Droit des affaires: des services toujours plus diversifiés

Offert par Les Affaires


Édition du 23 Septembre 2017

Droit des affaires: des services toujours plus diversifiés

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Édition du 23 Septembre 2017

Les firmes d’avocats cherchent de plus en plus à offrir des solutions d’affaires globales aux entrepreneurs. C’est pourquoi ils comptent de plus en plus d’avocats qui sont également des conseillers en ressources humaines, par exemple.

DOSSIER DROIT DES AFFAIRES - Les cabinets comptables sont désormais des entreprises de consultation ayant des expertises très diversifiées. Ils embauchent de nombreux spécialistes qui n'ont pas de formation comptable, dont des avocats. Dans les cabinets d'avocats, la tendance à diversifier les services existe aussi. Et s'il n'y a pas encore de comptables, ce sera peut-être le cas un jour.

Délaissés par les grandes entreprises qui ont formé des services juridiques à l'interne et ne les sollicitent plus que pour des expertises pointues, boudés par les petites et moyennes entreprises ainsi que par les entrepreneurs en démarrage par crainte de factures trop salées pour leurs moyens, les cabinets d'avocats doivent se réinventer afin de reconstituer leur clientèle. Le midmarket, soit le marché des PME, qui constitue la majorité du tissu économique québécois, représente une cible de choix.

Or, dans ce marché, comptables et avocats se retrouvent souvent avec un même client au cours de transactions. Au point que, les services des uns empiètent parfois sur le terrain des autres.

Des solutions globales

Par exemple, au cours d'un transfert ou d'une fusion, la participation des ressources humaines au processus et à l'intégration des nouvelles équipes est fondamentale pour le succès de l'opération. «Le rôle de l'avocat est de piloter la transaction mais, s'il ne prend pas en compte le volet humain, c'est une erreur», affirme Félix Bernard, avocat spécialisé en fusion et acquisition au cabinet Langlois avocats. Son travail consiste notamment «dans la vérification des compétences des employés, la présence d'une relève et la sécurisation des talents afin d'éviter qu'ils partent alors qu'ils représentent une grande partie de la valeur de l'entreprise achetée», poursuit M. Bernard.

Les cabinets de services professionnels comptent désormais souvent dans leurs rangs des experts en ressources humaines, qui peuvent mettre au point des plans précis pour couvrir cet enjeu. Les cabinets d'avocats, eux, ont de plus en plus d'avocats qui sont également des conseillers en ressources humaines. Les firmes d'avocats, tout comme celles de comptables, ont compris que, «pour attirer et fidéliser les entrepreneurs, il faut leur offrir des solutions d'affaires globales, pas seulement du conseil légal, dit Karl Tabbakh, associé-directeur, région du Québec, de McCarthy Tétrault. On doit devenir leurs conseillers d'affaires stratégiques et élargir notre gamme de services.»

Un nouveau profil d'avocats

Cette évolution engendre une approche différente. «Avant, on se présentait selon notre expertise en droit. Aujourd'hui, on a une approche sectorielle. Plutôt que d'aborder le client par une spécialité (fiscalité, droit du travail, etc.), on lui montre notre capacité à comprendre son secteur d'activité et à former une équipe disciplinaire pour répondre à tous les aspects de son enjeu», indique Étienne Brassard, associé et avocat chez Lavery.

La plupart des cabinets comptables et juridiques visent le marché des PME. «Les bureaux comptables sont des rouleaux compresseurs dans le midmarket. Ils jouent la carte du multiservices, et certains s'engagent dans l'automatisation de services juridiques. Plusieurs grands cabinets d'avocats suivent leurs traces. Nous, les cabinets de taille moyenne, on doit miser sur nos forces, c'est-à-dire la proximité avec le client, une meilleure compréhension de ses enjeux et de ses réalités d'affaires, notre réseau local, nos alliances internationales permettant à nos clients d'être accompagnés dans leur croissance à l'étranger», dit André Morrissette, associé, avocat et président du conseil d'administration de BCF Avocats d'affaires.

Les cabinets spécialisés en droit des affaires ont commencé à recruter de nouveaux profils. Toutefois, le temps où ils embaucheront des psychologues industriels, des comptables ou des conseillers en ressources humaines qui n'ont pas de formation juridique n'est pas encore venu. «On a pris l'habitude d'embaucher des notaires et des agents de brevet, dit Mario Charpentier, associé directeur de BCF Avocats d'affaires, mais on ne se lancera pas dans la comptabilité. En revanche, on garde l'esprit ouvert dans certains domaines, comme la finance, où on pourrait un jour avoir une équipe à nous, à l'interne. On aura aussi besoin de technologues, car on investit beaucoup dans les technologies pour optimiser nos processus.»

Pour le moment, les firmes d'avocats préfèrent se concentrer sur le coeur de leur métier et miser sur un nouveau profil d'avocats. «Quand j'ai besoin de références techniques, je consulte des experts dans le réseau extérieur que je me suis constitué. On ne va pas embaucher de spécialistes en technologie, explique Jean-François De Rico, avocat associé chez Langlois avocats. Cependant, au cours des procédures de recrutement, je suis sensible à une formation en technologies de l'information et de la communication [TIC] ou à un intérêt pour le domaine.»

Même chose du côté de BCF Avocats d'affaires. «Les entreprises de taille moyenne n'ont pas les moyens d'avoir des équipes très développées dans tous les domaines d'expertise. On doit donc les sensibiliser à certains défis. Nos avocats doivent aider leurs clients au-delà de l'avis légal, les écouter. On travaille beaucoup sur le profil des avocats qu'on recrute. Nombre d'entre eux ont des doubles parcours en finance, en psychologie, en science, etc.», indique Geneviève Vigneault, associée et avocate chez BCF Avocats d'affaires.

Outre les compétences juridiques, «c'est la capacité du candidat à voir large, à s'intéresser au milieu d'affaires de ses clients qui nous importe, et on complète sa formation initiale avec des programmes conçus à l'interne pour lui apprendre à lire des états financiers, par exemple», dit André Dufour, associé directeur de Borden Ladner Gervais. Par ailleurs, de plus en plus d'avocats ont une expérience entrepreneuriale ou un MBA.

Innovation dans tous les aspects de la pratique

Pour devenir des partenaires d'affaires, les avocats sortent de leur carré juridique afin de comprendre l'environnement de leurs clients. «Outre la propension des avocats à faire des doubles parcours, on se positionne dans les différents organismes des milieux d'affaires afin de bien comprendre les réalités des entrepreneurs et on a mis en place un programme adapté aux start-up afin d'être connectés à ce monde-là», explique Charles Lapointe, avocat chez Langlois avocats.

De nombreux cabinets sont partenaires d'incubateurs, d'accélérateurs et d'organismes de soutien aux entreprises et ont mis sur pied des programmes pour les start-up afin de capter cette clientèle en croissance, aux besoins et aux réalités très particuliers.

La philosophie des cabinets d'avocats est donc en plein changement et concerne tous les volets de leur pratique. «Comme dans toutes les industries où la concurrence est féroce, il faut être innovant et audacieux, avance André Dufour. Pour nous démarquer, on a mis en place un centre d'innovation qui s'empare de toutes les idées visant à faire évoluer les volets de la profession. On réfléchit, par exemple, sur les modes de facturation dans le but d'assurer une meilleure prévisibilité des coûts à nos clients.»

Aujourd'hui, même si les cabinets comptables commencent à marcher dans le territoire des avocats, les deux mondes se côtoient et souvent se complètent encore. Toutefois, les firmes d'avocats en droit des affaires ne peuvent ignorer cette nouvelle concurrence qui ajoute aux défis de l'industrie.

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