Cap sur les pays du BRIC

Publié le 26/06/2010 à 00:00, mis à jour le 06/06/2011 à 10:38

Cap sur les pays du BRIC

Publié le 26/06/2010 à 00:00, mis à jour le 06/06/2011 à 10:38

Par Pierre Théroux

Alors que SNC-Lavalin est déjà un chef de file à l'international, son président, Pierre Duhaime, veut accroître sa présence à l'étranger. Dans sa mire : les pays du BRIC, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-est.

Pierre Duhaime, président et chef de la direction de SNC-Lavalin, aurait pu ne jamais devenir ingénieur. Après des études en techniques de métallurgie au Cégep de Trois-Rivières, il allait intégrer le marché du travail quand des enseignants l'ont encouragé à poursuivre des études universitaires. Sa demande d'inscription rejetée par une première université, l'École Polytechnique l'accepte au baccalauréat en génie métallurgique. " J'ai été poussé par des gens qui croyaient en moi, qui voyaient que j'avais les capacités d'aller plus loin ", se rappelle-t-il.

Ils ont eu raison. En poste depuis 2009, Pierre Duhaime a de grandes ambitions pour l'entreprise. " Nous sommes déjà le chef de file mondial dans le secteur des mines et de la métallurgie, nous allons le devenir dans les domaines de la pétrochimie, de l'énergie et des transports ", affirme-t-il.

Compte tenu de son passé, il ne faudrait surtout pas penser qu'il s'agit de paroles en l'air. C'est en effet sous la gouverne de M. Duhaime que le secteur des mines et métallurgie, alors une petite division quand il en a la pris charge en 2003, est rapidement devenu le numéro un mondial. " Je sais ce qu'il a fallu pour qu'on y arrive. Maintenant, appliquons la formule à d'autres secteurs d'activité ", dit-il avec l'assurance qui le caractérise.

Le nouveau président " a le leadership, les connaissances et la vision nécessaires pour faire progresser l'entreprise. Il a un excellent sens des affaires et ses compétences en ingénierie et en gestion de projet sont impressionnantes ", affirme Gilles Laramée, chef des affaires financières chez SNC-Lavalin.

" Il a une excellente connaissance de l'entreprise et comprend très bien les besoins des clients ", ajoute Claude Mongeau, président et chef de la direction du CN, qui siège au conseil d'administration de SNC-Lavalin depuis 2003.

Une machine à acquisitions

Pierre Duhaime pourra aussi miser sur l'expertise et sur la réputation de SNC-Lavalin, qui célébrera ses 100 ans d'existence l'an prochain, pour mener à bien ses projets. " On ne part pas de zéro. Dans le secteur des produits chimiques et du pétrole, par exemple, nous sommes peut-être les dixièmes du monde. Nous travaillons déjà à des projets importants dans différents pays. Maintenant, ce qui nous manque, pour nous hisser au premier rang, c'est la masse critique. Peut-être avons-nous besoin de doubler le nombre d'employés dans ce secteur ? " demande M. Duhaime.

Une approche qui passe entre autres par des acquisitions. Au cours des cinq dernières années, elles ont joué un rôle majeur dans la croissance de SNC-Lavalin. L'entreprise de génie-conseil a déboursé plus de 350 millions de dollars (M$) afin d'acquérir une quarantaine d'entreprises employant quelque 5 700 personnes.

" La société est une machine à acquisitions. La taille qui augmente engendre souvent la complexité. Mais grâce à sa culture organisationnelle et à son siège social fort, elle réussit à bien les intégrer et à garder le contrôle ", note Louis Hébert, professeur en stratégie d'entreprise à HEC Montréal.

En décembre dernier, SNC-Lavalin acquérait la brésilienne Marte Engenharia et ses 1 000 employés, qui se spécialisent dans la conception de postes électriques et de lignes de transport à haute tension.

" Nous étions en pays connu. Nous sommes déjà implantés au Brésil, et Marte Engenharia oeuvre dans un secteur qui nous est très familier. C'est le principe de la croissance par voisinage ", explique Pierre Duhaime.

Autre trait commun : le Brésil, tout comme le Québec et ses grandes étendues, doit transporter son énergie hydroélectrique sur de longues distances.

Association avec une... banque !

La Russie est un autre exemple de bon voisinage. SNC-Lavalin s'y est installée parce qu'elle y a vu un pays semblable au Canada, grâce à ses ressources naturelles et à ses particularités climatiques. En août 2009, dans le but d'accroître sa position stratégique dans ce pays, elle a acquis une participation de 48 % dans une société d'ingénierie russe spécialisée dans le raffinage du pétrole, le traitement du gaz, et les produits pétrochimiques.

En début d'année, SNC-Lavalin s'est associée à une société d'État, la Banque russe Vnesheconombank (Banque pour le développement et les affaires économiques extérieures), pour créer VEB Engineering. Cette nouvelle société russe, détenue par SNC-Lavalin à hauteur de 49 % et par la société d'État à hauteur de 51 %, fournira une assistance technique à l'institution financière et effectuera des vérifications techniques et budgétaires pour des projets industriels ou d'infrastructures financés par la banque.

L'association avec une institution financière est une première pour SNC-Lavalin et pour le secteur de l'ingénierie. " Nous n'étions pas seuls dans les rangs. En effet, d'autres entreprises d'ingénierie parmi les plus importantes du monde ont aussi été approchées pour se joindre à elle ", souligne Pierre Duhaime.

La réputation et l'expertise de la firme québécoise lui ont permis de remporter la mise. " Nous étions déjà présents en Russie, et comme nous, la Banque a des clients dans des secteurs aussi diversifiés que l'énergie, les mines, le pétrole ou les pâtes et papiers ", précise-t-il.

Pour SNC-Lavalin, cette association offre l'avantage d'être " en contact direct avec d'éventuels investisseurs, clients de la Banque, qui ont des projets de développement auxquels nous pouvons collaborer ", dit M. Duhaime.

Les pays du BRIC

Ce n'est pas par hasard que la plupart des récentes acquisitions du géant de l'ingénierie et de la construction ont été réalisées en Russie et au Brésil. L'entreprise, qui souhaite accroître la proportion de ses activités à l'extérieur du Canada, cible principalement les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Elle s'intéresse aussi aux régions du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-est.

" Nous sommes déjà le plus important groupe étranger d'ingénierie-construction au Brésil et en Russie, l'un des plus importants en Inde, et nous continuons de consolider ces positions où nous disposons d'une longueur d'avance ", dit Pierre Duhaime.

Aua cours des 10 dernières années, les revenus de l'entreprise ont bondi de 1,5 milliard de dollars (G$), en 2000, à 7,1 G$ huit ans plus tard, avant de subir les effets de la crise et de baisser à 6,1 G$ en 2009. Cependant, la répartition de leur provenance entre le Canada et l'étranger est, bon an mal an, restée sensiblement la même, à environ 50-50. Actuellement, 53 % de ses revenus viennent de contrats obtenus au Canada. SNC-Lavalin tire 15 % de ses revenus d'Afrique, 10 % du Moyen-Orient, 9 % d'Europe, 5 % d'Amérique latine, 4 % des États-Unis et 3 % d'Asie.

Pensée mondiale, approche locale

Usine de dessalement en Algérie, aluminerie aux Émirats arabes unis, mine de nickel à Madagascar, projet hydroélectrique en Inde : SNC-Lavalin est présente aux quatre coins de la planète.

D'ici cinq ans, l'entreprise entend augmenter à 70 % le pourcentage de ses contrats obtenus à l'étranger. " L'objectif est de recréer cinq ou six SNC-Lavalin dans autant de régions du monde ", dit Pierre Duhaime. La société, qui a des bureaux dans tout le Canada et dans plus de 35 autres pays, travaille dans une centaine de pays.

Pourtant, malgré son émergence économique au cours des dernières années, l'Asie a été négligée, reconnaît Pierre Duhaime. " Ça rejoint le principe du voisinage. On y était moins présent et on y faisait davantage des projets ponctuels. " Or, précise-t-il, il n'est plus envisageable de réaliser un projet dans un pays et de partir une fois les travaux terminés. " Ça prend un engagement à long terme. Il faut aussi s'implanter de façon permanente avec des bureaux, des dirigeants et des employés locaux ", dit-il.

Cette vision est une des clés du succès de Lavalin, estime Louis Hébert. " Une entreprise a le choix d'aller à l'étranger comme touriste ou citoyen. SNC-Lavalin a fait le choix d'avoir des racines et, dans un contexte de mondialisation, ça joue en sa faveur ", précise-t-il.

Expérience sur le terrain

L'expérience même de Pierre Duhaime sur le terrain, dans plusieurs pays, est aussi un atout pour les visées internationales de la firme. " Il a travaillé sur plusieurs chantiers à l'étranger. C'est un grand avantage, Quand on lui parle d'une région, il est très au courant ", souligne Gilles Laramée.

Ces dernières années, Pierre Duhaime a supervisé l'avancement de quelques-uns des plus importants projets miniers de SNC-Lavalin dans le monde : la mine de zinc Skorpion dans le désert de Namibie, le projet de nickel de Goro en Nouvelle-Calédonie et, plus près, la mine de diamants de Diavik dans le Grand-Nord canadien.

" Travailler à l'étranger nous met davantage en contact avec les gens du pays et le potentiel de développement des affaires ", dit-il, en s'empressant d'ajouter que SNC-Lavalin, " ce n'est pas le show de Pierre Duhaime, mais le travail des 22 000 employés de la société qui rament ensemble pour aller de l'avant ".

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