Pénurie: recourir à la main-d'oeuvre marginalisée de Montréal

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Septembre 2018

Pénurie: recourir à la main-d'oeuvre marginalisée de Montréal

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Septembre 2018

Les personnes immigrantes sont moins présentes dans certaines industries. [Photo: 123RF]

Plutôt que de recourir à l’immigration, une procédure souvent longue et coûteuse, les chefs d’entreprise auraient tout avantage à ouvrir leurs portes aux membres des communautés culturelles, aux immigrants, ou aux citoyens issus de l’immigration encore trop souvent marginalisés sur le marché de l’emploi.

C’est l’avis en outre de Michel Leblanc, PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), l’une des premières organisations patronales à tenter, il y a dix ans, de créer des ponts entre les immigrants et les employeurs. Cette année, 3000 candidats participeront à Interconnexion, son programme de maillage et d’intégration professionnelle des immigrants.

« À l’époque, nous voulions tenter d’aider tous ces travailleurs qualifiés qui, pour toutes sortes de raisons (discrimination, non-reconnaissance de diplôme, ou autres) ne parvenaient pas à trouver d’emploi à la hauteur de leurs compétences. Aujourd’hui, je vous dirais que l’on répond autant aux besoins des immigrants qu’à ceux des entreprises, qui peinent souvent autrement à trouver le candidat recherché. »

Reconnaissance des diplômes

Malgré une hausse importante du taux d’emploi chez les immigrants ces dernières années, leur taux de chômage demeure plus élevé que celui du reste de la population. En 2017, selon le dernier bilan de la Communauté métropolitaine de Montréal, fondé sur des données de Statistique Canada, le taux de chômage des immigrants arrivés depuis cinq ans s’élevait à 14,1 %. Et à 7,7 % chez les immigrants de plus de 10 ans, comparativement à 5,7 % pour le reste de la population montréalaise.

Le dossier chaud de la reconnaissance des diplômes étrangers, qui se bute depuis des années à l’intransigeance des ordres professionnels, y est pour quelque chose. Mais il ne concerne qu’environ 15 % des demandeurs d’emploi parmi les immigrants et ne saurait donc être le seul responsable de ce décalage.

Les personnes immigrantes sont moins présentes dans certaines industries, comme la construction, le commerce, l’enseignement, les services de l’information, la culture et les loisirs, ainsi que dans les administrations publiques, précise l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Force de travail inexploitées

En contact quotidien avec les citoyens issus de communautés culturelles, Marie-Soleil Bond travaille chez Promis, dans le quartier Côte-des-Neiges, à encourager les entreprises à s’intéresser à la force de travail inexploitée de ces populations. Et, à ces immigrants récents, ou de longue date, d’envisager leur établissement à l’extérieur de la grande région de Montréal, où les possibilités d’emplois sont meilleures.

Promis fait partie des trois organismes (avec Collectif et Alpha) reconnus pour leur travail auprès des populations immigrantes qui, aidés par les ministères de l’Emploi et de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, ont été mandatés pour tenter de tisser des liens entre les deux solitudes que sont les employeurs des régions et les populations immigrantes des grandes villes. « La réalité est que 80 % des travailleurs immigrants se retrouvent à Montréal et que 80 % des emplois se trouvent en région, explique Mme Bond, chef d’équipe de l’établissement en région chez Promis. Il faut les aider à se rencontrer. »

Leur plateforme fait état de centaines d’emplois disponibles dans différentes régions de la province. Des postes par exemple de bouchers industriels et de cuisiniers chez Viandes DuBreton à Rivière-du-Loup, de manoeuvres pour un fabricant de portes et fenêtres de Lac-Mégantic, de journaliers dans une forestière de Mont-Laurier, ou de mécaniciens d’entretiens, de techniciens électriques et d’employés de production chez Produits forestiers Mauricie, à La Tuque.

«Ils ont fait des miracles»

Dans certaines régions, comme à La Tuque, les candidats retenus pour une entrevue voient leurs frais de transport au moins partiellement remboursés par l’organisme, Choisir La Tuque, et le logement offert gratuitement dans les premières semaines de leur embauche afin d’aider à leur établissement. D’autres entreprises, comme Olymel et Résolu, avec des installations dans toute la province, n’hésitent pas à se déplacer à Montréal pour présenter leur entreprise et découvrir le bassin de main-d’œuvre immigrante disponible.

Le Groupe Lacasse, un manufacturier de meubles de St-Pie, n’a pour sa part que de bons mots pour les services que Forum 20-20 (Saint-Hyacinthe) et le Collectif (Montréal) lui ont fournis. « Ils ont fait des miracles pour nous cette année. » Depuis janvier, l’entreprise a embauché 25 travailleurs immigrants de Montréal. 

L’expérience de visite à Montréal a aussi été tentée à trois reprises par Manac, ces derniers mois. Par contre, Louise Couture, responsable des ressources humaines, demeure mitigée. « Dans notre cas, le taux de réussite est plutôt faible. Surtout parmi ceux qui ont eu le temps de se faire une vie à Montréal. C’est normal; ces travailleurs ont souvent déjà vécu beaucoup de déracinement. »

Néanmoins, estime-t-elle, il faut le faire. Il faut tirer dans toutes les directions. « Aucune entreprise en région n’a les moyens de passer à côté d’une personne, où qu’elle soit, qui souhaite travailler. »

 

Lisez notre série de textes sur l'immigration, comme solution à l'actuelle pénurie de main-d'oeuvre:

Immigration comme solution aux quatre coins du Québec

Immigration: des entreprises tentent la voie du regroupement

Immigration: des réticences bien ancrées

Pénurie: recourir à la main-d'oeuvre marginalisée de Montréal

 

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