Profiter du dollar pour accroître sa productivité

Publié le 28/05/2010 à 14:15, mis à jour le 06/06/2011 à 11:29

Profiter du dollar pour accroître sa productivité

Publié le 28/05/2010 à 14:15, mis à jour le 06/06/2011 à 11:29

Par Jean-Paul Gagné

Les entreprises doivent profiter des programmes disponibles pour optimiser leurs processus de production, et de la force du dollar canadien pour moderniser leurs équipements.

On le dit et on le redit : la productivité des entreprises québécoises est inférieure à celle des ontariennes. Qui plus est, les sociétés canadiennes ont une productivité inférieure à celle de leurs homologues américaines. Quand on sait que les États-Unis sont de loin notre principal marché d'exportation, cet écart de productivité nuit à notre compétitivité face à notre concurrent le plus important.

Plusieurs facteurs expliquent cette situation : la taille plus importante des usines américaines, une réglementation moins coûteuse, une semaine de travail plus longue, une plus grande propension des dirigeants d'entreprises américaines à investir dans les nouvelles technologies, un contrôle des coûts plus serré et une gestion plus rigoureuse des ressources, en particulier de la main-d'oeuvre. Par exemple, on réduit l'emploi plus rapidement lorsque la production baisse.

De plus, comme le taux de syndicalisation du secteur privé est beaucoup plus bas aux États-Unis, les employeurs ont plus de souplesse dans l'organisation du travail. La règle de l'ancienneté dans l'attribution des postes y est moins répandue et le cloisonnement des tâches y est moins rigide, notamment dans le secteur de la construction, qui n'est pas intégralement syndiqué comme c'est le cas au Québec. Cependant, les États-Unis ne sont pas un paradis sur toute la ligne. Le fardeau fiscal des entreprises américaines est tout aussi, sinon plus élevé dans certains secteurs, et les coûts d'assurance-maladie des grandes entreprises y sont beaucoup plus onéreux (de trois fois et plus).

Les PME n'offrent pas toujours de programmes d'assurance-maladie, mais cela deviendra obligatoire à cause de la nouvelle loi de l'administration Obama sur la réorganisation du financement de la santé.

De plus, parce qu'elles doivent respecter des mesures de promotion sociale (affirmative action) pour leur main-d'oeuvre, les entreprises situées dans les régions plus multiculturelles doivent composer avec des lourdeurs administratives (pour le recrutement et la formation), et parfois même, des coûts liés à une mauvaise intégration et à un manque de cohésion des équipes de travailleurs.

Travailler mieux

Il est certain qu'on produit moins quand on travaille moins. Il est aussi évident qu'on peut produire davantage si l'on travaille mieux ! Or, travailler mieux nécessite des équipements modernes et efficaces, mais ce n'est pas tout. C'est aussi une affaire de processus de production et d'organisation du travail.

Le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation offre un excellent programme d'aide à l'optimisation des processus de production. Plusieurs PME y ont eu recours et ont réalisé des gains importants de productivité. De même, sur le plan de l'amélioration continue, des entreprises ont su bénéficier de la formation et des outils développés par le Mouvement québécois de la qualité. Il ne faut pas hésiter à recourir aux services offerts par ces organismes.

Profiter de l'occasion

Après avoir profité de la faible valeur du dollar canadien pendant quelques décennies pour rester concurrentielles, nos entreprises doivent retrousser leurs manches. La donne a changé. La remontée du dollar canadien a rendu nos exportations plus coûteuses pour les acheteurs étrangers.

L'appréciation du dollar canadien a toutefois un effet positif non négligeable en rendant moins cher l'achat de machinerie et de logiciels aux États-Unis et en Europe. Nos entreprises auraient tort de ne pas profiter de cette occasion pour moderniser leurs équipements de production. Cela leur permettrait d'améliorer leur productivité.

Autre facteur. Parce que la récession a été plus sévère aux États-Unis qu'au Canada, les sociétés américaines ont davantage réduit leurs coûts que les entreprises canadiennes. Or, une fois la reprise de l'économie enclenchée, les sociétés américaines accroîtront leur productivité à un rythme plus rapide que leurs homologues canadiennes.

Voilà pourquoi il est crucial que nos entreprises profitent à la fois des programmes disponibles pour optimiser leurs processus de production, et de la force du dollar canadien pour moderniser leurs équipements.

La conjoncture économique étant favorable à l'investissement, il serait dommage que les entreprises n'en profitent pas pour améliorer leur productivité.

 

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