Pourrai-je laisser un héritage à ma fille handicapée ?

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Janvier 2016

Pourrai-je laisser un héritage à ma fille handicapée ?

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Édition du 30 Janvier 2016

[Photo : Shutterstock]

Êtes-vous en voie d'atteindre l'indépendance financière à votre retraite ? Chaque semaine, nous vous présentons la situation de lecteurs qui se sont posé la question. Un planificateur financier a étudié leur dossier et rend jugement.

Retour au dossier spécial sur les REER

Le cas

Monsieur, 63 ans et célibataire, est père d'un enfant adulte handicapé en garde partagée (le tiers du temps).

Il a occupé plusieurs postes dans sa carrière, notamment au gouvernement provincial et dans une société d'État. Depuis 12 ans, il est travailleur autonome et, depuis quelques années, il affiche des revenus en baisse. Il espérait travailler jusqu'à 70 ans, mais il croit devoir se retirer d'ici un an ou deux, faute de contrats.

Pour combler les baisses de revenus, il a dû piger dans ses placements non enregistrés. Il devra bientôt puiser dans son régime enregistré d'épargne-retraite (REER), qui contient 1 200 000 $ investis en actions à 100 % et qui offre un rendement composé de 10,30 % depuis 2003.

Sa résidence est évaluée à 400 000 $ et hypothéquée à hauteur de 124 000 $ en raison d'importants travaux de rénovation. Il rembourse ce prêt en accéléré (828 $ toutes les deux semaines).

Il prévoit acheter une nouvelle voiture sous peu. Il traîne aussi une dette de consommation de 9 300 $.

Une fois à la retraite, il pourra compter sur deux rentes d'anciens employeurs. Il reçoit la première depuis l'âge de 60 ans (5 881 $ par an, indexée à l'IPC - 2 % au maximum annuellement). Il pourra toucher la seconde à compter de 2017 : 10 227 $ par an, indexée à l'IPC - 2,5 % au maximum annuellement. En outre, il aura droit chaque année à 11 200 $ de la Régie des rentes et à une pension de la Sécurité de la vieillesse de 6 750 $. Le professionnel se demande s'il peut compter sur des revenus annuels de 50 000 $ dès l'an prochain en cessant de travailler. Il espère pouvoir maintenir ce rythme jusqu'à 90 ans sans épuiser ses économies. Il veut conserver sa maison et léguer un héritage à sa fille handicapée.

L'opinion d'Angela Iermieri, de Desjardins Gestion de patrimoine

Nous avons confié ce cas à la planificatrice financière Angela Iermieri, de Desjardins Gestion de patrimoine. Ses conclusions ? Monsieur peut dormir tranquille ! Voici ce qu'elle propose.

«Pour subvenir à ses besoins, il devra retirer 35 000 $ par année de son FERR [fonds enregistré de revenu de retraite]. Et à compter de 71 ans, il devra retirer le minimum requis par la loi qui sera supérieur à ce montant, qui est calculé en fonction du solde annuel du FERR.» Rappelons que le FERR sert à décaisser les fonds accumulés dans le REER.

Elle propose de réduire la volatilité du portefeuille par une répartition entre 50 % en actions et 50 % en obligations. Un rendement annuel de 5 % sera suffisant pour répondre aux besoins de Monsieur.

Mme Iermieri signale que notre lecteur pourra conserver sa propriété et continuer à profiter du même niveau de vie à la retraite. Cependant, pour alléger le remboursement du prêt hypothécaire, il pourrait amortir le paiement sur 13 ans au lieu de 7 ans et ainsi réduire son remboursement annuel de 6 000 $.

«Cette option est plus rentable, puisque le rendement de ses placements est plus élevé que les intérêts qu'il verse sur son prêt hypothécaire», dit-elle.

Il pourra léguer son FERR en héritage. Lorsqu'il aura atteint 90 ans, le FERR devrait encore contenir 800 000 $, en supposant un rendement annuel de 5 % et une indexation des revenus de 2,5 %. «C'est une estimation», avertit Mme Iermieri.

Sa fille handicapée, considérée comme étant à charge financièrement, peut recevoir l'argent du FERR et le rouler dans son REER pour en différer l'imposition. C'est une stratégie qu'on peut effectuer avec son conjoint, un enfant mineur et un enfant adulte handicapé à charge financièrement. Sa fille serait imposée seulement sur le montant qu'elle retire annuellement. Ce montant s'ajoute à ses autres revenus.

Une rencontre avec un fiscaliste pourrait aider à déterminer la pertinence de mettre en place une fiducie exclusive au nom de l'enfant handicapé. Si elle est admissible (en cas de handicap mental), le montant REER sera transféré directement dans la fiducie, et les sommes seront gérées par le fiduciaire.

La planificatrice de Desjardins fait également les recommandations suivantes. Monsieur aurait intérêt à :

› Revoir son profil d’investisseur. Puisqu’il devra retirer des sommes de son portefeuille, son objectif et son horizon de placement ont sûrement changé. En général, il est bien de s’assurer que son portefeuille correspond toujours à sa tolérance aux risques. Si c’est son cas, il pourra le conserver ainsi, sinon il pourrait devoir rééquilibrer ses placements et y inclure une portion en revenus fixes.

› Demander la rente de la RRQ dès maintenant, car cela lui évitera de puiser dans ses investissements. En agissant ainsi, il pourra en garder davantage pour sa fille. La pénalité n’est pas importante quand on demande la rente avant 65 ans.

› Retirer du REER le montant nécessaire d’ici 65 ans, puis demander la PSV et la deuxième rente d’employeur à 65 ans. Attention, sa PSV peut être réduite en partie si ses revenus totaux excèdent le montant permis (en 2015 : 72 809 $).

Un portrait de notre lecteur, un homme de 63 ans, père d'un enfant adulte handicapé

Actifs / Total

CELI / 0 $

REER / 1 200 000 $

REEE / 0 $

Actifs financiers / 1 200 000 $

Résidence / 400 000 $

Hypothèque / 120 000 $

Dette de consommation / 9 300 $

Actifs non financiers / 270 700 $

Valeur nette totale / 1 470 700 $

Régimes de retraite

Deux rentes, de 5 800 $ et 10 200 $ par an, indexées selon l'indice des prix à la consommation.

Angela Iermieri est planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine.

Experte invitée

Angela Iermieri est planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine.

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