Gouvernance des TI : Après l'intra, l'inter...

Publié le 01/07/2011 à 11:28, mis à jour le 10/09/2012 à 14:01

Gouvernance des TI : Après l'intra, l'inter...

Publié le 01/07/2011 à 11:28, mis à jour le 10/09/2012 à 14:01

Par lesaffaires.com

En 2001, la chercheure Anne-Marie Croteau participe à un projet de recherche sur le gouvernement en ligne initié par le CEFRIO. L’étude révèle notamment qu’à l’interne les organismes et ministères exerçaient une bonne gouvernance de leurs technologies de l’information (TI). C’était cependant une toute autre histoire lorsqu’ils devaient effectuer des échanges électroniques avec d’autres organisations. Préoccupée par ces questions, la professeure de l’Université Concordia a conduit de nouvelles recherches afin de pousser plus loin ses réflexions.

par Liette D’Amours

L. D’Amours : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

A. M. Croteau : En collaboration avec mes étudiants des niveaux maîtrise et doctorat, je mène de front plusieurs recherches ayant pour thème la gouvernance des TI. L’une d’entre elles, effectuée par Jason Dubsky, porte plus spécifiquement sur les différents mécanismes que les organisations devraient mettre en place pour exercer une meilleure gouvernance interorganisationnelle des technologies. En d’autres mots, nous cherchons à savoir quels sont les modes de gouvernance les plus performants pour les organisations qui font des échanges commerciaux par voie électronique avec des partenaires d’affaires.

L. D’Amours : Afin que de mieux comprendre votre démarche, pouvez-vous, dans un premier temps, nous expliquer ce que vous entendez par « gouvernance des TI » ?

A. M. Croteau : Effectuer une gouvernance des TI, c’est se donner des principes directeurs sur ce qui devra être fait et implanter en matière de technologies de l’information au sein d’une entreprise. On ne parle pas ici de gestion quotidienne des TI mais de lignes directrices. L’exercice consiste à préciser les grandes orientations qu’une entreprise prendra sur le plan technologique; les personnes responsables qu’elle nommera pour prendre ces décisions, etc. Par extension, la gouvernance des TI ressemble beaucoup au type de gouvernance effectuée par un conseil d’administration. Le C.A. doit valider, questionner, approuver le plan directeur d’une entreprise mais ce n’est pas lui qui gère au quotidien les opérations ou la crise. Il est là pour s’assurer que le risque est bien géré; que la stratégie d’affaire est bien enlignée; etc. Dans le domaine des TI, la gouvernance exige le même encadrement.

L. D’Amours : Et où en sont rendus les entreprises québécoises en matière de gouvernance des TI ?

A. M. Croteau : Depuis 2004, je donne un cours sur la gestion stratégique des TI à des décideurs provenant de grandes organisations québécoises. Lorsque j’ai commencé à donner ce cours au CIREM (Centre International de Recherches et d'Études en Management), le concept de gouvernance des TI était très abstrait pour la plupart des participants. Très peu d’organisations québécoises n’avaient alors adopté ces nouvelles façons de faire. Aujourd’hui, la notion de gouvernance des TI est non seulement mieux comprise mais plusieurs organisations ont implanté de tels mécanismes ou sont en voie de le faire à l’interne.

L. D’Amours : Si les organisations québécoises n’en sont qu’à leurs premiers pas en ce qui a trait à la gouvernance de leurs TI à l’interne, qu’en est-il alors de la gouvernance interorganisationnelle, l’objet même de votre recherche ?

A. M. Croteau : La nouveauté du phénomène fait que nous nous sommes butés à une première difficulté : trouver des entreprises qui effectuent de la gouvernance des TI entre partenaires d’affaire. Encore peu d’organisations ont atteint ce niveau de maturité en gestion, ce qui rend le concept plus difficile à mesurer. Pour leurs échanges commerciaux, la plupart des organisations assurent une certaine compatibilité technologique avec leurs partenaires, mais elles n’ont pas poussé la réflexion jusqu’à déterminer quels sont les principes directeurs qu’elles devraient adopter; qui devrait siéger sur ces comités; etc.

L. D’Amours : De quelle façon, avez-vous contourné le problème ?

A. M. Croteau : Nous avons opté pour des organisations œuvrant dans des milieux très légiférés comme les secteurs bancaires, des transports et de la loterie. Et c’est probablement parce que ces milieux sont très règlementés qu’ils sont plus avancés en matière de gouvernance interorganisationnelle des TI. Ainsi, lorsque ces organisations amorcent des échanges commerciaux, elles parlent d’une certaine façon le même langage. Quand elles abordent des notions de gouvernance, elles ont aussi une compréhension commune du phénomène car leurs façons de faire sont imposées par le milieu.

L. D’Amours : En quoi consiste exactement votre recherche, qu’espérez-vous trouver ?

A. M. Croteau : La recherche consiste à observer ce qui se fait de mieux présentement dans les organisations en terme de gouvernance interorganisationnelle des TI afin de trouver les meilleures pratiques qui pourront éventuellement inspirer et guider d’autres entreprises.

L. D’Amours : Quels sont vos premiers constats ?

A. M. Croteau : Nos analyses nous ont amenés à observer deux formes de gouvernance des TI entre partenaires. La plus performante, que nous avons appelée « Mode en réseau », permet aux différentes parties impliquées dans les processus transactionnels de décider ensembles quelles sont les meilleures technologies à adopter, quels sont les meilleurs principes à mettre en place, etc. Un troisième parti sert alors d’interface entre toutes les entreprises qui veulent échanger et établit, en collaboration avec elles, une norme pour ce réseau d’affaire.

À l’opposé la deuxième forme, appelée « Mode impartition » car on la retrouve souvent dans des contextes d’impartition, requiert une moins grande implication des différentes parties puisque c’est une entité qui dicte à une autre entité comment mettre en place les technologies.

L. D’Amours : À la lumière de ces résultats, quels sont les prochains défis auxquels vous comptez vous attaquer ?

A. M. Croteau : Je compte poursuivre cette recherche afin de tester le mode le plus gagnant dans d’autres industries et qui sait peut-être même en découvrir de nouveaux ! Pour ce faire, nous allons effectuer d’autres études de cas et éventuellement, avec la maturité du marché, nous serons peut être capable d’effectuer une étude pancanadienne qui permettrait d’enrichir encore plus nos connaissances sur le sujet et d’aider ainsi les entreprises à effectuer une meilleure gouvernance de leurs TI.

Anne-Marie Croteau est professeure agrégée à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia. Elle est également membre du conseil d’administration et présidente du comité des technologies de l’information de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

La diffusion de ces résultats de recherche est rendue possible par une subvention octroyée par le Fonds de recherche sur la société et la culture (FQRSC) à Benoit Aubert (HEC Montréal), Bouchaib Bahli (Université de Rennes), François Bergeron (Télé-Université), Anne-Marie Croteau (Université Concordia) et Suzanne Rivard (HEC Montréal) dans le cadre d'un programme de recherche sur la Gestion stratégique des technologies de l'information.

À la une

Bourse: Wall Street termine en hausse

Mis à jour à 18:06 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a pris plus de 100 points mardi.

Tesla: chute de 55% du bénéfice net au 1T

16:38 | AFP

Le constructeur compte produire un véhicule électrique à bas coût «aussi vite que possible».

À surveiller: Metro, Gildan et American Express

Que faire avec les titres de Metro, Gildan et American Express? Voici des recommandations d'analystes.