«Nous sommes un leader dans la finance climatique» - Christine Lagacé, associée, L2i Solutions

 

hristine Lagacé, associée, L2i Solutions [Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

hristine Lagacé, associée, L2i Solutions [Photo : Gilles Delisle]

Appelés à travailler à l'international à la fin des années 1990, Christine Lagacé et son mari Yves Legault constatent que les investisseurs sont de plus en plus soucieux de l'impact environnemental des projets qu'ils financent. Anticipant cette tendance au Canada, ils orientent peu à peu la PME qu'ils ont fondée en 1999, L2i Solutions, vers la finance climatique, plus spécifiquement, le marché du carbone.


«C'est aussi une question idéologique», tient à préciser Mme Lagacé, 38 ans. Aujourd'hui, 90 % des revenus de L2i viennent justement de la finance climatique.


Il existe des normes pour les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui définissent ce qui est acceptable selon l'industrie. De plus, au Québec, une loi entrera en vigueur le 1er janvier prochain : les 117 entreprises qui rejettent dans l'atmosphère plus de 25 000 tonnes de GES par an devront réduire leurs émissions ou les compenser en achetant des crédits de carbone auprès d'entreprises qui émettent moins de GES que la norme de leur industrie. Ceci dit, même si elles ne seront pas soumises à cette nouvelle loi, bien des entreprises ont commencé à réduire leur empreinte environnementale.


Le rôle principal de L2i est de faire le bilan GES de ses clients.


Si aucune loi ne contraint les émetteurs de moins de 25 000 tonnes de GES par an de réduire leurs émissions même si elles en émettent plus que la norme de leur industrie, ils ne perdent rien pour attendre. Il est prévu qu'en 2015, la loi s'attaquera à des secteurs en particulier, dont le transport. D'ailleurs, plusieurs entreprises ont commencé à réduire leurs émissions, en prévision de 2015, par souci environnemental ou pour avoir des crédits de GES à vendre.


L2i, de Saint-Lambert, a donc deux catégories de clients : les vendeurs et les acheteurs de crédits de carbone. «Nous prenons des options sur les crédits en trop pour les revendre à des entreprises qui ne réussissent pas à réduire leurs émissions», explique Mme Lagacé, titulaire d'un baccalauréat en psychosociologie de la communication. Un crédit de carbone représente une tonne de GES et se vend entre 5 et 5,50 $.


Nouvel actionnaire depuis janvier


«Nous avons vendu 1,3 million de crédits de carbone jusqu'à maintenant», précise Mme Lagacé, dont l'entreprise a survécu à son divorce en 2004. La jeune femme est aujourd'hui actionnaire à parts égales de L2i avec son ex-mari et père de ses deux enfants et Benoît Gendron, propriétaire de National Vacuum, une firme spécialisée dans le traitement des déchets industriels liquides. «Yves et moi avons commis l'erreur de refuser du financement externe au début, mais nous avons remédié à la situation en vendant le tiers de nos actions à Benoît en janvier dernier.»


Parmi les clients de L2i, on retrouve Hydro-Québec, Aéroports de Montréal, la Société de transport de Mont- réal, l'Office municipal d'habitation de Montréal, le Groupe Robert, etc.


D'ici la fin de 2012, L2i offrira des solutions de protection de l'environnement touchant l'eau et la biodiversité. Même principe que pour les GES : il s'agira pour elle de comparer la consommation d'eau de ses clients avec les normes reconnues et de négocier l'achat et la vente de crédits. «Ça se fait déjà beaucoup aux État-Unis et ça s'en vient ici», affirme Mme Lagacé.


Avant Noël, L2i annoncera un partenariat avec un groupe financier pour offrir un produit d'assurance pour réduire les risques climatiques en regard des lois, des activités, de la réputation, etc.


L2i compte 38 fermes parmi ses clients en Californie, un marché où elle a abouti un peu par hasard et sur lequel elle compte beaucoup. Le Québec et la Californie ont récemment signé le Western Climate Initiative qui permet d'acheter des crédits de carbone en Californie et de les vendre au Québec et vice versa. L'Ontario signera bientôt une entente similaire ; L2i y a un bureau depuis le printemps.


Un conseil


«Identifier ses forces et ses faiblesses pour pouvoir bien s'entourer.»


Une erreur


«Au début, nous avons refusé du financement externe. Nous serions rendus plus loin si nous avions accepté.»

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