Bourse: ce qui bouge sur les marchés avant l’ouverture mercredi
LesAffaires.com et AFP|Publié le 18 mars 2020«Les mesures fiscales et monétaires ont fait à nouveau l'effet d'un feu de paille.»
La Bourse de New York risque de flancher de plus belle mercredi à l’ouverture, balayant son rebond de la veille, en dépit des traitements de choc pris à la pelle par les grandes puissances mondiales pour soulager une économie malade.
Du côté des contrats à terme, le Dow Jones Industrial Average, l’indice vedette du parquet new-yorkais, est en baisse de 3,94% à 20 039 points. Toujours selon les contrats à terme, le Nasdaq, à forte coloration technologique, recule de 4,44% à 7064,25 points. Le S&P500, quant à lui, perd 3,70% à 2393,50 points.
Contexte
Les principales places boursières avaient bien réagi mardi aux annonces de l’administration américaine mais cela n’a pas suffi à enrayer la tendance baissière sur des marchés en pleine défiance.
Finalement, la nouvelle série de «mesures fiscales et monétaires a fait à nouveau l’effet d’un feu de paille», constate Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Un grand nombre de banques centrales ont abaissé récemment leurs taux directeurs, plusieurs grands pays ont annoncé de larges soutiens budgétaires et fiscaux, mais tant que le virus persiste, les experts doutent de l’efficacité de telles mesures.
Aux États-Unis, où le nombre de cas confirmés dépasse les 6000, un plan de soutien massif aux entreprises menacées de faillite est en train d’être développé. Il pourrait se chiffrer à quelques 850 voire 1000 milliards de dollars, selon la presse américaine.
La Banque centrale américaine a également créé un nouveau mécanisme devant permettre aux ménages et aux entreprises américains d’avoir plus facilement accès au crédit, par le biais des plus grandes banques du pays.
«L’intervention doit se focaliser sur le fait de contenir le virus d’abord avant d’annoncer des mesures de soutien monétaire ou fiscal», estime Vincent Boy, analyste chez IG France.
«Pour les marchés financiers, il faut un recul de la progression de l’épidémie pour ensuite pouvoir profiter de toutes ces mesures de soutien décidées et permettre un rebond important, une fois l’épidémie contenue», poursuit-il.
Alors que l’Union européenne ferme toutes ses frontières avec l’extérieur jusqu’au 17 avril, la présidente de la Commission européenne a admis que les responsables politiques avaient tous «sous-estimé» au départ l’ampleur du danger représenté par l’épidémie.
À l’étranger
Les milliards promis par les grandes puissances pour soulager l’économie mondiale face au Covid-19 semblaient ne pas pouvoir enrayer la spirale baissière des places d’Europe et d’Asie mercredi.
Après un bon départ, Tokyo a dérapé et lâché 1,68%. En Europe, les principales places boursières ont toutes balayé leur rebond de la veille, ouvrant en baisse, de plus de 2% à Paris, 3% à Londres et 4% à Francfort. Quant aux indices des contrats à terme américains, ils laissent présager aussi un nouveau décrochage à Wall Street.
L’écroulement de certaines valeurs reflète la détresse de l’industrie mondiale: à commencer par le secteur aéronautique – Airbus dégringolait de 14% à Paris – ou par la filière automobile contrainte de fermer des usines. A Francfort, BMW perdait plus de 8%, Daimler plus de 6%. Certaines biotechs positionnées dans la recherche d’un vaccin contre le Covid-19 voient cependant leurs actions s’envoler, à l’instar de l’allemande BioNtech cotée sur le Nasdaq.
Les marchés évoluent en tôle ondulée ces derniers jours, signe que la nervosité est bien installée.
«La mer est déchaînée, c’est normal que ça parte dans tous les sens», observe Thierry Leclercq, gérant actions chez Mandarine Gestion, interrogé par l’AFP.
À l’agenda
Un grand nombre de banques centrales ont abaissé récemment leurs taux directeurs, plusieurs grands pays ont annoncé de larges soutiens budgétaires, mais tant que le virus persiste, les experts doutent de l’efficacité de telles mesures.
La note de tous ces efforts va être très salée: les Etats-Unis affinent un plan de soutien dont le montant avoisinerait les 1000 milliards de dollars, selon les médias américains.
De son côté, la Banque centrale américaine a également créé un nouveau mécanisme devant permettre aux ménages et aux entreprises américains d’avoir plus facilement accès au crédit.
«Le tout n’envoie un message ni de lisibilité, ni de maîtrise un tant soit peu prospective de la situation. Redonner confiance est alors une tâche compliquée», écrit la Banque Postale Asset Management.
Pour Vincent Boy d’IG France, «toutes les liquidités du monde ne serviront à rien si l’activité ne peut pas reprendre au plus vite».
Les intervenants de marché s’attendent à une mise en place inévitable du confinement de la population américaine, ce qui accentuerait l’impact de l’épidémie sur l’économie.
«La question n’est pas de savoir s’il y aura une récession induite par le coronavirus mais à quel point elle sera grave», affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.