REVUE DES MARCHÉS. « On ne l’a pas vu venir », observe Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.
REVUE DES MARCHÉS. Wall Street a terminé nettement dans le rouge jeudi, les indices s’affaissant soudainement après l’annonce, inattendue, par le président américain de nouvelles sanctions commerciales contre la Chine.
Indice
À Toronto, le S&P/TSX a perdu 0,18 %, ou de 29 points à 16 377 points.
À Wall Street, l’indice composé S&P 500 a reculé de 0,90 %, ou de 26 points, à 2 953 points.
Le Dow Jones, l’indice vedette, a baissé de 1,05 %, ou de 280 points, à 26 583 points.
Le Nasdaq a tombé de 0,79 %, ou de 64 points, à 8 111 points.
Le dollar canadien cédait 0,19%, s’échangeant contre 0,7565$US.
Le pétrole a chuté de 7%, ou de 4,10$US, à 54,48$US.
L’or a avancé de 1,24%, ou de 17,80$US, à 1455,60$US.
Contexte
Signe de l’appétit des investisseurs pour des actifs jugés moins risqués, le taux d’intérêt sur la dette des États-Unis à 10 ans a dégringolé à son plus bas niveau depuis novembre 2016, juste avant l’élection de Donald Trump. Il évoluait vers 16H20 à 1,8946 %, contre 2,014 % la veille.
Les marchés ont été pris de court quand Donald Trump a affirmé sur Twitter que les Etats-Unis allaient instaurer à partir du 1er septembre des tarifs douaniers de 10 % sur les 300 milliards de dollars d’importations chinoises jusque là épargnées par la guerre commerciale avec Pékin.
Certaines sociétés spécialisées dans la distribution de biens de consommation ont été violemment affectées, le vendeur de produits électroniques Best Buy dégringolant par exemple de 10,79 %, la chaine de grands magasins Macy’s chutant de 6,69 % et le vendeur de vêtements Gap plongeant de 7,90 %.
« On ne l’a pas vu venir », observe Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services qui fait deux lectures de cette annonce.
« C’est le processus habituel de négociations, ce n’est pas la première fois » que Donald Trump lance des menaces pour forcer la main à la Chine dans les discussions commerciales qui durent désormais depuis plus d’un an, avance M. Volokhine.
Mais avec son annonce, le président fait aussi, selon lui, « un pied de nez à la Fed », qui a, certes, décidé mercredi de baisser les taux d’intérêt, mais pas suffisamment au goût de Donald Trump.
« Pour que la Fed fasse ce que Trump voudrait, qu’elle adopte une politique extrêmement accommodante, il faudrait que la guerre commerciale s’envenime », estime M. Volokhine.
Washington impose déjà des droits de douane supplémentaires de 25 % sur plus de 250 milliards de dollars de biens chinois. Pékin a rétorqué en imposant en retour des tarifs douaniers supplémentaires sur quelque 110 milliards de dollars.
Jusqu’alors l’administration américaine avait épargné les biens de consommation courante si bien que l’économie américaine, tirée par la consommation des ménages, est restée relativement à l’abri de la guerre commerciale.
Mais « ces 10 % de tarifs supplémentaires vont directement atteindre le consommateur américain », averti Gregori Volokhine.
Maris Ogg de Tower Bridge Advisors remarque pour sa part que « les menaces n’ont jusqu’à présent pas vraiment porté leurs fruits, car les Chinois semblent avoir un horizon à bien plus long terme que les Américains et ne voudront probablement pas apporter une victoire à Trump avant la prochaine élection présidentielle ».
« Tout cela alimente encore plus l’incertitude » autour de la guerre commerciale et de ses possibles répercussions sur la croissance mondiale, estime-t-elle.