Daterra : Prendrez-vous une tasse de café zéro carbone ?

Publié le 18/11/2015 à 00:01

Daterra : Prendrez-vous une tasse de café zéro carbone ?

Publié le 18/11/2015 à 00:01

Daterra a été la première ferme productrice de café au Brésil à obtenir la certification de la Rainforest Alliance, dont l’attribution dépend des bonnes pratiques de production, de la protection environnementale, de la gestion durable de la production, de

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Par Lauro Veiga Filho, Valor Economico (Brésil)

AGRICULTURE DURABLE – Daterra, une division agricole du groupe DPaschoal, dont les activités se concentrent dans l’industrie automobile, a été créée en 1980. Son objectif était d’exploiter le secteur agricole d’une façon efficace tout en préservant l’environnement, à une époque où des concepts comme le développement durable et la réduction des émissions de gaz à effet de serre étaient largement ignorés.

« Au début, nous avions du bétail, des eucalyptus et d’autres produits. En 1994, nous sommes devenus des producteurs de café, en commençant tout doucement avec l’acquisition d’une ferme dans la région de Franca », se rappelle Isabela Pascoal Becker, qui est aujourd’hui responsable des secteurs de la gouvernance et du développement durable de l’entreprise.

Elle insiste sur le fait que la proposition consistait à produire du café sans entraîner des retombées néfastes sur la nature. La marche a été longue avant d’atteindre le café zéro carbone, mais Daterra est même allée au-delà : elle parvient aujourd’hui à diminuer toutes ses émissions et, plus encore, à accumuler des crédits carbone. Récemment, l’entreprise a contracté les services du consultant DeltaCO2 Sustentabilidade Ambiental, composé de professeurs et de chercheurs de l’École supérieure d’agriculture « Luiz de Queiroz » (Esalq), située à Piracicaba, une ville brésilienne de l’État de São Paulo, afin de réaliser une étude complète de l’« empreinte carbone » de la production, de la préparation et de la vente du café.

L’étude a montré que l’entreprise parvient à équilibrer toutes ses émissions, en bénéficiant même d’un excédent positif grâce aux zones de forêts protégées ou reboisées, aux plantes de café et au café récolté. Les calculs tiennent compte de l’ensemble du processus : depuis l’activité agricole jusqu’aux hangars des importateurs qui se trouvent au Japon, le plus grand client de Daterra.

En outre, les calculs intègrent les émissions produites au compostage des résidus de la production, à l’utilisation d’engrais chimiques, aux déplacements de machines et de camions dans l’enceinte de la ferme, au transport du café jusqu’au port, à son embarquement et à son exportation par bateau. « Comme valeur finale, on obtient une économie sur le bilan carbone de 7 280 tonnes de CO2 équivalent, soit 90 kg de d’économie pour chaque sac de 60 kg », comptabilise Isabela Pascoal Becker.

Toutefois, dans les années 1980, l’image du Brésil en tant que producteur de café était particulièrement entachée sur le marché international à cause de l’absence d’engagement de certaines entreprises exportatrices. « Nous voulions que le pays soit vu sous un autre angle, en démontrant que nous pouvions livrer du café en quantité et en qualité », soutient Isabela Pascoal Becker.

Pour ce faire, Daterra a décidé de se spécialiser dans le segment des cafés de haute qualité, en utilisant exclusivement des grains arabica sélectionnés et en tirant parti de l’expérience initiale réalisée à Franca. L’entreprise a fait appel à des spécialistes de l’Esalq et est entrée en relation avec l’entreprise Illycaffè, la géante italienne du secteur du café. « Nous devions apprendre à produire un café de qualité », raconte Isabela Pascoal Becker.

À cette époque, lors d’une visite à Daterra, Ernesto Illy, fils de Francesco Illy, le fondateur hongrois de la marque, a fait remarquer que le futur de l’activité caféière région varie entre 1 200 et 1 300 mètres et présente un climat plus froid la nuit et des jours secs, dont les zones plates favorisent la mécanisation de la cueillette.

L’entreprise a quitté Franca en 1994 à la recherche de terres plus propices, pour installer son nouveau domaine agricole à Patrocínio, dans l’ouest de Minas Gerais, sur une propriété de 6 800 hectares.

Les 10 premières années ont cependant été consacrées à la remise en état du domaine : il était nécessaire d’effectuer un travail de « reconstruction du contexte naturel du cerrado », conformément aux dires d’Isabela Pascoal Becker. Il a fallu recomposer toute la flore, récupérer les ressources en eau et reconstituer la faune, en comptant une nouvelle fois sur la collaboration de l’Esalq quant à la préservation de la flore et des ressources hydriques, et de l’Institut agronomique (IAC). D’après Isabela Pascoal Becker, ce dernier aurait aidé à choisir les variétés de café les plus appropriées. « En réalité, les deux institutions sont nos partenaires et nous aident encore aujourd’hui », ajoute-t-elle.

En 1999, Daterra est parvenue à faire certifier son système de gestion environnementale reposant sur la norme ISO 14001, sa première homologation. D’autres homologations suivraient ultérieurement.

Ce n’est qu’à partir de 2001 ou 2002 que le a pris de l’ampleur commerciale, c’est-à-dire en même temps que l’intensification de l’exportation et que l’approvisionnement à l’Illycaffé elle-même. « Nous avons commencé à être plus confiants quant à notre capacité à produire du café de qualité et, plus important encore, à notre capacité à y parvenir de façon constante. Cela veut non seulement dire maintenir la qualité, mais aussi préserver les caractéristiques du café au fil du temps, tout en gagnant la confiance du client. »

Une production exportée au Japon

Aujourd’hui, ce sont presque les deux tiers de l’étendue totale de la ferme, soit environ 4 200 hectares, qui sont destinés à préserver les zones de reforestation et celles où la végétation existait déjà au moment de l’arrivée de Daterra. Une partie est également consacrée à la culture d’eucalyptus, dont le bois permet d’alimenter les chaudières utilisées dans le processus de dessiccation finale du café. La plantation de café, qui représente, en moyenne, un total de 15 millions de pieds, occupe les 2 600 hectares restants. Elle produit, entre les bonnes et les moins récoltes, environ 80 000 sacs par récolte, dont 99 % sont exportés, principalement vers le Japon. D’après Isabela Pascoal Becker, le chiffre d’affaire de Daterra varie entre 58 et 63 millions de réaux par an. « Aujourd’hui, nous avons atteint un modèle durable, avec des recettes supérieures à environ 15 % à celles d’une ferme traditionnelle du secteur. »

Le partenariat avec l’Esalq a permis de développer, également en 2001, un label de conformité environnementale, spécialement élaboré afin de couronner les efforts réalisés par la ferme dans la protection de la flore, de la faune et de l’eau. En se reposant sur l’expérience accumulée jusqu’alors, l’étape suivante, en 2003, consistait à viser la certification de la Rainforest Alliance, une organisation internationale à but non lucratif qui se consacre à la préservation des forêts tropicales dans le monde entier.

Daterra a été la première ferme productrice de café au Brésil à obtenir cette certification, dont l’attribution dépend des bonnes pratiques de production, de la protection environnementale, de la gestion durable de la production, de l’utilisation appropriée des produits chimiques et des relations honnêtes avec les employés et la communauté. Plus tard, Rainforest a élargi le cadre de sa certification, en incluant dans ses propositions le label Climate Friendly, qu’Isabela Pascoal Becker et son équipe ont traduit par « Ferme Amie du Climat » afin que tous les employés puissent avoir une meilleure idée du nouveau label qui leur a été accordé en 2011.

Outre ces certifications, Daterra met en avant la reconnaissance de l’Utz Kaped (récemment renommée Utz Certified), une initiative initialement apparue au Guatemala et dont le siège se trouve maintenant en Hollande. Celle-ci a pour objectif assurer que le café a bien été produit selon des exigences de qualité élevées, tout en respectant l’environnement et la sécurité des travailleurs.

L’entreprise détient également le cachet de l’Institut Biodynamique (IBD). En effet, une petite partie de sa production est biologique et a recours à des techniques d’amendement des sols à partir du compost des résidus de la production de café.

En vingt ans, précise Isabela Pascoal Becker, Daterra a investi environ 20 millions de dollars américains dans la recherche et le développement. Tous les ans, elle réserve environ un million de dollars américains rien qu’à la recherche et à l’innovation. « Je pense que 50 % de notre affaire consiste à faire de la recherche », commente-t-elle.

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