Gros coups de pouce pour faire pousser les serres de chez nous

Offert par Les Affaires


Édition du 14 Avril 2021

Gros coups de pouce pour faire pousser les serres de chez nous

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Édition du 14 Avril 2021

Le PDG d'Hydroserre, Sylvain Terrault, accueille assez bien les nouvelles aides gouvernementales. L’énergie représente entre 10 % et 15 % de ses coûts de production. (Photo: courtoisie)

AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE. Le gouvernement québécois met toute la gomme pour doubler le volume de la culture serricole au Québec d’ici 2025, afin de favoriser l’autonomie alimentaire et de générer des retombées économiques. Sa récente Stratégie de croissance des serres au Québec 2020-2025 s’accompagne d’investissements de 91 millions de dollars (M$). S’ajoute à cela un financement de 21 M$ pour étendre le réseau électrique triphasé d’Hydro-Québec à certaines régions rurales. Dans ce réseau, le courant circule sur trois fils différents plutôt qu’un seul. Cela permet de faire fonctionner des appareils exigeant davantage de puissance, comme certaines pompes d’irrigation.

La Stratégie gouvernementale comporte plusieurs mesures s’adressant aux petits, moyens et grands producteurs, dont trois programmes phares :

1.

Une aide financière pouvant atteindre 50 % des dépenses admissibles (jusqu’à 50 000 $) pour les entreprises qui souhaitent agrandir ou moderniser leurs installations afin d’allonger leur période de production ou de diversifier leur offre.

2.

Une aide financière pouvant atteindre 50 % des dépenses admissibles (jusqu’à 600 000 $) pour des projets de modernisation ou d’augmentation des superficies de culture.

3.

Un remboursement de 40 % des factures mensuelles d’électricité afin de financer certaines dé- penses dans le cadre de projets de développement d’au moins 3 M$.

 

Aide sur mesure

Éric Dubé, PDG des Serres Toundra, juge que le gouvernement a frappé dans le mille. «Je crois qu’il va atteindre son objectif de doubler la superficie, car tous les types de producteurs reçoivent des programmes taillés sur mesure, confie-t-il. Nous avons même décidé de devancer la troisième phase de construction de nos serres en raison de ces appuis.»

Les Serres Toundra vendent des concombres depuis 2016. L’entreprise de Saint-Félicien utilise une technologie de pointe importée des Pays-Bas et des procédés écoresponsables. Elle n’arrose ses plants qu’avec de l’eau de pluie ou de la neige fondue. Elle se chauffe avec les rejets thermiques d’une usine de pâte et papier de Résolu, de laquelle elle récupère aussi le CO2 pour alimenter ses plants en gaz carbonique. Sans compter qu’elle n’emploie que des cordes biologiques et que les 80 millions de supports à plants qu’elle utilise annuellement sont composés d’acier biodégradable plutôt que de plastique.

L’entreprise a annoncé en décembre le démarrage d’une troisième phase d’expansion. L’investissement de 50 M$ portera sa capacité de production totale à 28 hectares. Les nouvelles installations seront opérationnelles en novembre prochain.

Les Serres Toundra bénéficieront surtout du remboursement d’une partie des factures d’électricité mensuelle incluse dans la Stratégie de croissance. Desjardins, Investissement Québec et le MAPAQ soutiennent également son projet.

 

Dépense énergétique

Par ailleurs, le tarif électrique de 5,59 cents le kilowattheure dont bénéficiait la dizaine de grands producteurs serricoles sera désormais offert aussi aux petits et aux moyens producteurs.

Éric Dubé rappelle toutefois que ce tarif vient avec l’obligation de diminuer sa consommation en période de pointe, lorsqu’Hydro-Québec le demande. Cela contraint les producteurs à recourir à une autre source d’énergie pendant un certain temps. « Je ne peux pas éteindre l’éclairage dans mes serres très longtemps, car cela compromettrait la récolte », illustre-t-il.

Chez Hydroserre, le PDG Sylvain Terrault accueille lui aussi assez bien les nouvelles aides gouverne- mentales. Fondée en 1987, l’entreprise dont le siège social est à Mirabel cultive 30 hectares, surtout des laitues hydroponiques, des poivrons et des concombres biologiques. S’ajoutent à cela environ 65 % des transplants de légumes utilisés par les maraîchers québécois. La société en pleine expan- sion a acquis les Serres Lefort en mars 2020 avant d’enchaîner avec un complexe de serres à Portneuf, racheté de Sagami en août.

L’énergie représente entre 10% et 15% de ses coûts de production, selon la saison et les cultures. «Notre défi reste de produire de manière rentable, même l’hiver, explique son PDG. Pour y arriver, nous devons générer plus de légumes au mètre carré, ce qui exige plus d’énergie, notamment pour l’éclairage nécessaire à la photosynthèse l’hiver. Donc les tarifs d’électricité constituent toujours un enjeu. »

Bien cibler la générosité
Sylvain Terrault craint toutefois que l’aide étatique provoque des effets indésirables. « Les programmes sont très bien, mais si tout le monde se met à cultiver de la tomate, les prix vont s’écrouler, prévient-il. La serriculture coûte cher en immobilisation, donc si la rentabilité n’est pas au rendez-vous, les faillites se multiplieront. »

Le directeur général des Producteurs en serres du Québec, Claude Laniel, abonde dans le même sens. Il rappelle que les aides très généreuses consenties aux serres dans les années 1980 ont été suivies de nombreuses faillites et d’une chute des ventes. « Quand on augmente la production rapidement, les prix baissent sur le marché, rappelle-t-il. Le besoin le plus urgent reste d’aider les producteurs à se moderniser et de diversi- fier les cultures, afin que le marché puisse absorber les hausses de production. »

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