Volkswagen: un nouveau trimestre en berne, la restructuration inévitable
AFP|Mis à jour le 30 octobre 2024Volkswagen souhaite réaliser des économies de l'ordre de 15 milliards de dollars d'ici 2030. (Photo: Adobe Stock)
Le constructeur automobile Volkswagen, fleuron en crise de l’industrie allemande, a fait état mercredi de résultats alarmants au troisième trimestre, rendant encore plus incontournable, selon lui, le plan drastique d’économies en préparation.
Le principal groupe automobile européen a vu son bénéfice net chuter de 63,7% entre juillet et fin septembre, à 2,4 milliards de dollars au troisième trimestre, plombé par des coûts élevés et la baisse des ventes en Chine, son principal marché.
«Nous devons intensifier nos efforts pour rester compétitifs. Et nous devons agir maintenant. Tout retard serait irresponsable», a déclaré Arno Antlitz, directeur financier du groupe, lors d’une conférence en ligne.
Volkswagen est engagé dans le plan de restructuration le plus important de son histoire, avec des dizaines de milliers d’emplois menacés. Une deuxième séance de négociations a commencé mercredi avec les représentants syndicaux déterminés, y compris par des grèves, à empêcher des fermetures d’usines en Allemagne, qui seraient une première en 87 ans d’histoire du groupe.
Volkswagen souffre de la baisse de ses ventes, notamment en Chine, où le groupe réalise un tiers de ses ventes et où les fabricants locaux de voitures électriques grignotent ses parts de marché.
Sur un volume total de ventes en recul de 7% au troisième trimestre, la croissance en Amérique du Nord (+6,4%) n’a pas réussi à compenser la baisse marquée de 15% en Chine.
Les ventes des modèles électriques chutent également de 10% au troisième trimestre.
Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice net du groupe recule de 30% et le résultat opérationnel de 20%, par rapport à l’an dernier.
«Réduire les coûts»
Volkswagen a aussi subi l’impact de «charges de restructurations», en lien notamment avec la fermeture à venir d’une usine Audi en Belgique, ainsi que la hausse des coûts fixes, indique le communiqué.
La marge opérationnelle du groupe aux dix marques, de VW à Porsche, a chuté, à seulement 5,4% en moyenne les neufs premiers mois de l’année, contre 6,9% au cours de la même période en 2023.
En cause: les ventes des voitures haut de gamme Porsche et Audi, les plus rentables, ont fondu, tandis que la rentabilité de la marque historique VW, avec ses prix moins élevés, est en berne, à seulement 2% sur neuf mois, un niveau désastreux au regard de l’objectif visé, à 6,5% d’ici 2026.
«Il est urgent de réduire considérablement les coûts et de réaliser des gains d’efficacité», a indiqué Arno Antlitz, alors que le groupe a annoncé en septembre préparer un plan d’économies sans précédent.
Arrivé à la tête du groupe fin 2022, le PDG Oliver Blume avait lancé un chantier pour restructurer la marque phare VW, destiné à réaliser 15 milliards de dollars d’économies et atteindre une marge opérationnelle comprise entre 9 et 11% d’ici 2030.
Un objectif loin d’être atteint, qui pousse désormais le groupe à aller plus loin, au prix de «décisions difficiles et douloureuses», selon Arno Antlitz.
Négociations
La direction du groupe affirme n’avoir pas arrêté tous les détails du plan d’économies: «cela dépendra des usines […]», a dit Arno Antlitz, mercredi.
Seul impératif: «Nous devons nous assurer que le compromis trouvé sera significatif pour que VW puisse atteindre sa marge de 6,5% […] et puisse être capable d’investir dans des projets futurs pour elle-même sans dépendre du groupe», a-t-il expliqué.
Selon le quotidien Handelsblatt, qui cite des documents internes, la seule mesure de réduction de 10% des salaires des employés permettrait au constructeur d’économiser plus de 1,2 milliard de dollars par an, bien plus que des fermetures d’usines.
Des grèves sont possibles chez le plus important employeur industriel d’Allemagne, après une période de dialogue social obligatoire, soit à partir de décembre.