À peine connu il y a 10 ans, l’investissement d’impact a fait du chemin. Conçu pour générer des retombées sociales et environnementales positives et mesurables tout en procurant des rendements intéressants, il n’a cessé de gagner des partisans. Un intérêt palpable qui va de pair avec le niveau d’attention que lui accordent les sociétés en quête de financement et qui est appelé à grandir.
L’expansion est impressionnante. Les actifs sous gestion liés à l’investissement d’impact au Canada ont atteint 20,3 milliards en 2019, a récemment souligné le rapport annuel des tendances 2020 de l’Association pour l’investissement responsable (AIR), basée à Toronto. Il s’agit là d’un bond de 38 % par rapport au niveau de 14,75 milliards de 2017. À l’époque, il avait déjà doublé depuis 2015 et quadruplé depuis 2012, a poursuivi le rapport, qui couvrait plus d’une centaine de gestionnaires et propriétaires d’actifs.
Les organisations vouées à des causes sociales ou environnementales ont souvent composé avec des moyens limités pour récolter les capitaux nécessaires à leurs missions. Or en établissant un lien entre investisseurs et organisations, l’investissement d’impact peut faciliter l’accès aux ressources financières. Les secteurs (logement, énergie, lutte contre la pauvreté, technologie, éducation, eau, etc.) sont aussi variés que les catégories d’actifs : obligations, hypothèques, placements privés, participations dans des sociétés cotées et fonds.
La croissance des dernières années se distingue notamment par la variété des entreprises qui ont décidé d’y mettre le pied. « Par exemple, on voit davantage de compagnies en télécommunications ou de secteurs hors énergie mettre de l’avant des cadres d’investissement durable pour émettre des obligations à impact social ou des obligations vertes », dit Diane Young, gestionnaire de portefeuille principale, Revenu fixe et co-chef, Obligations de sociétés chez Addenda Capital. Le secteur immobilier, cite-t-elle en exemple, a observé une forte croissance au chapitre des fiducies de placement immobilier (FPI) qui émettent des obligations vertes. Celles-ci peuvent servir à améliorer l’efficacité énergétique des immeubles, acquérir ou développer des propriétés détenant des certifications écologiques, etc.
L’expansion est observable sur plusieurs continents. À l’échelle mondiale, la taille du marché atteint désormais environ 715 milliards $US, a relevé en juin 2020 un rapport du Global Impact Investing Network (GIIN), l’organisation sans but lucratif qui agit comme porte-parole mondial du secteur. Cependant, s’il vise l’objectif double d’un rendement intéressant et de l’atteinte d’objectifs sociaux et environnementaux, l’investissement d’impact doit également être mesurable, a rappelé le GIIN.
Pour s’assurer que les sommes investies procurent l’impact attendu, les investisseurs ciblent donc des identificateurs au préalable, ce qui peut nécessiter un certain travail de recherche et d’analyse. L’investisseur qui déciderait d’investir dans le logement sans but lucratif, par exemple, pourrait vouloir accorder une importance particulière au nombre de logements totaux qui sont offerts de même qu’au nombre de logements subventionnés. Alors que dans d’autres situations, l’institution financière responsable de solliciter l’intérêt des investisseurs offre d’emblée un portrait ultra détaillé des impacts générés : émissions de gaz à effet de serre, inclusion sociale, etc.
L’appétit provenant des investisseurs fait partie des enjeux à surveiller. Selon l’étude 2020 de l’AIR, 81 % des répondants au sondage ont placé la demande des investisseurs pour les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et l’impact au sommet des « principaux moteurs » de l’investissement responsable pour les deux prochaines années. Et malgré les effets de la COVID-19, l’intérêt est toujours au rendez-vous. Près de 60 % des répondants à un sondage du GIIN ont répondu l’an dernier que la crise ne changera probablement rien à leurs engagements, alors que 15 % se sont dit disposés à investir davantage que prévu.