Bourses: les marchés fondent leurs espoirs dans la BCE

Publié le 23/09/2011 à 14:56

Bourses: les marchés fondent leurs espoirs dans la BCE

Publié le 23/09/2011 à 14:56

Par La Presse Canadienne

L'engagement des pays du G20 à "apporter une réponse forte" à la crise mondiale a peiné à convaincre vendredi les marchés qui ont toutefois rebondi sur des espoirs de nouvelles mesures de la Banque centrale européenne (BCE), après une journée en montagnes russes.

"Il y a des nuages noirs sur l'Europe, et cette immense incertitude aux Etats-Unis", a prévenu la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.

"Aujourd'hui, s'il n'y a pas d'action collective rapide, nous courrons le risque de perdre la bataille de la croissance", a-t-elle relevé à l'ouverture du conseil des gouverneurs du FMI et de la Banque mondiale à Washington.

Elle a suggéré "une combinaison" entre les interventions de la BCE et du Fonds européen de stabilité financière pour stabiliser les marchés de la dette publique en zone euro.

Au terme d'une séance très volatile, les places financières européennes ont terminé dans le vert grâce aux valeurs bancaires, très attaquées durant la semaine.

L'éclaircie est venue d'un membre du conseil des gouverneurs de la BCE, Ewald Nowotny, qui a suggéré que l'institution "pourrait réintroduire des opérations de refinancement à un an pour les banques", selon des informations de presse.

Au lendemain d'une journée noire, les Bourses européennes se sont redressées: Paris a gagné 1,02%, Francfort 0,63% et Londres 0,50%. Milan a repris 1,36% et Madrid 2,12%.

A l'affût de signes rassurants sur la santé de l'économie mondiale, la Bourse de New York évoluait à l'équilibre, après ouvert en légère baisse.

Le marché semblait assez indifférent à l'engagement des grandes puissances du G20 de donner "une réponse internationale forte et coordonnée" à la crise, se préoccupant davantage de l'état chancelant de l'économie américaine, du péril de la dette souveraine en Europe et des signes d'essoufflement donnés par l'Asie.

Aux inquiétudes sur les répercussions d'une possible faillite de la Grèce sont venues s'ajouter les craintes d'une contagion de la crise de la dette à l'économie réelle.

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a revu vendredi à la baisse ses prévisions de croissance du commerce pour 2011, s'attendant à une progression des échanges mondiaux de 5,8% contre 6,5% prévus jusqu'à présent.

En France, les signaux négatifs se sont succédé pour la croissance, laissant craindre un ralentissement très marqué de l'économie, avec la publication de deux indicateurs traduisant une nette dégradation du moral des ménages et des industriels.

Le gouvernement a revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2013, à 2% au lieu de 2,5%, qui fait suite à l'abaissement de ses prévisions à 1,75% pour 2011 et 2012.

En Espagne, les pouvoirs publics ont reconnu que les objectifs de croissance qu'il s'est fixés pour 2011 (1,3%) et les années suivantes seraient "difficiles à atteindre".

Les ministres des Finances et banquiers centraux des principaux pays riches et émergents du G20, réunis depuis jeudi à Washington, se sont pourtant engagés à "apporter une réponse internationale forte et coordonnée" à la crise.

Ils ont promis de faire en sorte que les "banques disposent d'un capital adéquat" et les Banques centrales, qui multiplient les interventions pour éviter un tarissement du crédit, se sont engagées à continuer "à soutenir la reprise".

Le G20 a également promis, en vue du sommet de Cannes (sud-est de la France) les 3 et 4 novembre, un "plan d'action collectif ambitieux".

Les grands argentiers de la planète ont donné l'impression d'avoir épuisé les solutions concrètes face à la crise.

"Wall Street n'a pas pris leur communiqué pour argent comptant", a commenté Andrea Kramer, analyste de Schaeffer's Investment Research.

"Les banques centrales peuvent alimenter les établissements financiers en liquidités, mais cela traite les symptômes sans s'attaquer aux réelles causes", a renchéri Jane Foley, analyste chez Rabobank.

Les dix principaux fonds américains du marché monétaire ont réduit leur exposition aux banques européennes de 27% de mai à août, a indiqué vendredi l'agence de notation Fitch.

Mais l'autorité bancaire européenne (EBA), qui a supervisé les tests de résistance de 90 banques de l'UE, a fait savoir qu'elle ne jugeait pas nécessaire, "à ce stade", de modifier le calendrier de recapitalisation des banques. Et ce en dépit des appels, notamment du FMI, à accélérer le processus.

La Commission européenne a souligné que les banques européennes avaient déjà été recapitalisées pour un montant global de plus de 420 milliards d'euros depuis 2008.

"La recapitalisation des banques européennes est en cours, ce n'est pas quelque chose qui va se passer la semaine prochaine ou dans les prochains mois, c'est déjà en train de se passer", a souligné un porte-parole.

La Commission a également laissé entendre qu'elle pourrait bientôt proposer d'introduire une taxe sur les transactions financières dans l'UE à partir de 2014, soit plus tôt que prévu.

L'hypothèse d'un défaut de la Grèce, qui ferait perdre des sommes importantes aux banques européennes, continue à gagner du terrain.

La Banque centrale néerlandaise a reconnu qu'elle travaillait sur différents scénarios, dont celui d'une faillite d'Athènes.

Selon la presse grecque, le ministre des Finances Evangélos Vénizelos n'aurait pas exclu, jeudi devant les députés, que la dette grecque puisse subir une annulation de 50% de sa valeur, hypothèse qu'il a fortement démentie vendredi.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a réitéré à Washington la nécessité d'appliquer "avec le plus grand sérieux" l'accord conclu du 21 juillet sur un second programme d'aide au pays.

En attendant, l'agence Moody's a abaissé de deux crans les notes de solvabilité des principales banques grecques, qui risquent de faire face à une montée des impayés dans un contexte de récession et de chômage.

La capitale grecque était le théâtre vendredi d'une nouvelle journée de grève dans les transports pour protester contre de nouvelles mesures d'austérité.

Mauvaise nouvelle enfin pour la Slovénie, sans gouvernement depuis mardi:

Moody's a dégradé d'un cran la note de cet État de la zone euro, invoquant "le risque croissant" qu'il doive intervenir pour soutenir son système bancaire.

L'euro qui avait atteint jeudi son plus bas niveau depuis janvier dernier, s'échangeait vendredi à 1,35 dollar.

Quant au pétrole, il continuait à chuter, face au risque de récession aux États-Unis et en Europe, après s'être effondré la veille.

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