Depuis un an, le billet vert a gagné environ 3,5 % face à l’euro.
En pleine guerre commerciale, le président américain Donald Trump ne cache plus sa préférence pour un dollar plus faible qui favoriserait, selon lui, le commerce extérieur américain et son industrie manufacturière.
Dans une série de tweets jeudi, M. Trump s’en est aussi pris à nouveau à la Banque centrale américaine (Fed) qui avec « ses taux d’intérêt élevés garde le dollar haut ».
« En tant que président, on pourrait penser que je suis emballé par notre dollar très fort. Je ne le suis pas ! », écrit le président.
….John Deere, our car companies, & others, to compete on a level playing field. With substantial Fed Cuts (there is no inflation) and no quantitative tightening, the dollar will make it possible for our companies to win against any competition. We have the greatest companies…
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 8, 2019
Ces propos tranchent nettement avec la politique adoptée depuis plusieurs décennies par l’administration américaine qui a toujours promu l’idée d’un dollar fort. D’ordinaire le président des États-Unis évite d’évoquer le niveau du billet vert par crainte de déstabiliser le marché des changes.
Depuis un an, le billet vert a gagné environ 3,5 % face à l’euro.
Jeudi, le dollar reculait toutefois légèrement face à l’euro, la monnaie unique valant 1,12 dollar vers 11H30.
« Les hauts taux d’intérêt de la Fed, par comparaison avec les autres pays, conservent le dollar haut, rendant plus difficile à nos grands industriels comme Caterpillar, Boeing, John Deere, nos constructeurs automobiles, de rivaliser sur un pied d’égalité », écrit Donald Trump.
« Si la Fed réduisait les taux substantiellement (…), le dollar rendrait alors la possibilité à nos compagnies de gagner contre la concurrence », a ajouté le président dans une nouvelle critique de la politique monétaire de la Banque centrale.
L’hôte de la Maison Blanche voit d’un mauvais œil le renforcement relatif du dollar qui renchérit les produits américains à l’exportation et favorise l’entrée d’importations moins chères alors que l’administration américaine est en pleine guerre commerciale avec la Chine notamment.
Il a plusieurs fois accusé les partenaires commerciaux des États-Unis de manipuler leur devise pour l’affaiblir face au dollar et se procurer un avantage compétitif.
Ces dernières déclarations peuvent faire craindre un risque de guerre des devises.
Elles font suite à une dépréciation notable du yuan intervenue en début de semaine lorsque la devise chinoise a franchi le seuil symbolique des 7 yuans pour un dollar, son niveau le plus bas depuis 11 ans.
La nouvelle a été vue comme une escalade dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington, après la menace du président américain Donald Trump d’étendre des droits de douane supplémentaires à la quasi-totalité des importations en provenance de Chine à compter du 1er septembre.
Crainte d’une guerre des devises
Sur les ordres de Donald Trump, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a officiellement accusé Pékin d’être « un manipulateur de monnaie » et d’être intervenu « à une large échelle » sur le marché des changes. Cette interprétation n’était pas partagée par tous les économistes. « C’est faux. Ils ne manipulent pas leur devise », a indiqué à l’AFP Fred Bergsten, économiste au Peterson Institute for International Economics.
La position de Donald Trump rappelle le pavé dans la mare qu’avait jeté par mégarde son secrétaire au Trésor en janvier 2018 au forum de Davos en Suisse.
Le ministre des Finances de Donald Trump avait déclaré qu’un dollar « plus faible » était « bon » pour les États-Unis puisqu’il favorise « le commerce et les opportunités ».
Il avait immédiatement rétropédalé lorsque le dollar avait plongé à un plus bas en trois ans face à l’euro dans le sillage de sa déclaration, affirmant que la presse avait mal interprété ses propos.
Depuis, Steven Mnuchin s’est gardé de commenter le niveau du dollar par crainte de déstabiliser le marché des changes, prônant désormais « un dollar stable ».
Même Donald Trump à l’époque avait redressé les propos de son ministre, en affirmant que le dollar « devrait être basé sur la force du pays, nous faisons si bien que notre pays redevient économiquement fort (…) et finalement je veux voir un dollar fort », avait affirmé M. Trump, lui aussi à Davos.
Mais depuis, l’administration Trump s’est lancée dans un bras de fer commercial avec la Chine d’abord. Elle considère aussi l’imposition de tarifs sur les importations automobiles venant d’Europe.
Fin juillet, la Maison Blanche avait fait savoir par la voix de son conseiller économique en chef Larry Kudlow qu’une « intervention » pour affaiblir le dollar était « exclue ».
Toutefois peu de temps après cette décision, Donald Trump, interrogé par des journalistes à la Maison Blanche, avait de nouveau semé le doute : « je n’ai pas dit que je n’allais rien faire », avait-il lancé en évoquant une intervention.