Kigali, un modèle pour construire une ville respectueuse du climat

Publié le 18/11/2015 à 00:01

Kigali, un modèle pour construire une ville respectueuse du climat

Publié le 18/11/2015 à 00:01

« Kigali [sur la photo], ainsi que d’autres centres urbains émergents de plus petite taille, a cette opportunité extraordinaire de planifier et de se développer d’une manière complètement inédite », dit l’architecte Kelly Doran.

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Par David Thomas, African Business

DÉVELOPPEMENT URBAIN – En 2010, le monde a franchi une étape importante puisque le nombre d’habitants des zones urbaines a dépassé pour la première fois la population rurale. Les villes, qui représentent moins de 2 % de la surface de la planète, consomment presque 80 % de l’énergie planétaire et sont responsables de plus de 50 % des émissions de gaz à effet de serre.

Dans la lutte aux changements climatiques, l’espace urbain représente un champ de bataille crucial. La nécessité d’un développement urbain en accord avec le développement durable est plus urgente en Afrique subsaharienne que partout ailleurs dans le monde. Il s’agit en effet de l’une des zones affichant la croissance urbaine la plus rapide au monde. Alors qu’il est responsable de moins de 10 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, ce continent va devoir faire les frais des effets causés par le changement climatique.

De l’architecture innovante

Tandis que certaines villes d’Afrique ont déjà commencé à lutter pour s’adapter à la croissance rapide de la population urbaine du continent, d’autres cherchent des solutions dans l’architecture innovante.

Kigali, la capitale du Rwanda, fait partie de ces villes. Imaginez dans sa banlieue des immeubles de quatre étages qui s’élèvent au milieu de boulevards bordés d’arbres, des cours spacieuses et des lotissements bien entretenus. À l’autre bout de la ville, des marches en terrassement permettent aux spectateurs de voir un stade de cricket accueillant les meilleures équipes du monde.

Ce portrait de la ville peut sembler plus proche d’une vision utopique de l’existence que d’une capitale africaine en pleine agitation. Bien que le Rwanda se heurte aux taux d’urbanisation les plus élevés du continent, des architectes étrangers et rwandais sont recrutés pour travailler sur des projets ambitieux visant à offrir un modèle de vie en accord avec le développement durable en Afrique.

La nécessité d’un tel pionnier est fondamentale. Selon un nouveau rapport de la Commission mondiale sur l’économie et le climat, les villes africaines comptent 22 millions d’habitants de plus chaque année. Par conséquent, les urbanistes et architectes vont jouer un rôle décisif dans la construction de villes, capables d’éviter le piège de l’expansion des bidonvilles, des infrastructures délabrées et de la pollution responsable du changement climatique.

« Les problèmes auxquels des villes comme Lagos et Nairobi sont confrontées résultent de planifications antérieures qui n’ont pas pris en considération un avenir urbain africain, mais aussi de plusieurs décennies de dispositifs organisationnels incapables de gérer toute croissance urbaine rapide », explique Kelly Doran, responsable de programmes pour l’Afrique de l’Est au sein des architectes américains de MASS Design Group.

« Kigali, ainsi que d’autres centres urbains émergents de plus petite taille, a cette opportunité extraordinaire de planifier et de se développer d’une manière complètement inédite », ajoute-t-il.

Une opportunité que saisissent des architectes attirés par l’agenda écologique ambitieux du gouvernement rwandais, des plans urbains concrets et une réputation de mise en œuvre de politiques solides.

Promouvoir une industrie du bâtiment nationale

Établi à Boston, MASS Design Group a été fondé en 2008 lorsque l’Hôpital de Buraro dans le district de Burera était encore à l’étape de la conception. Il s’est depuis diversifié pour travailler sur des écoles primaires, maisons de médecins et unités néonatales.

Pour sa part, Light Earth Designs, un cabinet d’origine britannique et sud-africaine, est présent dans le pays depuis plus de cinq ans et a conçu les plans de logements et du Rwanda Cricket Stadium.

Au-delà de leur avant-poste à Kigali, ces deux cabinets ont en commun une expertise de plus en plus affûtée dans la conception de solutions durables pour les espaces urbains africains à la croissance rapide. Ils insistent en particulier sur la nécessité d’utiliser des matériaux de construction rwandais afin de réduire la dépendance de ce pays sans accès à la mer vis-à-vis d’importations lourdes de conséquences sur l’environnement.

« Les Rwandais ont compris à quel point une approche nationale était importante, sans quoi ils dépendent complètement de matières importées à forte teneur en carbone », explique Tim Hall, cofondateur de Light Earth Designs.

Malgré certaines réticences précédentes vis-à-vis des matériaux de construction rwandais, souvent perçus comme rétrogrades, T. Hall précise que le gouvernement est désormais bien déterminé à promouvoir une industrie du bâtiment nationale. 

Cette philosophie de la “construction rwandaise” se matérialise déjà dans le paysage urbain grandissant de Kigali. À l’école primaire d’Umubano, un projet de MASS Design, les briques d’origine rwandaise et les roseaux de papyrus remplacent les matériaux fabriqués à l’étranger au sein d’une structure conçue pour réduire la consommation énergétique.

Une nouvelle approche des zones densément peuplées

Pourtant cette substitution des matières fabriquées à l’étranger par des produits rwandais ne représente qu’une partie de la grande vision du pays. Avec une population qui devrait plus que doubler pour passer à 26 millions d’ici 2050, les solutions pour des logements soucieux de l’environnement seront au premier plan des efforts destinés à éviter une extension non contenue et une dégradation environnementale.

Le projet pilote de Light Earth Design a pour objectif de montrer que les zones d’habitation très densément peuplées n’obligent pas forcément à reproduire les conditions dans lesquelles vivent les habitants des bidonvilles du monde entier, mais peuvent inclure des jardins, des techniques de rétention des eaux et une production active d’énergie.

« Nous devons faire face au problème de la population la plus dense d’Afrique au kilomètre avec des terres limitées, en pente pour la plupart, et de la prise en compte de la première génération d’urbains qui vit au sein d’une densité supérieure à 100 unités par hectares au lieu de leur propre habitation », souligne le cofondateur de Light Earth Designs, Peter Rich. 

Pour que des développements aussi ambitieux décollent véritablement, il faudra bien plus que l’engagement de quelques architectes primés. Tim Hall reconnaît qu’il est « difficile de gagner de l’argent » dans ce secteur. C’est pourquoi MASS Design dépend de financements en grande partie philanthropiques de sources multiples.

Selon Alex Mulisa, coordinateur chez FONERWA, le Fonds rwandais pour l’environnement et le changement climatique, tout va largement dépendre du succès des projets pilotes. Si le quartier écologique de Kigali s’avère être un modèle réalisable, il pourrait être lancé dans six autres zones urbaines.

« Je pense que si nous avons les bons plans et qu’ils sont convaincants, nous pouvons démarcher la Banque mondiale ainsi que d’autres sources », précise-t-il.

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