Marché des options: 5 stratégies à utiliser


Édition du 30 Janvier 2016

Marché des options: 5 stratégies à utiliser


Édition du 30 Janvier 2016

Par Stéphane Rolland

[Photo : iStock]

De la quête de revenus à la gestion de risque, en passant par les astuces fiscales, voici cinq stratégies différentes qui pourraient contribuer à vos objectifs de placement. À l'exception de l'astuce fiscale qui consiste à reporter à plus tard le gain en capital, toutes les stratégies présentées peuvent être mises en oeuvre dans un REER ou un CELI. Notez que d'autres méthodes plus risquées, comme la vente à découvert, ne peuvent être appliquées que dans un compte non enregistré.

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1. SE FAIRE PAYER PENDANT QU'ON ATTEND SON PRIX CIBLE

Pour l'investisseur prudent, vendre des options d'achat couvertes est probablement la stratégie la plus populaire. Une stratégie est couverte lorsqu'on détient les actions qu'on promet de vendre. Cette stratégie de revenus réduit votre risque et vous impose une discipline de vente.

Lorsque vous vendez une option d'achat couverte, vous promettez à son acquéreur de lui vendre un titre, que vous détenez déjà, à un prix déterminé. « Supposons que vous possédiez des actions d'une banque valant 45 $, donne en exemple Jean Masson, directeur général chez Gestion de Placements TD. Vous seriez satisfait de les vendre à 60 $. Vous vendriez donc une option d'achat sur le titre à 60 $. Vous recevriez le revenu tiré de la vente de l'option. C'est un peu comme si votre action versait un meilleur dividende. »

Deux scénarios sont possibles. L'action de la société peut ne pas franchir le seuil des 60 $ d'ici à l'échéance. Dans ce cas, l'investisseur à qui vous avez vendu l'option ne verra pas l'intérêt de l'exercer. Vous garderez votre titre de l'institution financière, et vous aurez touché les revenus tirés de la vente de l'option. Notez que, si le titre subit une sévère correction, votre option peut faire en sorte que votre marge de manoeuvre soit réduite si vous souhaitez liquider l'action. Si l'action monte au-delà des 60 $ avant l'échéance, vous serez alors contraint de les vendre à ce prix. Vous aurez tout de même réalisé un gain de 15 $ et obtenu le revenu de la vente d'option. Vous perdrez toutefois l'occasion de vendre votre position à la valeur marchande, qui est plus élevée.

« Ça réduit le risque, résume M. Masson. Au bout du compte, ça vous donne un meilleur rendement que le titre sans option lorsque vous n'êtes pas exercé. Par contre, ça limite votre rendement maximal si les marchés performent très bien. »

Un autre avantage de cette stratégie est de vous contraindre à une discipline de vente, ajoute Robert Girard, directeur principal, développement des affaires pour Courtage direct Banque Nationale. Il donne l'exemple d'un investisseur qui achète une action à 45 $ et voudrait la vendre à 55 $. « Il pourrait mettre un ordre de vente pour liquider ses titres à 55 $. Avec les options, il obtient le même résultat, mais est payé pour le faire. »

2. SE FAIRE PAYER POUR ATTENDRE LES SOLDES

Vous avez une société sur votre écran radar, mais vous la trouvez trop coûteuse. En vendant une option de vente, vous pourriez l'acquérir plus tard à un moindre prix. Si l'aubaine ne se présente jamais, vous aurez au moins été payé pour attendre.

Lorsque vous vendez une option de vente, vous promettez à son acheteur que vous achèterez ses actions à un prix déterminé, s'il l'exerce d'ici à l'échéance. La stratégie est couverte, c'est-à-dire que vous avez l'argent pour payer les actions.

Deux scénarios sont possibles. Si la société convoitée ne descend pas sous le prix d'exercice, vous avez été payé pour patienter. Si le titre descend sous le prix d'exercice, vous l'achetez au prix d'exercice. En conséquence, vous l'achetez à un prix moins élevé que ce que vous auriez payé au moment de la vente de l'option, mais vous paierez plus cher que le nouveau cours du marché.

La stratégie n'est pas sans risque. Si votre titre subissait une correction sévère, vous pourriez être contraint de l'acheter à un prix supérieur à sa valeur au marché. Malgré tout, Martin Noël, président de Corporation financière Monétis, ne considère pas que le risque soit plus élevé que celui d'un actionnaire. « Lorsque vous achetez des actions, vous prenez le risque qu'elles baissent. C'est le même risque pour les options. Si vous aviez acheté votre société plutôt que de vendre l'option, vous auriez également subi une perte. »

Faites vos devoirs. Dans son essence, cette stratégie implique que votre sous-jacent est une action que vous désirez réellement avoir dans votre portefeuille. « Ne choisir que les options qui offrent les meilleurs revenus est suicidaire », prévient M. Noël.

3. L'ASSURANCE CONTRE LES GRANDS CHOCS

Acheter une option de vente est un peu comme contracter une assurance sur ses placements. En échange du prix à payer pour acquérir l'option de vente, vous obtenez la promesse que vous serez en mesure de vendre un titre à un prix déterminé d'ici à l'échéance. Cela permet de limiter votre perte potentielle à un certain seuil.

Cette garantie peut convenir à un investisseur qui n'a pas assez de temps pour se remettre d'une perte, comme un retraité qui devra décaisser une partie de son portefeuille, explique M. Masson. Toutefois, cette protection n'est pas gratuite. Son coût gruge votre rendement réel. En outre, plus la protection est importante ou éloignée dans le temps, plus elle sera coûteuse.

Prenons une option de vente sur l'iShares S&P/TSX 60 (Tor., XIU). Au moment d'écrire ces lignes, ce FNB s'échangeait à 18,11 $. L'option pour vendre le FNB à 17 $ d'ici au 19 février vous coûtera 0,14 $ par titre. Au même prix d'exercice, elle vous reviendra à 1,09 $ pour une échéance à la mi-décembre. Si vous voulez le vendre à 19 $ d'ici à la mi-décembre, vous débourserez 1,98 $.

À long terme, cette stratégie n'est pas payante pour les adeptes du « acheter et conserver », prévient M. Masson. De 1950 à 2015, la valeur du marché des options représentait la probabilité qu'un recul annuel d'au moins 10 % survienne 35 % du temps, selon une étude de Gestion de Placements TD. Dans les faits, ce scénario ne s'est produit que 17 % du temps.

4. REPORTER SON GAIN EN CAPITAL À L'ANNÉE SUIVANTE

L'achat d'une option de vente peut également vous servir à reporter un gain en capital à l'année suivante. Vous êtes prêt à vendre un titre en décembre. Toutefois, votre situation fiscale fait en sorte qu'il serait plus avantageux d'enregistrer un gain en capital l'année suivante. Vous craignez que le titre ne vous fasse faux bond d'ici là. « Vous pourriez prendre une option pour le vendre en janvier, suggère M. Girard. Cela permettrait de protéger votre gain en capital. »

Cette stratégie est légitime, mais il ne serait pas nécessairement judicieux de l'employer chaque année, prévient Stéphane Leblanc, associé chez EY. Il faut y aller au cas par cas. « Pour les plus fortunés, ça n'aurait pas valu la peine de [l'adopter] en décembre 2015, car le gouvernement fédéral a augmenté leur taux marginal d'imposition en 2016. »

5. PARIER SUR LA HAUSSE D'UNE ACTION AVEC UNE MISE RÉDUITE

Que diriez-vous de jouer à la table des « VIP » au prix de la machine à sous ? C'est ce que permet l'achat d'options d'achat. Cette stratégie, plus spéculative que celles que nous vous avons présentées, permet d'accroître votre rendement relatif si vous avez la main heureuse. L'effet inverse est malheureusement vrai.

Pour expliquer la mécanique, M. Girard donne en exemple l'action d'Apple (Nasdaq, AAPL), à 100 $ US au moment d'écrire ce texte. Vous êtes sûr de voir le titre s'apprécier au cours des trois prochains mois. Acquérir 100 actions vous coûterait 10 000 $ US. Une option d'achat à échéance le 15 avril 2016 vaut 5,50 $ US. Être exposé aux variations de 100 actions vous coûterait 550 $ US. « Dans ce cas, le gain potentiel relatif est plus important pour l'option que pour l'action, dit M. Girard. Si l'action d'Apple monte de 5 $ US, l'impact relatif sera plus important sur une option à 5,50 $ US que sur un titre à 100 $US. » Toutefois, si l'option n'est pas exerçable, vous pourriez perdre toute votre mise, à moins que vous ne la liquidiez à perte avant l'échéance.

À ce jeu, le temps sera également votre ennemi. Plus l'échéance se rapproche, plus la valeur temps diminue, souligne-t-il. Il faudrait que cette perte soit compensée par une augmentation de la valeur intrinsèque.

M. Girard confie que les courtiers recommandent de moins en moins l'utilisation de cette approche. « Dans son rôle d'éducation, l'industrie veut promouvoir les tactiques qui créeront de la valeur, comme les stratégies de revenus [ventes d'options]. Acheter des options d'achat n'est pas une mauvaise idée en soi, mais c'est plus spéculatif. »

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