Investisseurs: de nombreuses raisons d’être reconnaissant
Philippe Leblanc|Publié le 04 Décembre 2020(Photo: True Agency pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Nos voisins américains viennent de célébrer le Thanksgiving ou l’Action de grâces. Ayant passé quelques années à étudier aux États-Unis, j’ai toujours été épaté par l’importance que revêt cette fête, probablement la plus importante de l’année. C’est l’occasion pour tout le pays de se réunir en famille, de manger la traditionnelle dinde et de regarder deux ou trois parties de football. Traditionnellement, cette fête était l’occasion d’exprimer sa reconnaissance pour les récoltes qui venaient de prendre fin. Aujourd’hui, je crois que c’est aussi l’occasion de se remémorer toutes les raisons pour lesquelles nous devrions être reconnaissants.
Je pense en particulier à l’investisseur d’aujourd’hui. S’il en est un qui devrait exprimer des remerciements à l’occasion de l’Action de grâces, c’est bien lui. Prenez quelques moments pour réfléchir aux innombrables avantages qui se présentent à vous, comme investisseur.
Premièrement, auriez-vous sérieusement cru que les marchés boursiers auraient enregistré une hausse cette année alors que la planète tout entière était frappée par une pandémie qui allait emporter des millions de personnes et mettre l’économie mondiale sur ses genoux? Au moment d’écrire ceci, l’indice américain S&P 500 est en hausse de 13,5% (sans les dividendes) depuis le début de l’année. Il est vrai que le S&P/TSX canadien est en hausse de seulement 2,0% (sans les dividendes), mais je ne voudrais pas passer pour le «casseux de party»!
L’investisseur d’aujourd’hui a à sa disposition une foule de produits financiers à coûts très bas. Lorsque j’ai commencé à investir au début des années 1990, la majorité des investisseurs plaçaient leurs économies dans des fonds communs de placement qui chargeaient environ 2% de frais de gestion. En plus, la plupart du temps, une commission de vente initiale de 6% à 8% était perçue par le vendeur du fonds. Aujourd’hui, l’investisseur a le choix d’investir dans toutes sortes de fonds indiciels dont les frais de gestion sont aussi faibles que 0,1%. Et pour l’investisseur autonome qui choisit d’investir lui-même dans des actions boursières, il peut maintenant le faire sans payer aucune commission! Je me souviens qu’en 2000, il en coûtait un minimum de 40$ de commission pour négocier un titre avec un courtier escompteur. C’est sans compter les moyens modernes et la technologie! Un investisseur peut aujourd’hui acheter ou vendre des actions à tout moment, en un seul clic, à même son téléphone intelligent.
Parlant de technologie, j’ai lu ce matin que le vaccin développé par BioNTech en collaboration avec Pfizer avait été approuvé au Royaume-Uni. N’est-ce pas tout simplement incroyable! Combien d’experts disaient il y a quelques mois qu’il faudrait au moins trois ans pour développer et administrer un vaccin. Je sais qu’on est encore loin d’avoir inoculé la majorité de la population mondiale, mais il me semble que les investisseurs et la population en général devraient célébrer cet exploit scientifique.
Par ailleurs, si l’économie mondiale a connu les affres de la Grande Dépression des années 1930, c’est à mon avis parce que les gouvernements occidentaux et leurs dirigeants n’avaient pas encore appris le keynésianisme, développé par l’économiste John Maynard Keynes dans les années 1930, selon lequel les gouvernements doivent intervenir pour relancer une économie en difficulté en y injectant des capitaux. C’est ce qu’ils ont fait pendant la crise de 2008-2009 et c’est encore ce qu’ils font présentement pour nous sortir de la crise de la COVID. On peut remercier Keynes et la Réserve fédérale américaine.
L’investisseur a aujourd’hui accès à une quantité inimaginable d’informations sur les marchés boursiers et les entreprises qu’il convoite. Lorsque j’ai débuté dans le domaine, il fallait soit appeler, soit écrire aux entreprises pour qu’elles nous envoient leurs rapports annuels par la poste. Aujourd’hui, il suffit de quelques clics pour avoir accès à tous les rapports annuels, trimestriels, circulaires de sollicitation, présentations, communiqués de presse, présentations corporatives, transcriptions de conférences téléphoniques et j’en passe. C’est le Klondike de l’information et elle est gratuite.
Les investisseurs d’aujourd’hui ont aussi plusieurs modèles du monde de l’investissement à suivre. Pensez notamment à la richesse des conseils et des informations que nous procurent les rapports annuels de Berkshire Hathaway ou à la possibilité d’apprendre la philosophie de l’investissement valeur en lisant le livre «L’investisseur intelligent» du père de l’analyse fondamentale, Benjamin Graham. Nous avons tous la possibilité d’être meilleurs grâce à de nombreux grands investisseurs qui ont non seulement tracé la voie, mais généreusement partagé leur expertise avec nous. Je me permets ici de «ploguer» le livre «La Bourse ou La Vie» écrit par Guy Le Blanc et à la rédaction duquel j’ai eu le privilège de participer.
Pour ma part, je profite de l’occasion pour remercier le ciel (et mon père) de me permettre de faire tous les jours ce qui me passionne : investir.
Merci!
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements, COTE 100