Obtention d'un permis pour les ingénieurs étrangers: accélération du processus en vue

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Octobre 2017

Obtention d'un permis pour les ingénieurs étrangers: accélération du processus en vue

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Édition du 28 Octobre 2017

[Photo: 123rf]

DOSSIER PROFESSION INGÉNIEURS - Plus de 600 ingénieurs étrangers obtiennent un permis de pratiquer de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) chaque année. L’Ordre est sur le point de mettre en place des mesures pour accélérer les démarches, en prévision des besoins futurs en main-d’œuvre de l’industrie. Des entreprises font déjà appel au recrutement à l’étranger pour combler leurs besoins.

Merkur, une firme spécialisée en génie manufacturier en croissance, embauche. Plus de 15 personnes ont été recrutées depuis le mois de juin et 30 postes sont encore à pourvoir. Mais « on est en pénurie de main-d’œuvre au Québec pour nos besoins », explique Stéphanie Castang, responsable des ressources humaines de Merkur. Si elle embauche des jeunes, elle a aussi besoin d’ingénieurs d’expérience, une denrée plus rare sur le marché québécois.

Par conséquent, depuis plusieurs années, elle recrute des ingénieurs et des techniciens en dehors du Québec, principalement en France. Sur les 110 employés de Merkur, près d’un tiers sont des étrangers. Elle s’est tournée naturellement vers la France. Non seulement, « les Français sont attirés par le Québec mais en plus, on peut trouver là-bas des ingénieurs d’expérience dans le secteur du transport, notamment automobile, qui n’existent pas ici », souligne Stéphanie Castang. La formation, plus généraliste, là-bas est également très complémentaire avec celle des ingénieurs québécois, qui se spécialisent beaucoup plus vite dans leur parcours d’études universitaires.

Sur le plan des démarches, tant pour trouver les ressources que pour les faire venir, Stéphanie Castang s’est formée et connaît tous les programmes qui permettent de les faciliter. Le fait que plusieurs génies soient sur la liste des professions admissibles au traitement simplifié du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, accélère aussi le processus. « Le dernier ingénieur qu’on a recruté est arrivé en trois semaines », note-t-elle.

Pour le recrutement, elle participe notamment aux Journées Québec organisées par Québec International en collaboration avec Emploi Québec et Pôle Emploi en France. Pendant ces journées, elle peut rencontrer des ingénieurs français qui veulent venir travailler ici. « L’année dernière, on a présélectionné 180 CV pour 4 postes à pourvoir ! », indique Stéphanie Castang pour montrer l’engouement des Français.

Du côté de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), en venant d’écoles françaises, reconnues par l’OIQ comme équivalentes à la formation du Québec, les ingénieurs français bénéficient d’un processus d’obtention d’un permis d’exercer rapide.

L’Ordre veut améliorer le processus

Ce devrait d’ailleurs être facilité à l’avenir pour tous les étrangers. À l’heure où le vieillissement de la population fait peser des menaces de pénurie d’ingénieurs à l’avenir, l’OIQ prend des mesures pour améliorer son processus de délivrance des permis de pratique.

« On a été sensibilisés aux difficultés vécues par les étrangers pour obtenir leur permis alors que la main-d’œuvre au Québec va être de plus en plus rare. Il faut donc se préparer. Ça va devenir incontournable que les ingénieurs étrangers soient considérés comme une relève. C’est pour cela qu’on a revu nos processus et inscrit des améliorations à notre plan stratégique », explique Kathy Baig, présidente de l’OIQ. Les améliorations ont été approuvées par le conseil d’administration de l’Ordre mais doivent encore être examinées par l’Office des professions avant de pouvoir entrer en vigueur, ce qui pourrait être le cas en mai 2018.

L’Ordre s’est fixé comme objectif de faire passer le délai moyen d’obtention du permis de 16 mois actuellement à 8 mois. De plus, il souhaite augmenter le taux d’obtention : l’Ordre voudrait qu’il atteigne 75 % alors qu’il est actuellement de 58 %. « Pour atteindre ces objectifs, on fera une analyse plus personnalisée des candidatures afin de prendre en compte non seulement leurs diplômes mais également l’acquis expérientiel, c’est-à-dire ce qu’ils ont appris à travers leur expérience professionnelle », poursuit Kathy Baig. Consciente que « l’inquiétude existe », la présidente rassure sur le fait que « les standards de qualité seront maintenus ».

L’obligation, au Québec, d’avoir un permis de l’OIQ pour pratiquer la profession d’ingénieur vise à protéger le public, car il est délivré après que l’Ordre a vérifié la compétence de l’ingénieur formé à l’étranger. Utile pour la protection, elle impose évidemment des démarches administratives qui ralentissent et compliquent les recrutements. L’existence de l’Accord de Washington et les nouvelles dispositions de l’OIQ devraient aplanir ces difficultés.

Des actes supervisés

Les entreprises internationales, qui jouent la carte de la mobilité entre leurs différents bureaux mondiaux, réussissent tout de même à faire travailler au Québec des ingénieurs non inscrits à l’Ordre.

Chez Hatch, plus de 500 employés travaillent ailleurs qu’à leur port d’attache. « Lorsqu’on travaille sur des projets à gros budget et d’une complexité extrême, on a besoin de compétences très pointues. Alors on fait parfois appel à des ingénieurs spécialisés de nos centres d’excellence ailleurs dans le monde afin de composer la meilleure équipe pour le projet qui nous est confié », explique Stéphane Raymond, directeur du bureau de Montréal de Hatch.

La firme mène des projets dans 150 pays mais compte 65 bureaux et 9000 employés, dont 650 au Québec. « La mobilité est très valorisée chez nous et nos ingénieurs peuvent aller à l’étranger pour des projets ou pour occuper des postes à responsabilité », poursuit Stéphane Raymond.

La plupart du temps, ces missions sont temporaires (six mois ou plus). Dans ce cas, il n’est pas question d’entamer des procédures pour obtenir un permis de l’OIQ pour ces travailleurs en mobilité. « Tous les experts n’ont pas besoin de signer les plans, souligne le directeur. Tous les ingénieurs étrangers travaillent sous la supervision d’ingénieurs d’ici, qui sont enregistrés à l’OIQ et qui peuvent donc signer les documents qui nécessitent un sceau même s’ils ont été préparés par un collègue venu d’ailleurs. »

Cette pratique est courante dans les firmes qui font appel à des ressources étrangères temporaires. Pour celles qui viendront occuper un poste permanent, le parcours devrait être facilité dans les prochains mois.

Part des demandes de permis reçues par l’OIQ pour des professionnels formés à l’étranger (PFÉ)

· 2016-2017 : 3 247 demandes de permis reçues dont 663 de PFÉ (20 %)

· 2015-2016 : 3 181 demandes de permis reçues dont 612 de PFÉ (19 %)

· 2014-2015 : 3 250 demandes de permis reçues dont 697 de PFÉ (21 %)

Source : OIQ

Daniel et Irène, ingénieurs étrangers au Québec

Daniel Andres Molina, 37 ans, est un globe-trotter. D’origine espagnole, il a fait une partie de ses études de génie civil en Australie où il a commencé sa carrière d’ingénieur chez Hatch. Le boom minier l’a mené en Nouvelle-Calédonie, un territoire français dans le Pacifique Sud, pour un projet de mine d’exploitation du nickel. Puis, il a posé ses valises au Québec toujours pour Hatch, en 2012. Sauf qu’à Montréal, le père de famille a voulu s’installer pour de bon.

Première étape : se rendre à l’OIQ pour comprendre les procédures à effectuer. « C’était incroyable : il a suffi que je donne le nom de l’université dans laquelle j’ai passé mon diplôme, l’année et ils ont tout de suite trouvé dans leur système quels cours avaient été validés par rapport au cursus québécois », se souvient Daniel Andres Molina. Une chance : l’Australie fait partie de l’Accord de Washington, qui est une entente de reconnaissance mutuelle des diplômes d’ingénieur. Si bien que Daniel Andres Molina n’a pas eu à reprendre des cours ni à passer d’examens professionnels pour obtenir son permis de pratiquer au Québec.

Plusieurs étapes pour obtenir le permis

Il a quand même dû être ingénieur junior pendant un an et passer un examen sur l’éthique professionnelle, comme tous les ingénieurs québécois, ainsi qu’un test de français. C’est celui-ci qui lui a donné le plus de mal. Certes, il avait travaillé dans un milieu francophone en Nouvelle-Calédonie et se débrouillait bien à l’oral mais à l’écrit, c’était plus difficile. Pendant plusieurs mois, il a pris des cours de français tous les soirs de la semaine pour réussir son test.

Un an après son arrivée au Québec, l’Espagnol a pu avoir son droit de pratique de l’OIQ. « C’est une grande étape pour l’intégration professionnelle. Je n’avais plus besoin de quelqu’un pour signer les travaux que je faisais en tant qu’ingénieur. Je pouvais travailler de façon autonome », se souvient Daniel Andres Molina.

Pour Irène Biley, le processus aurait été plus compliqué. Ingénieure en Allemagne où elle avait fait ses études, elle aurait dû refaire au moins une partie du parcours pour décrocher son droit de pratique. « Quand j’ai lu les témoignages d’ingénieurs qui s’étaient lancé dans le processus de l’Ordre pour obtenir leur permis, les difficultés qu’ils avaient, les démarches qu’ils devaient engager pour faire traduire leurs diplômes, etc., je me suis dit que ça allait être un gros travail et une attente infernale pendant deux ou trois ans. Alors, j’ai préféré refaire trois ans d’études », explique Irène Biley, 37 ans, à l’époque déjà mère de famille. Elle a refait un baccalauréat en génie électrique à Polytechnique puis a trouvé un travail chez Hydro-Québec.

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