Industrie du luxe: capitaliser sur le savoir-faire local

Publié le 27/12/2022 à 07:30

Industrie du luxe: capitaliser sur le savoir-faire local

Publié le 27/12/2022 à 07:30

Par Léa Villalba

Fabriquer de telles montres permet à Alexandre Beauregard de séduire une clientèle avec de hauts moyens financiers. Ses montres se chiffrent entre 30 000 et 250 000 $. (Photo: Courtoisie)

À l’heure où les considérations environnementales des consommateurs influencent leur choix de faire, ou non, confiance à une marque, capitaliser sur le savoir-faire local est une avenue prometteuse pour l’industrie du luxe, qui permet non seulement de se distinguer dans le marché, mais aussi d’agir pour la planète.

C’est le choix qu’ont fait la créatrice Janie St-Onge, le joaillier Alexandre Beauregard… et trois entrepreneurs québécois bien décidés à limiter l’empreinte environnementale de l’extraction de diamants.

«Je développe tout ici, à Montréal», raconte le joaillier Alexandre Beauregard, qui a fondé sa marque éponyme en 2010. Dans son atelier, il développe chaque design et assemble chaque cadran avec l’aide de deux proches collaborateurs. «Je crée les volumes 3D avant de faire des prototypes en métal que nous polissons pour voir le rendu de chaque pièce», détaille-t-il. Ainsi, le créateur peut faire des prototypes «au plus près du produit fini désiré».

C’est sa technique de fabrication qui lui permet de se démarquer dans le marché du luxe. «Ça m’a pris six ans et des années de dessins pour bâtir mon produit comme je le voulais, dit-il. Il n’y a aucun équivalent de mes montres dans le monde, notre esthétique est unique, mais aussi notre façon de faire».

Fabriquer de telles montres permet à Alexandre Beauregard de séduire une clientèle avec de hauts moyens financiers. Ses montres se chiffrent entre 30 000 et 250 000$. Il les vend en totalité à l’étranger, principalement aux Émirats arabes unis, en Suisse et au Qatar. C’est aussi grâce à ce haut standard qu’il se fait inviter dans les grands salons internationaux où il effectue environ 90% de ses ventes.

 

Une question de choix

Du côté de la Joaillerie St-Onge, située à Montréal et spécialisée dans les bagues de fiançailles et les pièces personnalisées, Janie St-Onge et son frère Frédéric s’occupent de tout depuis plus de 15 ans. «Du dessin au polissage final en passant par le coulage et l’assemblage, c’est 100% nous», raconte Janie St-Onge dont l’atelier est situé au centre-ville de Montréal.

En plus de travailler seulement l’or blanc 18 carats et d’utiliser un alliage de palladium hypoallergénique, la joaillière déploie une technique particulière. «La plupart des autres joailliers utilisent des machines à coulage sous pression, ce qui permet de fabriquer en plus grande quantité, mais en perdant en qualité. Nous, on fait notre coulage par centrifugation.»

Les bijoux fabriqués sont ainsi plus lourds et plus solides. «Les atomes sont plus serrés l’un avec l’autre. Ça évite toute porosité, toutes bulles d’air, élabore la créatrice. Nos bijoux durent dans le temps et sont garantis à vie». En moyenne, la bijouterie propose des pièces entre 3000 à 6000$. «On a déjà vendu une bague à plus de 100 000$!», raconte Janie St-Onge qui compte parmi sa clientèle une majorité de jeunes professionnels.

Le fait de créer toutes les pièces localement est un avantage pour la joaillerie. «On me demande chaque semaine si tout est conçu ici. Souvent c’est même le seul critère que les clients recherchent: que ce soit “local” et qu’ils encouragent une entreprise familiale», déclare-t-elle. Un constat d’autant plus vrai depuis la pandémie selon l’entrepreneure.

 

Agir pour la planète

Groupe RSL, pour sa part, a voulu s’attaquer à l’empreinte environnementale de l’extraction de diamants. Luke Sinclair, Vincent Rivard et Samuel Labelle ont ainsi fabriqué le premier diamant de laboratoire au Canada.

C’est en cherchant une bague de fiançailles pour sa blonde que Luke Sinclair a réalisé que la grande majorité des diamants dans les bijouteries du Québec proviennent de l’étranger, soit de mines, soit de laboratoires situés aux États-Unis, en Russie ou en Chine.

Après avoir investi une importante somme d’argent dans des réacteurs CVD (chemical vapor deposition), les trois entrepreneurs se sont lancés à la recherche de la «meilleure recette» pour produire des diamants de laboratoire «identiques sur les plans chimique, physique et optique» à un diamant minier.

Pour le trio, c’est l’occasion d’agir pour la planète. «L’empreinte environnementale créée est nettement moins grande que l’extraction de diamants, déclare Vincent Rivard, PDG du Groupe. De plus, ça réduit aussi l’impact humain associé aux exploitations minières. En effet, le commerce des diamants engendre de graves violations des droits humains encore aujourd’hui».

La prochaine étape est de trouver des joailliers de luxe, ici et à l’international, pour acheter leurs diamants. «On offre une alternative avec des diamants moins chers que des diamants miniers et faits localement», dit Samuel Labelle.

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