(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Il y a 100 ans, le financier Charles Ponzi était arrêté pour une fraude massive dont la mécanique a gardé son nom.
Dans un stratagème « Ponzi », un financier sans scrupule offre aux investisseurs des rendements élevés grâce à un mécanisme généralement opaque et mystérieux, et supposément sans risque. Plusieurs investisseurs crédules ne peuvent résister à de telles promesses de faire de l’argent facile. Dans le cas de M. Ponzi, il promettait un rendement de 50% tous les 45 jours. Rien que ça! Comment résister à une telle offre, sachant que, avec de tels rendements, un investissement de 100 $ vaudrait la coquette somme de 1 385M$ après seulement cinq ans. Avec des promesses semblables, on peut comprendre que plusieurs investisseurs n’ont pas osé poser trop de questions quant à la machine infernale de M. Ponzi.
Or, comme on le sait, M. Ponzi utilisait l’argent investi par les nouveaux investisseurs pour payer les premiers investisseurs lui ayant fait confiance. On peut se douter que des rendements aussi spectaculaires ont vite fait le tour de la ville de Boston où M. Ponzi opérait. Dans un article récent paru dans le Wall Street Journal, il est rapporté que M. Ponzi a lui-même écrit : « Une longue file d’investisseurs, quatre personnes de front, partait de l’annexe de l’Hôtel de Ville, longeait l’avenue City Hall et School Street jusqu’à l’entrée de l’édifice Niles, puis montait les escaliers et suivait les corridors… jusqu’à mon bureau! »
Un stratagème Ponzi peut se poursuivre longtemps… tant que de nouveaux investisseurs injectent suffisamment d’argent pour continuer de payer les investisseurs précédents, mais ce ne sera qu’une question de temps avant que la pyramide s’écroule sous son propre poids. Dans le cas du stratagème Ponzi original, il aura duré moins d’un an et entraîné des pertes substantielles pour de nombreux investisseurs stupéfaits.
Le stratagème Ponzi a beau avoir maintenant 100 ans, il n’a pas pris une ride. On n’a qu’à se rappeler du nom de Bernard Madoff qui a été à la tête du plus grand stratagème Ponzi de l’histoire et qui est allé en prison en 2009, après avoir floué les investisseurs pour la somme incroyable de plus de 17G$ US.
Les gens ont tendance à croire que de telles fraudes ne touchent que les autres. Personnellement, je me souviens avoir reçu un promoteur à nos bureaux au milieu des années 2000. Il offrait d’investir dans un véhicule de placement promettant un rendement de 8% «sans risque et sans impôt». Je lui ai demandé de m’expliquer comment de tels rendements pouvaient être possibles alors que les obligations gouvernementales offraient environ 4%. Ce dont je me souviens de sa réponse est que la firme avait développé une méthode unique utilisant les paradis fiscaux et l’effet de levier pour obtenir ces rendements. Bien sûr, il était impossible d’entrer dans les détails de la stratégie pour des « raisons de concurrence ».
Nous avons passé notre tour quant à cette « occasion » car, avant d’investir dans quoi que ce soit, nous désirons bien comprendre le mécanisme qui permet d’obtenir des rendements. Or, en 2012, j’ai appris en lisant les journaux que le fonds d’investissement qui m’avait été offert était une fraude et que son principal promoteur, Allen Stanford, avait été déclaré coupable d’une fraude « à la Ponzi » et qu’il servait une peine de 110 ans de prison.
En investissement, il faut être sceptique face à tout ce qui semble être trop beau pour être vrai. De plus, je me souviens que mes premiers cours de finance m’ont appris une règle de base de l’investissement : les rendements élevés viennent obligatoirement avec des risques élevés. Les repas gratuits n’existent pas en Bourse.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements, COTE 100