Utiliser l'aluminium à son plein potentiel


Édition du 24 Janvier 2024

Utiliser l'aluminium à son plein potentiel


Édition du 24 Janvier 2024

«Nous pouvons apprendre à utiliser davantage l’aluminium dans les ponts, les passerelles, les ouvrages d’art, l’aéronautique ou encore le transport, car nous avons l’expertise pour le faire», souligne Gilles Déry, PDG du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium. (Photo: 123RF)

INDUSTRIE DE L'ALUMINIUM. Bien qu’il produise de l’aluminium depuis plus de 100 ans, le Québec ne l’utilise pas au maximum de son potentiel. L’acier continue d’occuper une place plus importante dans le cœur des concepteurs et des transformateurs de métaux. Cependant, de nouvelles perspectives s’ouvrent pour ce matériau.

En 2015, le gouvernement du Québec dévoilait sa volonté de doubler le secteur de la transformation de l’aluminium au Québec en dix ans. «Nous n’atteindrons pas cet objectif», prévient toutefois Daniel Marceau, directeur du Centre universitaire de recherche sur l’aluminium et directeur adjoint du Regroupement stratégique sur l’aluminium.

Les PME du secteur peineraient notamment à concurrencer des compétiteurs étrangers qui vendent des pièces en aluminium à des prix dérisoires. «Nous devons trouver de nouveaux débouchés et utiliser l’aluminium dans des produits qui ne sont pas fabriqués ailleurs, soutient Daniel Marceau. Le développement de ces produits nécessite cependant des investissements majeurs qui ne sont pas toujours à la portée des PME.»

 

De nouvelles avenues

Chose certaine, le potentiel ne manque pas. «Nous pouvons apprendre à utiliser davantage l’aluminium dans les ponts, les passerelles, les ouvrages d’art, l’aéronautique ou encore le transport, car nous avons l’expertise pour le faire», souligne Gilles Déry, PDG du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium.

Actuellement, le ministère des Transports du Québec et le Centre d’expertise et d’innovation sur l’aluminium d’AluQuébec travaillent, par exemple, à la réalisation d’un pont de 15 mètres constitué d’un plateau d’aluminium sur trois poutres d’acier, construit sur le site de la forêt Montmorency de l’Université Laval. Il sera situé dans un environnement froid et humide et devra soutenir les lourdes charges de camions forestiers. Un excellent test pour démontrer la viabilité de ce matériau dans la construction d’infrastructures majeures.

Qui sait, cet ouvrage jouira peut-être un jour de la même renommée que le pont d’aluminium d’Arvida, construit entre 1943 et 1950 et désigné en novembre 2023 monument historique par ASM International, une association mondiale d’ingénieurs et de scientifiques spécialisés dans les métaux et les matériaux.

Gilles Déry mentionne également la batterie aluminium-air, qui pourrait servir à alimenter les voitures électriques. Elle aurait un potentiel environ huit fois plus élevé que celui d’une batterie lithium-ion, tout en pesant beaucoup moins lourd. La légèreté de l’aluminium constitue d’ailleurs un avantage marqué sur l’acier dans l’aéronautique et l’industrie automobile et son usage devient de plus en plus fréquent.

Au Québec, Verbom a développé un procédé de thermoformage à haute vitesse d’aluminium qui permet de former en quelques secondes seulement des pièces de carrosserie ou de structure. Elle fabrique depuis 2016 une grande partie de la carrosserie du Model X de Tesla. AMT moulage, une entreprise de moulage sous pression d’aluminium, fournit quant à elle des pièces pour environ 20% des automobiles assemblées en Amérique du Nord.

Sans oublier la poudre d’aluminium, que nous produisons en grande quantité, mais que nous exportons en quasi-totalité. «La fabrication additive, qui utilise cette poudre, est encore peu répandue au Québec, malgré une belle expertise de recherche sur ce domaine dans nos universités», déplore Daniel Marceau.

 

Vaincre les hésitations

Mais la volonté de trouver de nouveaux débouchés se heurte à des habitudes bien ancrées chez les concepteurs et les donneurs d’ordre. En mai 2022, AluQuébec avait déploré le choix d’un acier inoxydable importé des États-Unis, au détriment de l’aluminium québécois, pour fabriquer la gigantesque structure en forme d’anneau qui orne désormais l’entrée de l’esplanade de la Place Ville Marie… à deux pas des sièges sociaux d’Alcoa Canada et de Rio Tinto.

Comment expliquer que le Québec, où l’on produit de l’aluminium depuis si longtemps, reste si frileux à l’idée de l’utiliser d’une manière novatrice? «Il y a encore une certaine méconnaissance des possibilités qu’offre ce matériau, qu’on a longtemps vu par l’angle de la fameuse “canette”, croit le PDG d’AluQuébec, François Racine. C’est pourtant un matériau qui peut aussi être très résistant, en plus d’être léger et d’afficher une faible empreinte carbone.»

L’aluminium a le défaut de coûter un peu plus cher au départ, mais il assure un meilleur coût total de possession. Il exige peu d’entretien et dure longtemps. Il est en outre recyclable à l’infini et est capable de retrouver ses propriétés d’origine lorsqu’il est revalorisé.

Afin de mieux faire connaître les propriétés de l’aluminium auprès des entreprises et des professionnels, notamment les ingénieurs, mais aussi auprès des étudiants universitaires et collégiaux, AluQuébec a lancé le projet Alu-Compétences en mars 2022. Il crée et fournit du matériel pédagogique à jour dans plusieurs programmes, comme le génie, l’architecture ou le design industriel.

«Si nous faisons bien notre travail de sensibilisation, les gens réaliseront tous les avantages de l’aluminium et ce matériau s’imposera de plus en plus», croit François Racine.

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