.

Mobilité:

Un domaine vaste que celui de la mobilité informatique, qui s’éparpille dans des services et des applications en tout genre. Une bonne méthodologie de gestion pour programmeurs et développeurs facilite la tâche, tout comme une rigueur dans les tests de validation et d’assurance de la qualité. Savoir adapter une application pour répondre à des besoins d’affaires changeants compte pour beaucoup.

Cybersécurité:

Une bonne gouvernance et une gestion des données informatiques passent par une bonne connaissance des systèmes infonuagiques, de la virtualisation et de l’analyse de risques. Savoir communiquer efficacement est aussi important.

Données massives:

Gérer des données massives se rapproche drôlement d’un boulot en intelligence artificielle. Connaître les principes de l’analytique prédictive et de l’analyse des données vont de soi. Savoir trier une information très vaste pour trouver les données pertinentes est un incontournable.

Infonuagique:

Travailler avec des systèmes infonuagiques demande une connaissance de la fédération des données et de la virtualisation. La sécurité des données est évidemment la clé. Un bon architecte des données doit être capable d’analyser et d’identifier les besoins en information de son organisation et de les communiquer convenablement.

Internet des objets:

Un domaine émergent qui demande de bien maîtriser à la fois les besoins de l’entreprise et les attentes de l’utilisateur de l’objet en question et de son application. Bien connaître les notions d’expérience utilisateur (UX) et d’interface, maîtriser les principes d’utilisabilité et savoir travailler en équipe sont des atouts essentiels.

Gestion de projets agiles:

Il faut non seulement connaître le client et ses besoins, il faut aussi savoir estimer sa tolérance au processus du développement agile, qui n’est pas un modèle traditionnel pour toutes les entreprises. Bien maîtriser les phases de gestion et suivre une méthodologie claire aident à accomplir les mandats.

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