Budget: les organisations économiques demandent de la flexibilité

Publié le 28/03/2023 à 10:50

Budget: les organisations économiques demandent de la flexibilité

Publié le 28/03/2023 à 10:50

Par Dominique Talbot

«l’équivalent de 80 milliards de dollars est perdu en raison des barrières commerciales intérieures».(Photo: 123RF)

Fiscalité des entreprises, contrôle des finances publiques, efficacité de l’appareil gouvernemental, commerce interprovincial et pénurie de main-d’œuvre : les attentes du milieu des affaires sont élevées à l’aube de la présentation du premier budget fédéral «post-pandémie».

Selon des données publiées récemment dans le cadre d’un sondage interne mené par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), plus de la moitié des PME ont des dettes pandémiques qui s’élèvent en moyenne à 105 000 $. Et malgré la reprise de l’économie à la sortie des années de Covid-19, 52% ont des revenus «sous la normale».

«Les PME font face à une augmentation généralisée des coûts d’exploitation, incluant les taxes sur la masse salariale, la hausse des taux d’intérêt et les coûts associés à la pénurie de main-d’œuvre. Il faut savoir également qu’un grand nombre d’entre elles ne se sont toujours pas remises de la pandémie», dit Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI.

Pour les aider, l’organisation demande à Ottawa de «reporter la date de remboursement des prêts du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes jusqu’en décembre 2024 ou même 2025.» Aussi, la FCEI demande une réduction du taux fédéral pour les petites entreprises de 9% à 8% et une augmentation du seuil de déduction de 500 000 $ à 600 000 $. Ce montant pourrait ensuite être indexé à l’inflation, propose Jasmin Guénette.

 

Efficacité et main-d’œuvre

Bien que les plus récents chiffres de l’inflation montrent enfin un ralentissement — 5,9% en janvier 2023, le taux le plus bas depuis février 2022 — la pression reste forte pour les entreprises rappelle la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ). Et la pénurie de main-d’œuvre demeure sa principale priorité.

«Nous réitérons l’importance des incitatifs fiscaux à la rétention des travailleurs expérimentés et celle de la modernisation du régime de l’Assurance-emploi. Mais nous recommandons aussi d’accélérer le traitement des demandes d’immigration ainsi que l’émission des permis de travail, puis de mieux financer les programmes de stages pratiques et la formation continue», dit Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.

Alors que l’année 2022 a été marquée par des cafouillages majeurs pour la distribution des passeports et le traitement des demandes d’immigration, la FCCQ presse Ottawa de «restaurer l’efficacité de l’action gouvernementale, cruciale dans le contexte d’incertitude actuel. […] Les lourdeurs administratives, le chevauchement fréquent et le ciblage parfois déficient des programmes d’aide fiscale et financière sans oublier les délais exagérés du système d’immigration plombent notre potentiel de croissance économique. Tant les entreprises que les citoyens et les nouveaux arrivants font les frais de ces inefficacités de la bureaucratie fédérale.»

 

Commerce intérieur

Tout comme la FCCQ, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) exhorte Ottawa à «trouver l’équilibre entre soutenir l’économie du pays et ne pas contribuer à l’inflation. La prudence s’impose dans la gestion des finances publiques, et cela commence par maintenir le cap vers un retour à l’équilibre budgétaire en 2027-2028», dit son président et chef de la direction, Michel Leblanc.

Dans son mémoire prébudgétaire présenté au début du mois de février, la Chambre demande au gouvernement fédéral de prendre les moyens pour renforcir le commerce interprovincial, à un moment où les difficultés dans les chaînes d’approvisionnement persistent et contribuent à la montée des prix.

À cet effet, la CCMM soutient que chaque année, «l’équivalent de 80 milliards de dollars est perdu en raison des barrières commerciales intérieures». La Chambre demande donc à la ministre Chrystia Freeland de «financer des initiatives d’accélération du commerce intérieur canadien, notamment par le soutien à des missions commerciales et à des évènements de développement d’affaires partout au pays.»

 

Infrastructures plus performantes

En prévision du budget, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) s’inquiète de la productivité par heure travaillée au Canada. Son économiste en chef et vice-présidente de la recherche, Norma Kozhaya, souligne qu’en 2020, elle était de 56 $US comparativement à 74 $US au sud de la frontière. Un écart de 30%.

«Le réflexe naturel de nos entrepreneurs, en ce moment, c’est de se serrer la ceinture et de reporter les projets de robotisation et d’automatisation. C’est pourquoi le gouvernement peut jouer un rôle et leur faciliter la tâche avec par exemple du soutien à l’innovation et une fiscalité compétitive», souligne Mme Kozhaya.

Le fédéral devrait aussi miser sur «la modernisation de nos infrastructures», propose le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn. Ainsi, l’organisation patronale québécoise demande de «revoir l’appel de projets pour privilégier le train à grande vitesse (TGV), un choix nettement plus porteur sur le plan économique, social et environnemental, que le train à grande fréquence (TGF).»

«Les employeurs sont convaincus qu’un projet de TGV reliant Toronto-Montréal-Québec aurait des retombées énormes pour l’économie québécoise. On ne doit pas se contenter d’un projet intermédiaire. Il faut entrer dans le XXIe siècle et être ambitieux en termes de transport», insiste M. Blackburn.

Pour assurer la compétitivité des manufacturiers du Québec, la présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx, espère entendre des mesures qui répondront à l’Inflation Reduction Act, adopté aux États-Unis.

La loi propose vide notamment à réduire l’inflation avec des mesures fiscales et des incitatifs pour soutenir des projets d’investissement. «Il devient crucial pour le Canada de proposer des mesures costaudes, dit Véronique Proulx, afin de ne pas nuire à notre climat d’affaires et ainsi favoriser l’attraction d’investissements privés et étrangers.»

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