COP24 - Reboiser l'Amazonie: des entreprises se mobilisent

Publié le 05/12/2018 à 08:36

COP24 - Reboiser l'Amazonie: des entreprises se mobilisent

Publié le 05/12/2018 à 08:36

Un ouvrier déplace une planche de bois dans une scierie.

(Photo: courtoisie)

Trois ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les gouvernements du monde se réunissent du 3 au 14 décembre en Pologne, dans l’espoir de combler le fossé entre l’ambition et l’engagement pour la lutte contre les changements climatiques. Or, la participation des entreprises et des investisseurs est primordiale pour atteindre ces objectifs. 

À l’occasion de la COP24, Les Affaires, en partenariat avec Solutions & Co, s’associe à des médias économiques du monde entier dans un projet unique de journalisme d’impact afin de vous présenter des solutions d’affaires mises en place aux quatre coins du globe pour accélérer la transition vers une économie à faible émission de carbone et qui représentent de réelles occasions commerciales.

Par Sérgio Adeodato, Valor Econômico

Il y a une trentaine d’années, le grand-père de Henrique Carneiro a acheté les 44 000 hectares sur lesquels s’étend la ferme Fazenda Vera Cruz do Xingu, dans l’État brésilien du Mato Grosso. Aujourd’hui, Henrique Carneiro y plante des arbres parmi les champs de soja, maïs et coton et sur de vastes pâturages.

Plus du tiers de la forêt qui couvrait l’exploitation a été abattue au fil du temps. Mais désormais, en collaboration avec l’association locale Instituto Socio Socioambiental, l’agriculteur espère trouver le moyen de restaurer une partie de cette parcelle d’Amazonie, la plus grande forêt tropicale au monde.

Jusqu’à présent, 40 % des 12 200 graines de 67 espèces indigènes d’arbres qu’il a semées ont poussé. « C’est un travail méticuleux qui implique aussi les agriculteurs voisins », explique-t-il.

Dans le cadre de l’accord de Paris pour le climat, le Brésil s’est engagé à reboiser 12 millions d’hectares — presque la taille de l’Angleterre — d’ici 2030, un défi de taille.

Le Plan national de récupération de la végétation indigène (Planaveg) du gouvernement, annoncé en novembre 2017, prévoit la plantation de 390 000 hectares de forêt vierge sur quatre ans.

D’autres acteurs tentent eux aussi d’aider le pays à honorer sa promesse par des moyens économiques, environnementaux et sociaux.

L’un d’eux est l’Alliance pour la reforestation en Amazonie, un partenariat de plus de 50 organisations de la société civile, entreprises, instituts gouvernementaux et de recherche.

Son objectif — planter 73 millions d’arbres sur 300 000 hectares — en fait le plus grand projet de reboisement de la planète actuellement en cours.

« Il est clé de réduire les coûts de reforestation et de passer de projets individuels à des projets à plus grande échelle, qui offrent des opportunités de revenus », explique Rodrigo Medeiros, vice-président responsable des partenariats stratégiques pour Conservation International, une ONG membre de l’alliance.

Le festival de musique Rock in Rio, de notoriété mondiale, contribue à diffuser le message en compensant son empreinte carbone par la plantation d’arbres.

Des pays étrangers contribuent également, tels la Norvège, qui soutient le Fonds Amazonie et son projet d’injecter 200 millions de réais (54 millions de dollars) dans des projets associant reboisement et logique commerciale.

« Les revenus dérivés des forêts sur pied empêcheront de nouvelles destructions massives dues aux activités prédatrices observées dans le passé », note Rodrigo Medeiros.

Cependant, les taux actuels de déforestation continuent d’anéantir tous les efforts. Selon l’Institut Imazon de l’homme et de l’environnement, les activités d’exploitation forestière ont augmenté de 40 % d’août 2017 à juillet 2018 : 300 000 hectares de perdus, soit la superficie que l’Alliance pour la restauration en Amazonie espère replanter.

Des images satellites montrent que 83 % de la superficie déboisée, y compris dans les réserves environnementales et autochtones, sont devenus des pâturages ou des terres cultivées.

« Les accords avec les filières de production, notamment de viande bovine et de soja, qui étaient censés mettre un frein à la déforestation, se sont affaiblis », explique Carlos Souza, coordinateur du suivi de l’Institut Imazon.

Des applications au secours de la forêt

La technologie numérique permet même aux particuliers de surveiller ce qui se passe dans la forêt tropicale.

Terras, une entreprise basée à Belém, a développé une application permettant de croiser les données environnementales et de production des exploitations agricoles. Elle donne également accès à des prêts octroyés par des banques qui refusent de financer la déforestation.

La startup a ainsi mis 18 000 fermes en contact avec Banco da Amazônia, et prévoit d’atteindre 200 000 fermes dans la région d’ici 2020. Distinguée par NatureVest, un programme mondial d’investissement en faveur de la préservation de l’environnement, Terras se veut un exemple pour les personnes qui œuvrent en faveur de la déforestation zéro.

Une autre application mobile, Alerta Clima Indígena, est utilisée par diverses tribus autochtones. Certaines surveillent l’agriculture illégale, d’autres traquent les incendies et la pêche clandestine, notant au passage leurs références géographiques par satellite.

« Il en résulte plus d’autonomie pour accéder à l’information, sans dépendre des agences gouvernementales », explique Fernanda Bortolotto, coordinatrice du projet de développement des applications à l’Institut de recherche de l’Amazonie.

D’autres innovations portent, par exemple, sur la production durable de bois de construction. Dans la forêt nationale de Jamari, où des terres fédérales sont disponibles pour une utilisation économique durable, la société Amata utilise l’imagerie satellite pour identifier et sélectionner les arbres qui peuvent être abattus avec un impact aussi faible que possible.

Pour préserver l’intégrité de la forêt, l’entreprise s’est fixé comme limite d’exploitation 15 mètres cubes de bois par hectare, soit moitié moins que la quantité autorisée par la loi.

D’autres misent sur l’utilisation de substituts aux produits forestiers. Loin de l’Amazonie, dans la ville de Guaramiranga, l’hôtel Vale das Nuvens est construit en bois synthétique fait de plastique recyclé.

Un ouvrier entaille un tronc d'arbre.

(Photo: courtoisie)

Son fondateur, l’ingénieur civil Joaquim Caracas, se dit fier d’avoir utilisé une technologie permettant de préserver les arbres, et du plastique destiné à la décharge.

« Pour lutter contre la déforestation, l’économie doit peser en faveur de la forêt, pas contre elle », déclare Beto Veríssimo, directeur des programmes du Centre pour l’entrepreneuriat en Amazonie.

Sa conviction est qu’une combinaison de technologies peut ajouter de la valeur aux forêts et contrer les activités qui les détruisent. « Nous sommes 20 millions d’habitants [dans les neuf états du bassin amazonien], nous ne pouvons pas toujours attendre que ce soit le gouvernement qui agisse ».

Cliquez ici pour consulter le dossier «Changements climatiques 2018».

 

 

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