Comment investir en technologie


Édition du 29 Octobre 2016

Comment investir en technologie


Édition du 29 Octobre 2016

Par Dominique Beauchamp

[Photo : 123RF/THANANIT SUNTIVIRIYANON]

Le secteur de la technologie mène de nouveau la charge en Bourse. L'engouement a fait grimper les cours et les évaluations, ravivant les conditions qui ont mené à la fièvre de 2000. Pour mieux naviguer dans ce secteur à la fois palpitant et casse-cou, nous avons demandé à trois gestionnaires de fonds chevronnés de prendre un peu de recul et de partager leurs connaissances en répondant à quelques questions repères.

Joshua Spencer, Vice-président, T. Rowe Price Group - Gestionnaire principal du Fonds science et technologie TD

Comment reconnaître une entreprise qui a de l'avenir ?

Nos vingt analystes ratissent les opinions des chefs de la technologie, de la science et de la finance pour cibler les fournisseurs qui répondent le mieux aux besoins des entreprises. La culture d'embauche, de rétention et d'innovation est importante pour départager les leaders qui peuvent durer et les autres. Parmi ceux-là, nous essayons de repérer les leaders qui gagnent une part croissante des dépenses en dollars de leurs clients et nous préférons ceux dont les revenus sont les plus rentables.

Comment dénicher une entreprise dont l'évaluation est intéressante par rapport à son potentiel ?

Nous essayons d'acheter les entreprises pendant leurs meilleures années. Workday (WDAY, 88,48 $ US) et Salesforce (CRM, 74,00 $ US), par exemple, affichent des taux de croissance et des marge qui s'apparentent à ceux qu'avait le géant allemand du logiciel SAP pendant sa phase d'ascension. Pour les sociétés plus mûres, seules celles qui réussissent à se transformer, comme Microsoft (MSFT, 57,22 $ US), méritent notre attention.

Quel est votre meilleur conseil aux investisseurs ?

En technologie plus qu'ailleurs, il faut être du bon côté du changement. Rien de mieux que les meneurs de marchés en croissance. Les «perturbateurs» qui foncent donnent les meilleurs résultats, car leur avantage concurrentiel érige un mur sans cesse plus haut devant leurs rivaux. L'idéal, c'est d'acheter les gagnants éprouvés lorsque leur cours flanche et de laisser leur domination donner ses résultats, au fil du temps.

Quels titres reflètent votre approche ?

Amazon (AMZN, 818,99 $ US) incarne le mieux le principe du «gagnant remporte tout». Non seulement la société de l'impitoyable Jeff Bezos exploite-t-elle sa force de frappe pour bâtir d'énormes barrières à l'entrée, mais elle finance son expansion en réinvestissant son capital et non en émettant des actions. Son titre n'est pas particulièrement cher quand on compare ses marges à celles de Wal-Mart (WMT, 68,34 $ US), dans le commerce de détail, ou à IBM (IBM, 149,63 $ US), dans l'infonuagique. Netflix (NFLX, 127,50 $ US) est un autre exemple. Son titre semble chèrement évalué en fonction de repères traditionnels. Pourtant, son multiple de quatre fois les ventes est comparable à celui d'autres médias, alors que ses futures marges seront nettement meilleures. L'entreprise a aussi une valeur stratégique pour d'éventuels acquéreurs.

Ses deux titres :

→ Amazon, AMZN, 818,99 $ US

> Valeur boursière : 389,8 G$ US

> Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 103,2 fois

> Croiss. annuelle composée prévue des bénéfices sur 3 à 5 ans : + 49,1 %

> Gain de l'action depuis un an : + 44,1 %

Ce qu'en pensent les analystes

> 44 acheter, 5 conserver, 0 vendre

> Cible moyenne : 923,32 $ US

> Potentiel de gain : + 12,2 %

→ Netflix, NFLX, 127,50 $ US

> Valeur boursière : 51,2 G$ US

> Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 152,5 fois

> Croiss. annuelle composée prévue des bénéfices sur 3 à 5 ans : + 33,9 %

> Gain de l'action depuis un an : + 20,7 %

Ce qu'en pensent les analystes

> 23 acheter, 14 conserver, 8 vendre

> Cible moyenne : 118,11 $ US

> Potentiel de gain : - 1,1 %

Source : Bloomberg

Robert Almeida, Membre de l'équipe de stratégie du Fonds américain de croissance MFS Sun Life - Gestionnaire institutionnel chez MFS

Comment reconnaître une entreprise qui a de l'avenir ?

La meilleure façon d'aborder le vaste univers de la technologie est de visualiser un immense bassin de profits. Le travail consiste ensuite à cibler les entreprises les plus susceptibles de s'approprier les plus grandes parts de ces futurs bénéfices, soit en ce qui a trait aux revenus, aux unités ou au prix de vente par unité.

Comment dénicher une entreprise dont l'évaluation est intéressante par rapport à son potentiel ?

La majorité des capitaux se dirigent vers les entreprises en fonction de l'information disponible au jour le jour. La clé est de tirer avantage des inefficacités du marché. Wall Street sous-estime souvent le potentiel de rentabilité des chefs de file ou encore l'effet multiplicateur du temps sur la composition de leurs bénéfices croissants. L'occasion se présente lorsque l'écart est grand entre nos hypothèses et celles de Wall Street, bien sûr après avoir testé et retesté nos propres présomptions.

Quel est votre meilleur conseil aux investisseurs ?

Tenter de prédire le prochain cycle d'innovation est quasi impossible. Si nous avions sondé les analystes des télécommunications il y a 20 ans, aucun n'aurait prévu le portrait actuel de l'industrie. Au lieu de deviner qui sera le futur roi de l'automobile autonome par exemple, nous préférons cerner un fournisseur dont les microprocesseurs se retrouveront dans la plupart de ces nouveaux véhicules, tel que Nvidia (NVDA, 67,54 $ US).

Quels titres reflètent votre approche ?

Les trois quarts de la pub passent encore par les canaux traditionnels. La plateforme mondiale et les capacités analytiques qu'Alphabet-Google (GOOG, 799,37 $ US) offre aux annonceurs lui procurent donc des perspectives de croissance illimitée. Wall Street évalue l'entreprise en fonction du potentiel de croissance de ses bénéfices pour les deux prochaines années. Nous prévoyons aussi une croissance annuelle de 10 à 14 %, mais nous lui accordons plus de valeur parce que nous croyons que Google pourra assurer cette croissance pendant de nombreuses années encore. Même chose pour Facebook (FB, 132,07 $ US). Wall Street mésestime la durabilité de ses perspectives de croissance à long terme et la valeur du temps sur sa rentabilité potentielle.

Ses deux titres :

→ Alphabet, GOOG, 799,37 $ US

> Valeur boursière : 558,1 G$ US

> Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 21,4 fois

> Croiss. annuelle composée prévue des bénéfices sur 3 à 5 ans : + 17,2 %

> Gain de l'action depuis un an : + 20,7 %

Ce qu'en pensent les analystes

> 9 acheter, 2 conserver, 0 vendre

> Cible moyenne : 932,50 $ US

> Potentiel de gain : + 16,6 %

Facebook, FB, 132,07 $ US

> Valeur boursière : 370,8 G$ US

> Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 28,6 fois

> Croiss. annuelle composée prévue des bénéfices sur 3 à 5 ans : + 33,0 %

> Gain de l'action depuis un an : + 32,2 %

Ce qu'en pensent les analystes

> 43 acheter, 6 conserver, 2 vendre

> Cible moyenne : 157,85 $ US

> Potentiel de gain : + 22,4 %

Source : Bloomberg

Rui Cardoso, Cogestionnaire du Fonds d'actions américaines Beutel Goodman

Comment reconnaître une entreprise qui a de l'avenir ?

Nous ne faisons pas ce genre de postulat. Nous passons le plus clair de notre temps à analyser le mode de fonctionnement des entreprises afin de bâtir un portefeuille concentré de 25 perles que nous voulons conserver longtemps. Nous évitons aussi de payer trop cher. C'est le meilleur moyen de protéger notre capital. Cette double démarche nous dirige souvent vers des créneaux qui restent dans l'ombre et des entreprises laissées pour compte.

Comment dénicher une entreprise dont l'évaluation est intéressante par rapport à son potentiel ?

La technologie est un secteur particulièrement épineux, car il est polarisé par les vedettes à forte croissance d'un côté, du genre Amazon, Facebook, Alphabet et Netflix, et par les doyennes de l'autre, telles qu'IBM (IBM, 149,63 $ US) et HP (HPE, 21,63 $US), qui sont la plupart du temps des «pièges de valeur». Notre carré de sable se situe entre ces deux pôles où nous tentons de dépister des entreprises dont les flux de trésorerie procurent un rendement d'au moins 10 % et dont le rendement du capital dépasse 20 %. On les trouve surtout parmi les fournisseurs difficiles à déloger. Nous ne cherchons pas des aubaines pures, mais des titres qui s'échangent en dessous de leur propre évaluation historique et de celle du marché par rapport aux flux de trésorerie. Plus le rendement des flux est élevé, plus nous sommes disposés à tolérer un multiple d'évaluation supérieur à la moyenne.

Quel est votre meilleur conseil aux investisseurs ?

Le plus important risque en technologie est évidemment celui de l'obsolescence. C'est pourquoi le danger est grand de s'exciter pour un nouveau produit ou une innovation et de conclure que ça en fait automatiquement un bon choix de placement. Mieux vaut se pencher sur la capacité des entreprises à dégager des flux de trésorerie élevés et durables. Les clients de ces candidates sont plus souvent les entreprises que les consommateurs.

Quels titres reflètent votre approche ?

Amdocs (DOX, 58,99 $ US) fournit des logiciels de facturation aux fournisseurs mondiaux de services de télécommunications. Cette clientèle est fidèle, car il serait très perturbant et très coûteux de changer ces systèmes. Nichée, Amdocs affronte aussi peu de concurrents. La société de taille intermédiaire est bien gérée et dispose d'un bon bilan. L'équipementier des fabricants de microprocesseurs Teradyne (TER, 21,41 $ US) est un autre bel exemple. Son industrie volatile est rythmée par les cycles de dépenses, mais la valeur économique de la société du Massachusetts varie moins. Elle gagne des parts de marché face à une seule véritable rivale, la société japonaise Advantest. Teradyne a récemment instauré un dividende et rachète aussi ses actions.

Ses deux titres :

Amdocs, DOX, 58,99 $ US

> Valeur boursière : 8,9 G$ US

> Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 16,2 fois

> Croiss. annuelle composée prévue des bénéfices sur 3 à 5 ans : + 8,8 %

> Gain de l'action depuis un an : + 3,4 %

Ce qu'en pensent les analystes

> 4 acheter, 6 conserver, 0 vendre

> Cible moyenne : 157,85 $ US

> Potentiel de gain : + 22,4 %

Teradyne, TER, 21,41 $ US

> Valeur boursière : 4,3 G$ US

> Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 17,8 fois

> Croiss. annuelle composée prévue des bénéfices sur 3 à 5 ans : + 8,8 %

> Gain de l'action depuis un an : + 13,5 %

Ce qu'en pensent les analystes

> 7 acheter, 7 conserver, 0 vendre

> Cible moyenne : 22,48 $ US

> Potentiel de gain : + 6,1 %

Source : Bloomberg

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