PME, travaillez en amont pour réduire vos coûts


Édition du 08 Mars 2023

PME, travaillez en amont pour réduire vos coûts


Édition du 08 Mars 2023

Par Isabelle Delorme

Mina Farinacci, CPA et associée directrice du bureau de BDO à Montréal (photo: courtoisie)

COMPTABILITÉ. Lorsque les prix montent, il est encore plus crucial pour les entreprises de prendre des mesures pour prévoir leurs flux de trésorerie. Mina Farinacci, CPA et associée directrice du bureau de BDO à Montréal, cabinet qui a fusionné, en janvier dernier, avec Fuller Landau, faisant ainsi augmenter la clientèle de BDO de 20 % au Québec, nous parle de son rôle auprès de ses clients en cette période économiquement compliquée.

 

Les Affaires : Les PME sont particulièrement fragilisées par l’inflation. Quel est votre premier conseil à vos clients pour améliorer leur prévisibilité ? 

Mina Farinacci : Les entreprises l’oublient parfois, mais la planification est la clé. Il faut qu’elles prévoient trois scénarios dans leurs projections financières : un optimiste, un réaliste et un pessimiste. Cette méthode leur permet de mieux se préparer à ce qui peut arriver. Après avoir déterminé leurs risques, elles doivent agir en conséquence. 

Je leur rappelle aussi une chose très importante : les occasions existent toujours, même dans les périodes difficiles. Pendant la COVID-19, nos clients qui ont eu le plus de succès sont ceux qui les ont cherchées et se sont montrés plus flexibles pour s’adapter. En 2023, cette capacité est tout aussi essentielle et nous aidons nos clients à explorer ce qui peut s’offrir à eux.

 

L.A : Comment les aidez-vous à sécuriser les financements de leurs investissements ? 

M.F. : Là encore, nous étudions ensemble leurs risques. Si notre client a un financement bancaire, nous travaillons avec lui pour négocier le meilleur taux, voire le fixer, ce qui permettra de mieux gérer son effet. Nous envisageons aussi les répercussions d’éventuelles baisses de vente, de manière à préparer des solutions, comme une renégociation des prix avec les fournisseurs. Je conseille d’ailleurs à mes clients d’impliquer leurs employés dans cette réflexion, car leur expérience de terrain au jour le jour permet parfois d’anticiper des risques ou de voir des solutions auxquelles les dirigeants n’auraient pas forcément pensé eux-mêmes. Les responsables des ventes peuvent, par exemple, anticiper un risque de baisse du chiffre d’affaires en décelant plus d’hésitation à l’achat chez les clients.

J’insiste sur le fait que la planification est essentielle pour l’entreprise. Si elle attend que les problèmes arrivent pour réagir, il est trop tard. Notre travail en amont avec nos clients sur les réductions de coûts est très important, car en plus du temps de réflexion nécessaire, les changements mis en place mettent généralement trois mois à avoir un effet sur les états financiers de l’entreprise.

 

L.A : Qu’en est-il de la main-d’œuvre : préconisez-vous aussi des mesures aux entreprises pour faire face aux hausses de prix ?

M.F. : Certaines entreprises, comme Google, ont commencé à se séparer d’une partie de leur personnel en cette période d’inflation. On peut trouver de meilleures solutions qui seront gagnantes pour l’entreprise et les employés, telle une réduction du temps de travail à 80 % par exemple. Certes, les employés sont touchés aussi par l’inflation et leur salaire diminue d’autant, mais cette mesure leur permet de conserver leur travail tout en réduisant les coûts de l’entreprise. Nous regardons aussi attentivement les processus de nos clients pour voir s’ils peuvent les automatiser ou les numériser davantage. 

Par ailleurs, je conseille avant tout à mes clients de motiver les plus jeunes, car ils bougent beaucoup d’une entreprise à l’autre et chaque nouvelle embauche génère des coûts pour l’employeur. Parfois, les entreprises oublient que ces jeunes veulent y trouver de nouvelles valeurs pour contribuer à améliorer le monde. On parle beaucoup de la finance durable, mais je ne constate pas encore de grands changements et les CPA doivent être attentifs à ce sujet.

 

L.A : Votre cabinet BDO a annoncé en janvier sa fusion avec Fuller Landau. Pour quelle raison vous êtes-vous rapprochés ? 

M.F. : Nos deux cabinets de services-conseils comptables sont en quelque sorte « bilingues », car nous parlons le langage des PME et nous les comprenons parfaitement. Cette fusion nous permet de consolider notre équipe au Québec — 48 associés et plus de 500 employés dans cinq bureaux — et de renforcer notre position en tant que cabinet de premier plan pour les PME.

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