Recherchés : 25 leaders de moins de 40 ans

 
Valérie Lesage

Les jeunes Québécois étaient trois fois plus nombreux à créer leur entreprise en 2011 qu'en 2009. Les Affaires encourage ces jeunes leaders, comme ceux de tous les secteurs d'activité, en lançant le concours Créateurs d'avenir. Objectif : dénicher les 25 meilleurs jeunes leaders du Québec.


Par Valérie Lesage


L'indice entrepreneurial de la Fondation de l'entrepreneurship montre qu'il y a deux fois moins de jeunes en création d'entreprise au Québec qu'ailleurs au pays. Pourtant, sur le terrain, plusieurs s'activent pour combler ce retard.


«Globalement, la perception de l'entrepreneuriat est moins positive au Québec que dans le reste du Canada, dit Marie-Ève Proulx, de la Fondation. La peur de l'échec est plus élevée au Québec et les jeunes se sentent moins compétents. La peur de l'avenir, la perte des avantages sociaux et la crainte de ne pas avoir de revenus stables freinent aussi les jeunes.»


Ce qui compensera peut-être le manque d'entrepreneurs, c'est que ceux de la génération Y paraissent nombreux à vouloir démarrer des entreprises en série. Il existe peu d'études sur le sujet au Québec, mais le phénomène a été observé par l'Institute for the Future aux États-Unis. On le constate également lorsqu'on se rend sur le terrain des jeunes entrepreneurs.


À Québec, les fondateurs d'Abri.co, un espace de cotravail destiné aux entrepreneurs et travailleurs autonomes, sont dans la vingtaine et cumulent déjà les expériences. Greg Sadetsky, 29 ans, avait cofondé Poly9 en 2005, une entreprise Web en géomatique qui a depuis été vendue à Apple. Il étudie maintenant en biophotonique, tout en exploitant Abri.co depuis septembre 2011. Le cofondateur Philippe-Antoine Lehoux, 27 ans, est le créateur de jeuxgratuits.net, une entreprise qui lui assure un bon revenu. Il pilote aussi le Bivouac urbain, un festival d'arts numériques qui se tient dans le quartier Saint-Roch, à Québec, depuis trois ans.


«Avec Abri.co, on sous-loue un espace, on ne fera pas des millions avec ça, remarque-t-il. Mais ce qui nous intéressait, c'était la rencontre d'autres gens ayant le désir d'entreprendre. On a déjà une vingtaine de clients extraordinaires, et j'ai l'impression que des start-ups vont naître de tout ça.»


Partager la tâche et le plaisir


Les jeunes entrepreneurs, issus d'une approche éducative par projets, aiment travailler en équipe. À Montréal, Hicham Ratnani, 27 ans, s'est allié en 2009 à Ethan Song, 28 ans, pour lancer Modasuite, un site d'achats en ligne qui offre des vêtements de mode personnalisés pour hommes, à prix abordables.


«Dans une nouvelle entreprise, les hauts sont hauts et les bas sont bas. Il est important de pouvoir les partager avec quelqu'un et de pouvoir compter sur quelqu'un, car il y a tellement de choses à faire», estime le jeune homme, qui a délaissé le génie électrique et informatique pour l'entrepreneuriat.


Né dans une famille d'ingénieurs, M. Ratnani n'a pas trouvé de plaisir à calculer l'angle de l'aile d'un avion pendant son stage chez Bombardier. À 13 ans, il tirait déjà des revenus de ses propres sites Web ; à 18 ans, il était abonné à Fortune ; et quand plus tard il a été consultant chez Deloitte, il a eu la piqûre définitive pour l'entrepreneuriat. «C'est ludique et magique ! On veut changer le monde. Je fais partie de la génération qui n'a pas de barrières, qui a voyagé. Et Internet abolit les frontières... Mon équipe est une famille, on s'adore ! Ensemble on parle plusieurs langues, si bien que l'infini paraît atteignable», dit le jeune homme.


Objectif : 40 heures par semaine


Christian Marcoux, 30 ans, qui dirige une entreprise de design et mobilier de cuisine à Saint-Isidore, en Beauce, a pris son premier risque comme entrepreneur il y a 10 ans et s'est fait arnaquer par un employé. Il est reparti de zéro. Aujourd'hui, il a 14 employés et assume l'excédent de travail, car les commandes abondent.


«J'ai comme objectif de me tasser des opérations courantes pour la gestion. Et puis, je ne veux pas passer à côté de ma vie de famille, ça me distingue des autres générations. D'ici quatre à six mois, je veux avoir un horaire de 40 à 50 heures», dit ce père d'une fillette, qui reste à l'affût des occasions dans l'immobilier.


Enceinte d'un deuxième enfant, Mélanie Boissonneault, 35 ans, qui a ouvert une école privée trilingue à Sainte-Marie-de-Beauce en 2009, doit aussi concilier travail et famille.


«Je n'ai pas de diplôme en administration, mais je n'exclus pas d'aller acquérir ces connaissances quand mon bébé sera plus grand», dit cette ancienne enseignante, devenue directrice d'une des 18 écoles privées trilingues du réseau québécois Vision.


Elle gère l'expansion de sa famille en même temps que celle de l'école, qui accueillera l'an prochain tous les niveaux scolaires et 132 élèves. Son projet est aussi celui de sa communauté, puisque Mme Boissonneault a convaincu les gens d'affaires de sa municipalité d'investir dans la construction de l'école.


«Je leur ai fait valoir les bienfaits de former chez nous une main-d'oeuvre trilingue et ouverte sur le monde. Ils ont vu que c'était une bonne idée !»

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