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Philippe Leblanc

Entre les lignes

Philippe Leblanc

Expert(e) invité(e)

Bourse: se préparer au pire

Philippe Leblanc|Publié le 14 mai 2021

Bourse: se préparer au pire

(Photo: Getty Images)

BLOGUE INVITÉ. Un investisseur avisé se prépare à toute correction pour mieux réagir lorsqu’elle surviendra.

Au tennis comme dans tout autre sport, la préparation est capitale. Avant un match, un joueur doit se préparer à plusieurs éventualités. Si deux joueurs de niveau à peu près égal s’affrontent, celui qui est mieux préparé devrait à mon avis remporter le match. Ce dernier aura par exemple pratiqué quelques jours sur le site d’un tournoi avant d’y jouer son premier match. Il se sera aussi informé sur son adversaire afin de connaître son style de jeu, ses forces et ses faiblesses. Avant le match, il exécutera son rituel de préparation pour s’éviter toute mauvaise surprise: échauffement sur le court et dans le vestiaire, repas, vérification d’équipement, visualisation, élaboration du plan de match (A et B), etc.

En Bourse, les corrections de marché sont courantes et normales. Le plus grand danger qui guette les investisseurs est de se laisser prendre par surprise par de telles corrections et de laisser leur effet psychologique les inciter à vendre au pire moment.

Comme le joueur de tennis, il faut donc se préparer mentalement et stratégiquement à ces inévitables corrections.

Le seul fait de reconnaître qu’une correction peut survenir à tout moment est déjà une excellente manière de s’y préparer mentalement. Car, je le répète, les corrections sont la plupart du temps imprévisibles et elles peuvent être causées par une myriade de facteurs tout aussi imprévisibles. Aviez-vous vu venir la forte correction de mars 2020 causée par une pandémie? Ou la crise financière de 2008-2009 causée par une forte correction du marché immobilier?

Un investisseur avisé devrait aussi étudier l’histoire des marchés boursiers et se familiariser avec les événements les plus surprenants et traumatisants survenus dans le passé. Un investisseur instruit sur l’histoire des marchés en vaut deux.

Par exemple, l’investisseur devrait savoir que, de 1918 à 2018, il y a eu 54 corrections boursières (une en moyenne à tous les 1,7 ans), 20 marchés baissiers (baisses de 20% ou plus; une à chaque 4,6 ans), 12 baisses de 30% ou plus (une à chaque 7,6 ans) et trois chutes de 50% ou plus (une à chaque 30 ans). Ces chiffres sont évidemment des moyennes, mais ils donnent une bonne idée de la fréquence historique des corrections de marché.

En étant constamment sur ses gardes face à une possible correction de marché (et encore plus lorsque tout semble bien aller), on s’assure de rester prudent dans ses investissements et de ne pas se laisser entraîner par des investissements spéculatifs ou par les modes qui s’emparent régulièrement de certains segments du marché boursier. On s’assure aussi d’avoir un portefeuille bien diversifié par classe d’actif et que son portefeuille d’actions soit adéquatement construit. On veut également être certain d’avoir les ressources financières pour non seulement traverser une éventuelle crise boursière, mais aussi d’être en mesure d’en tirer avantage en profitant des occasions qu’elle nous présentera. En ce sens, les investisseurs qui investissent sur marge sont bien mal préparés à une éventuelle correction.

Comprenez-moi bien: je ne prédis pas une correction à court terme. Je ne crois pas que quiconque soit en mesure de prévoir régulièrement les corrections. Je crois néanmoins que tout investisseur devrait être toujours préparé à une telle éventualité. Comme au tennis, celui qui sera le mieux préparé à une correction en sortira gagnant.

Philippe Leblanc, CFA, MBA

Chef des placements, COTE 100