Développer de l'énergie végétale ou animale

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Septembre 2021

Développer de l'énergie végétale ou animale

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Édition du 22 Septembre 2021

John Arsenault, co-porte-parole du regroupement Vision biomasse Québec et directeur de l’accès aux marchés et de la promotion du Bureau de promotion des produits du bois du Québec. (Photo: courtoisie)

EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. Le développement de production d’énergie issue des matières organiques d’origine végétale ou animale se poursuit au Québec. Ce secteur est encore marginal, mais des entreprises s’installent dans la province pour contribuer à son essor et d’autres projets doivent bientôt voir le jour. 

Prodeval, une société française qui s’est implantée à Montréal il y a près de deux ans, se spécialise dans la purification du biogaz issu des déchets organiques, une source d’énergie renouvelable. Elle l’injecte ensuite dans le réseau d’Énergir. «C’est une énergie pure qui est un équivalent du gaz naturel, mais qu’on dit renouvelable parce qu’elle est issue des déchets organiques », précise sa directrice générale, Sophie Chainel. 

Plusieurs types de déchets peuvent être utilisés, en provenance des poubelles, des cafétérias et de l’industrie agroalimentaire, par exemple. Ou encore de l’élevage d’animaux, où le foin, l’urine et les excréments peuvent être récupérés. Mais à la place d’en faire du compost, les résidus se retrouvent dans une cuve appelée « digesteur », où ils fermentent. C’est à cette étape que Prodeval entre en scène. « Le gaz est récupéré du digesteur et les polluants sont éliminés. Une matière appelée CH4 [du méthane] est conservée après notre processus de filtrage, puis elle est injectée dans le réseau d’Énergir », explique Sophie Chainel. 

Prodeval travaille particulièrement avec le secteur agricole. Elle a également signé un contrat avec la Ville de Montréal pour purifier son gaz et fait des affaires en Alberta et aux États-Unis. Le développement de la biométhanisation est très avancé en Europe, « et on sent les prémices au Canada, précise sa directrice générale. Aux États-Unis, c’est en train d’exploser, donc on voulait s’établir en Amérique du Nord, où il y a vraiment du potentiel ».

 

Un secteur qui se développe lentement

Le développement de la biomasse au Québec est effectivement « lent » et le secteur du biogaz est « embryonnaire », admet John Arsenault, co-porte-parole du regroupement Vision biomasse Québec et directeur de l’accès aux marchés et de la promotion du Bureau de promotion des produits du bois du Québec. 

« Cette année, il y aura plus d’installations qu’il y a deux ans, précise-t-il. Le gouvernement québécois avait annoncé des subventions, mais il a mis du temps à les financer. Les projets étaient en attente, donc maintenant, ça déboule. » Ottawa a aussi bonifié son aide au secteur, ajoute-t-il. Les projets financés concernent la conversion de système de chauffage vers la biomasse forestière dans les bâtiments institutionnels et commerciaux, ce qui inclut des serres, des églises, des écoles et des hôpitaux.

En plus des déchets organiques, les résidus forestiers, les résidus de transformation, comme la sciure, et les résidus de construction, comme le bois, peuvent être utilisés pour la production d’énergie destinée au chauffage ou aux procédés industriels. Vision biomasse Québec a d’ailleurs comme objectif de promouvoir le développement de cette biomasse forestière. « Dans le secteur résidentiel, ça ne coûte pas plus cher aujourd’hui de chauffer à la biomasse forestière qu’à l’électricité ou au mazout, soutient John Arsenault. Les gouvernements devraient investir pour des systèmes de chauffage performants qui utilisent une autre forme d’énergie, incluant celle-là. »

Signe que le marché de la biomasse peut être difficile, La Granaudière, une entreprise forestière de Lanaudière, a suspendu ses activités cet été, moins d’un an après son inauguration. Le gouvernement du Québec avait investi 27 millions dans ce projet de production de granules de bois destinées à être exportées en Europe afin de remplacer le charbon dans les centrales thermiques. La baisse des prix des granules de bois, aggravée par la pandémie de COVID-19, a mis la PME dans une situation financière difficile. « Actuellement, il n’y a pas d’acheteurs industriels qui s’intéressent à la biomasse au Québec, constate John Arsenault. Il manque d’incitatifs financiers et ça leur coûte moins cher de payer la taxe sur le carbone. »

Or, fait valoir Sophie Chainel, le gaz naturel renouvelable pourra être vendu comme crédit carbone au Canada. Un système fédéral de crédit compensatoire est en développement, dans le but d’encourager la réduction de gaz à effet de serre (GES). « Le bénéfice de réduction des GES pourra être acheté, souligne-t-elle. Si on transforme le méthane en solution de rechange au pétrole, on peut utiliser les crédits carbone à 100 %. » 

Le secteur du transport représente d’ailleurs une industrie particulièrement intéressante pour le biométhane. « Il existe des solutions pour les véhicules, gros comme petits, pour utiliser le méthane au lieu du pétrole », rappelle la directrice générale de Prodeval.

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