La ville de Fès, au Maroc, s’éclaire grâce à ses déchets

Publié le 18/11/2015 à 00:01

La ville de Fès, au Maroc, s’éclaire grâce à ses déchets

Publié le 18/11/2015 à 00:01

La centrale bioélectrique installée au niveau de la décharge de Fès a nécessité près de 26 millions de DH d’investissement (environ 2,3 millions d’euros). Elle produit 1 Mégawatt de puissance électrique et pourrait atteindre à terme jusqu’à 5 MW, alors qu

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Par Youness Saad Alami, L’Économiste (Maroc)

BIOMASSE – Une première au Maroc et en Afrique. La ville de Fès est éclairée à 30 % grâce à ses déchets ménagers. Initié par la société américaine Ecomed, responsable de la décharge contrôlée de Fès et le Conseil communal de la ville, ce projet a contribué efficacement à l’amélioration de la gestion et l’exploitation de la décharge en convertissant le biogaz en énergie électrique au moyen d’une centrale électrique d’un mégawatt (MW).

Cette technologie a été installée et est entretenue par la société Clarke Energy, le leader mondial des projets de cogénération et de valorisation du biogaz. Ce projet a fait de Fès une ville pionnière du développement durable au Maroc et en Afrique qui utilise une énergie propre et renouvelable émanant de ses déchets  pour l’éclairage

Pour ses dirigeants, la décharge de Fès représente un modèle réussi de la valorisation énergétique du déchet et de la contribution à la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables. « La capacité totale de la centrale bioélectrique peut atteindre 5 MW et produire 40 000 MWh/an, soit l’équivalent d’un parc de 11 éoliennes [selon le Syndicat des énergies renouvelables] et permet de valoriser l’équivalent de 26 millions de mètres cubes de méthane [biogaz] par an », expliquent les responsables de société Clarke Energy.

Selon eux, « le biogaz est une énergie 100 % renouvelable produite par la fermentation du déchet en produisant le méthane (CH4), qui est 20 fois plus polluant que le CO2 ». Même son de cloche auprès de Hassan Mouhami, directeur d’Ecomed, pour qui, « la décharge contrôlée de Fès dont l’exploitation a démarré en 2004 traite tous les jours  entre 750 à 1 000 tonnes de déchets solides ».

Outre le traitement des déchets solides, sa société a installé deux systèmes de collecte de biogaz, une station de soutirage de 500 Nm3/h (nouveaux mètres cubes par heure), des torchères, et d’autres équipements afin de lancer le processus de méthanisation qui permet, à travers la dégradation biologique de la matière organique, de valoriser le biogaz résultant de cette opération et le convertir en énergie électrique.

« Notre système de collecte totalise quelque 12,7 km de conduites PEHD [Polyéthylène haute densité] et 25 têtes de puits pour mesure et contrôle », explique Hassan  Mouhami. Et d’ajouter : « ces installations coûtent excessivement cher. À titre d’exemple, le mètre de conduite PEDH est payé 500 dirham marocains [DH - environ 44 euros]. Pour récupérer le biogaz de cette décharge de 110 hectares de superficie, nous avons installé 12 777 mètres de ce type de canalisations ». Ceci, avant la mise en service du premier groupe de production d’énergie électrique au biogaz d’une capacité d’un mégawatt en novembre 2013. Lequel groupe est resté à l’étape d’essai jusqu’au début de juin 2015.

La capacité totale de la décharge de Fès au Maroc cette année est de 26 000 MWH/an pour une puissance de 3 MW. Cette capacité passera à terme à 43 300 MWH/an, soit une puissance livrée de 5 mégawatts. À titre de comparaison, on a besoin de 3,5 MW pour éclairer la ville de Fès.Récemment, la décharge a été équipée d’un poste de livraison et d’un transformateur de 20 000 volts, installations financées par Ecomed. L’investissement global réalisé par Ecomed au niveau de la décharge s’élève à 100 millions de DH (environ 8,9 millions d’euros), dont 26 millions (environ 2,3 millions d’euros) pour les seuls équipements bioélectriques. De son côté, la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de Fès (Radeef) a financé la réalisation d’une ligne de moyenne tension, ainsi que le couplage de la station bioélectrique au réseau de la ville.

Un investissement payant

Le rendement de l’investissement ne se fait pas attendre. Pour cette première année d’exploitation (2015), la production d’énergie renouvelable à partir de la décharge est estimée à 8 660 MWh/an, ce qui équivaut à des revenus de près de 7 millions de DH. Notons que la puissance livrée est de 1 mégawatt. Ceci, alors que la capacité totale de la décharge cette année est de 26 000 MWH/an pour une puissance de 3 MW. Cette capacité passera à terme à 43 300 MWH/an, soit une puissance livrée de 5 mégawatts. À titre de comparaison, on a besoin de 3,5 MW pour éclairer la ville de Fès.

Le reste de l’énergie produite pourrait être vendu à des tarifs préférentiels à d’autres entreprises vertes, de transport ou de ciment, estiment les responsables du projet. Pour cela, il va falloir voter une loi au parlement pour que l’Office national de l’eau d’électricité (ONEE) n’ait plus le monopole sur ce marché.

D’avril à juin 2015, les ordures enfouies dans la décharge de Fès ont totalisé 2,7 millions de tonnes, soit l’équivalent de 44 m3 de déchets enterrés. Cette masse encourage la démultiplication des bactéries et produit le biogaz qui est valorisé en énergie. En matière de revenus, grâce aux 2,7 millions de tonnes de déchets traités, le responsable a perçu plus de 110 millions de DH (environ 9,7 millions d’euros) des caisses de la Commune. Celle-ci réserve à ce secteur 40,33 DH/tonne de déchets.

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