Le Québec veut dominer le transport vert


Édition du 20 Mai 2017

Le Québec veut dominer le transport vert


Édition du 20 Mai 2017

Le ­Québec compte de 1 600 à 1 700 bornes de recharge pour voitures électriques.

Le Québec rêve de devenir un carrefour important de l'électrification des transports. Alors que l'essor des voitures électriques se fait sentir, des efforts restent à faire pour électrifier le transport collectif et de marchandises, ainsi que pour développer l'industrie.

«L'électrification des transports vise à diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur des transports et à créer une industrie génératrice de croissance et de richesse», explique Isabelle Gattaz, coordonnatrice, électrification des transports au ministère des Transports du Québec (MTQ).

En 2015, le Québec s'est doté d'un plan d'électrification des transports, visant à devenir un chef de file dans ce domaine d'ici 2020. Son enveloppe budgétaire initiale de 420 millions de dollars (M$) a été bonifiée de 70 millions supplémentaires au budget 2017-2018, notamment pour un projet pilote de rabais relatif à l'achat de voitures électriques usagées ou d'occasion.

Nous roulons de plus en plus vert

Pour le moment, le secteur des véhicules électriques est le plus avancé. L'infrastructure se déploie rapidement. Le Québec compte de 1 600 à 1 700 bornes de recharge, dont environ 200 de 400 volts permettant une recharge plus rapide. «Le nombre de véhicules électriques ou hybrides est passé de 8 400 en décembre 2015 à 14 273 en mars 2017, illustre Isabelle Gattaz. La croissance des voitures entièrement électriques dépasse désormais celle des hybrides. On en trouvait 6 341 sur nos routes en mars 2017.» Le Québec souhaite que 100 000 véhicules électriques ou hybrides sillonnent ses routes en 2020.

Cette croissance est ralentie par l'offre trop faible des constructeurs. Les manufacturiers ne présentent des gammes vraiment complètes que sur les marchés où s'appliquent des lois sur les véhicules à zéro émission de GES, ce qui sera le cas au Québec dès 2018. Les fabricants devront offrir une certaine proportion de véhicules à zéro émission chez leurs concessionnaires.

Le développement se fait plus lentement du côté du transport de marchandises, mais connaît un bel essor en transport collectif. «Plusieurs sociétés des transports, notamment à Montréal, à Longueuil et à Québec, y oeuvrent, indique Isabelle Gattaz. Cela reste un défi, puisqu'il faut repenser l'organisation du travail, des circuits et de l'entretien, mais il y a aussi des avantages. L'électricité arrive directement dans les garages, ce qui est plus simple que d'accueillir des camions-citernes remplis d'essence, par exemple.»

Alexandre Taillefer préside le comité de mise en place de la toute nouvelle grappe industrielle pour les véhicules électriques et intelligents, annoncée en avril 2017. Pour lui, il est temps que le Québec mette le cap sur le transport collectif et le transport de marchandises. «On prévient l'émission d'environ une tonne de GES par année avec une voiture électrique, alors qu'un camion faisant régulièrement Montréal-Toronto en émet 200 annuellement. Il faut électrifier le transport de marchandises, comme le transport collectif.»

L'arrivée de la grappe ne vise pas seulement l'atteinte d'objectifs environnementaux, mais aussi le développement de l'industrie de l'électrification des transports. Pour contourner les GM, Tesla et autres Toyota qui trônent dans le secteur des automobiles, le Québec se tourne vers les pièces et les véhicules de niche, comme les navettes, les véhicules récréatifs, les autobus scolaires et autres bennes à ordures.

«Le succès passera par les entrepreneurs, croit M. Taillefer. La grappe les aidera à collaborer et à faire entendre leur voix au gouvernement, pour l'amener à créer un environnement favorable à leur croissance.» Au Québec, cette industrie compte déjà de beaux succès. Que l'on pense à AddÉnergie, manufacturier de solutions de recharge, ou au fabricant de pièces en aluminium estrien Verbom, qui contribue à la Tesla X.

Montréal ambitieuse

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a pour objectif de faire de sa ville la métropole mondiale de l'électrification des transports. En 2016, la Ville lançait sa propre stratégie; elle tente depuis de donner l'exemple. Les voitures de la flotte municipale, par exemple, sont systématiquement remplacées par des modèles électriques lorsqu'elles arrivent en fin de vie.

«Montréal entend assumer un leadership dans l'électrification des transports au Québec, avance Elsie Lefebvre, conseillère municipale et responsable de l'électrification des transports. Nous travaillons en lien avec la stratégie québécoise, mais aussi en vue d'atteindre nos propres objectifs.»

La Ville veut se donner une longueur d'avance dans cette industrie et attirer les investisseurs au Québec. En avril dernier, elle annonçait l'octroi de 3,6 M$ sur deux ans pour créer l'Institut de l'électrification et des transports intelligents, chargé de faire de la recherche et d'attirer les entreprises. La tenue d'une course de Formule E à Montréal vise aussi à faire venir les constructeurs afin de les courtiser. «C'est tout l'enjeu : être reconnu mondialement», conclut Mme Lefebvre.

Le plan fédéral Transport 2030 comprend lui aussi une promesse de collaboration avec les provinces et les territoires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports de 30 % sous les niveaux de 2005. Le gouvernement veut notamment investir dans les bornes de recharge et le transport d'électricité, en plus d'adapter le cadre réglementaire aux technologies émergentes, comme les véhicules connectés et autonomes.

Reste à voir si cet effort concerté suffira à faire du Québec un chef de file dans ce secteur hautement convoité.

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