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Port de Montréal: 3 jours de grève partielle des débardeurs à compter de lundi matin

La Presse Canadienne|Mis à jour le 27 septembre 2024

Port de Montréal: 3 jours de grève partielle des débardeurs à compter de lundi matin

Une grève des débardeurs pourrait être déclenchée la semaine prochaine au port. (Photo: La Presse Canadienne/Christinne Muschi)

Le syndicat qui représente les débardeurs du port de Montréal annonce une grève partielle de 72 heures à compter de lundi matin — une grève qu’il se dit prêt à ne pas exercer si certaines conditions sont remplies.

L’avis de grève a déjà été transmis pour lundi 7h jusqu’à jeudi matin 6h59 par la section locale du Syndicat canadien de la fonction publique, affilié à la FTQ, qui représente quelque 1200 débardeurs au port de Montréal.

Le débrayage partiel proposé ne toucherait toutefois que 320 de ses membres, car il ne viserait que deux terminaux de la compagnie Termont, soit ceux de Viau et Maisonneuve, précise le SCFP.

Mais l’Administration portuaire donne une idée de l’importance des répercussions potentielles: «ce geste aura pour effet de suspendre les opérations aux terminaux Viau et Maisonneuve, qui représentent 41% des conteneurs transitant au port de Montréal».

Au cours d’une rencontre avec la presse, vendredi, le conseiller syndical du SCFP et porte-parole à la table de négociation, Michel Murray, s’est toutefois dit prêt à ne pas exercer cette grève partielle de trois jours si certaines conditions sont remplies.

Ces conditions ont trait à deux litiges, dont l’un portant sur la gestion des ressources humaines, plus particulièrement le recours à des grands contremaîtres pour réaliser des tâches.

L’autre litige porte sur le recours par l’entreprise Termont à un type d’horaire qui nuit à la qualité de vie des débardeurs, selon M. Murray, et qui n’était pas censé être fréquent, selon l’entreprise. Mais ce recours est devenu fréquent depuis quelque temps, dénonce le syndicat.


Plan de continuité déclenché

Vu le contexte, l’Administration portuaire de Montréal a cru bon déclencher son plan de continuité des opérations, «afin de s’assurer que les moyens de pression qui seront exercés ne nuisent pas au reste des opérations portuaires».

L’Administration portuaire souligne que des marchandises valant près de 6 milliards $ sont attendues au port au cours des prochaines semaines. Le port de Montréal est le plus important port à conteneurs de l’est du Canada.

«Pour l’heure, nous entendons concentrer nos efforts afin que les opérations portuaires soient le moins affectées possible et nous espérons que les parties conviennent rapidement d’une voie de sortie, alors que l’incertitude sur nos activités aura un effet domino, tant sur les importateurs et exportateurs qui comptent sur le transport des marchandises que sur la population», a commenté Julie Gascon, présidente-directrice générale de l’Administration portuaire.

L’Association des employeurs maritimes — celle qui négocie avec le syndicat — a pris connaissance dans les médias des «demandes précises» exposées par le syndicat et voulait examiner celles-ci avant de commenter davantage.

Elle rappelle néanmoins que «tout arrêt de travail au port de Montréal a des conséquences majeures. Alors que le cargo manutentionné par les débardeurs de Montréal a déjà diminué de 24 % depuis 2022, nous avons la responsabilité commune d’en arriver à une convention collective signée le plus rapidement possible».

Les négociations pour renouveler la convention collective se poursuivent depuis neuf mois. Les parties se sont rencontrées en médiation jeudi et le syndicat a déposé une proposition, à la demande du médiateur, a précisé M. Murray. Il attend maintenant la réponse de l’Association des employeurs maritimes.
Les deux dernières offres patronales avaient été rejetées presque à l’unanimité.

Le syndicat a dit suivre avec intérêt ce qui se passe au sud de la frontière, alors que les syndicats de débardeurs des ports de l’est des États-Unis ont annoncé une grève le 1er octobre s’ils ne parviennent pas d’ici là à renouveler leurs contrats de travail.

M. Murray a toutefois été clair: «on n’est pas dans la même situation ; c’est un tout autre dossier». Il en veut pour preuve le fait que le syndicat des débardeurs du port de Montréal aurait pu débrayer depuis plusieurs mois déjà et qu’il a choisi de ne pas le faire.


Réactions

Les associations patronales n’ont pas tardé à réagir après l’annonce de cette grève partielle de trois jours.
«Une fois de plus, une grève menace de prendre en otage nos chaînes d’approvisionnement, mettant en péril la survie de centaines d’entreprises. C’est inacceptable. Lors du récent conflit au CN et au CPKC, nous avions réclamé une action rapide du gouvernement fédéral et le ministre (Steven) MacKinnon avait fait le bon choix, en intervenant pour imposer un arbitrage exécutoire et assurer le maintien des opérations. Il faut faire la même chose avec le Port de Montréal et envisager toutes les options possibles, de l’arbitrage exécutoire à la loi spéciale. Il y a urgence», a déclaré le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.

«L’économie québécoise ne peut se permettre un nouvel arrêt, même partiel, des activités du port qui créent une  pression sur la compétitivité des entreprises et une augmentation des coûts et des délais», a commenté pour sa part Manufacturiers et exportateurs du Québec.

Par Lia Lévesque