Un exemple lumineux provient du monde échiquéen… En 1972, l’Américain Bobby Fischer affrontait le Russe Boris Spassky pour le titre mondial du jeu d’échecs. Avant même que la compétition n’ait lieu, il y allait de déclarations fracassantes, histoire de déstabiliser mentalement son adversaire : «Il disait à qui voulait l’entendre qu’il allait pulvériser Spassky», dit Liz Garbus, qui a signé le récent documentaire Bobby Fischer Against the World. Par exemple, au lieu de travailler sans relâche son jeu, il s’est lancé dans un entraînement physique intense et s’est astreint à un régime alimentaire drastique, pour être en pleine forme au moment de la rencontre, mais surtout, selon ses propres dires, pour «écrabouiller la main du Russe quand il lui donnerait la traditionnelle poignée de mains d’avant-partie».
La compétition se déroulait sur plusieurs parties. Chacun était à 2 points et demi, quand Fischer a fait basculer le match en jouant avec les Blancs, pour la première fois de sa vie en compétition, 1. c4. Au lieu d’ouvrir avec le pion du Roi, comme il le faisait toujours, il ouvrait avec celui du fou des cases noires. Spassky n’avait absolument pas préparé une telle éventualité et s’est mis à perdre des parties, et par suite le match. Le jeune prodige américain avait surclassé son adversaire grâce à un infime détail, à savoir un mental plus solide, et par conséquent à une petite dose de cortisol sécrétée au moment clé…
Le boxeur américain Sugar Ray Robinson disait fort justement : «Pour être champion, vous devez croire en vous-même quand personne d’autre ne le fait»…