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Bourse: ce qui bouge sur les marchés avant l’ouverture mercredi

LesAffaires.com et AFP|Publié le 11 mars 2020

«Il est peu probable qu'on assiste à un réel rebond de l'activité économique.»

La Bourse de New York se montre à nouveau hésitante avant l’ouverture mercredi matin, attendant avec empressement la présentation détaillée du plan de soutien à l’économie américaine promis par Donald Trump, ainsi que l’intervention de la Banque centrale européenne prévue jeudi.

Du côté des contrats à terme, le Dow Jones Industrial Average, l’indice vedette du parquet new-yorkais, est en baisse de 1,67% à 24 448 points. Toujours selon les contrats à terme, le Nasdaq, à forte coloration technologique, recule de 1,63% à 8195,75 points. Le S&P500, quant à lui, perd 1,81% à 2814 points.

Wall Street s’était envolée mardi, rebondissant nettement au lendemain de la plus lourde chute des indices new-yorkais depuis 2008.

Contexte

Surprise du jour: une semaine après l’intervention précoce de la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé mercredi une réduction de ses taux à 0,25% afin d’aider l’économie britannique à faire face à l’épidémie de coronavirus. Cette baisse est la plus importante depuis début 2009, soit en pleine crise financière internationale.

De facto, la Banque centrale européenne sera attendue au tournant jeudi alors que les mesures restrictives se multiplient en Europe pour faire face au coronavirus.

«Pour être crédible, la BCE va devoir sortir le bazooka lors de sa réunion de jeudi, mais le risque est très élevé, étant donné les attentes importantes des investisseurs, qu’on assiste à une déception», estime Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Les acteurs de marché attendaient également de pied ferme que l’administration Trump présente le plan de soutien à l’économie, initialement annoncé pour mardi. Pour l’instant, seule la mesure phare a été dévoilée: une réduction, voire une suppression, des charges salariales jusqu’à la fin de l’année. Une ville de la banlieue de New York, New Rochelle, va être placée en confinement.

«Le risque d’une contagion importante du coronavirus aux États-Unis alors que le système hospitalier est défaillant pourrait enclencher une nouvelle vague de baisse boursière touchant quasiment tous les secteurs d’activité», prévient M. Dembik.

Anticipant l’impact des mesures américaines au lendemain, déjà, d’un net rebond consécutif à leur pire chute depuis le début de la guerre du Golfe en 1991, les cours du pétrole continuaient de progresser, mercredi matin en Asie.

En Chine, où le président Xi Jinping a affirmé que la propagation du coronavirus était «pratiquement jugulée», l’heure était à l’assouplissement des dispositifs.

Les entreprises qui produisent des biens et services de première nécessité vont pouvoir reprendre sans délai leurs activités à Wuhan, la ville chinoise à l’épicentre de l’épidémie de coronavirus.

Celles ayant «une grande importance dans la chaîne de production nationale et mondiale» pourront reprendre le travail après obtention d’une autorisation, tandis que les autres ne seront autorisées à redémarrer leurs activités qu’à partir du 21 mars.

À l’étranger

Ignorant un regain de pessimisme des Bourses asiatiques, les marchés européens ont ouvert mercredi dans le vert, encouragés par une baisse surprise des taux de la Banque d’Angleterre, en attendant les détails du plan de soutien à l’économie américaine.

La Bourse de Paris, qui n’avait pas su rebondir la veille au lendemain du «lundi noir» des Bourses mondiales, a ouvert mercredi en progression de 1,72%, quasiment comme le Dax à Francfort (+1,76%), tandis que Londres prenait 1,48% en début de séance. Milan et Madrid avançaient même de plus de 2% en matinée.

«Un rebond reste possible à très court terme mais le nerf de la guerre est l’endiguement de la propagation de l’épidémie de coronavirus», tempère Tangi Le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC.

«Si le nombre de cas poursuit sa progression rapide dans les prochains jours en Europe et aux Etats-Unis, les marchés vont redouter la mise en place de mesures de confinement aussi strictes que celles mises en oeuvre en Italie, au risque d’une asphyxie de l’économie», ajoute-t-il.

La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé mercredi une baisse surprise de 50 points de base de ses taux, de 0,75% à à 0,25%, afin d’aider l’économie britannique face au «choc» de l’épidémie de coronavirus.

Les marchés européens y voyaient un bon signe avant la réunion monétaire très attendue de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi, dont ils espèrent un arsenal de mesures contre les menaces de l’épidémie du coronavirus pour l’économie.

Les marchés asiatiques, faute de pouvoir intégrer cette annonce surprise, ont fait grise mine mercredi.

Après avoir hésité en matinée, la Bourse de Tokyo, qui a bouclé ses échanges avant la décision choc de la Banque d’Angleterre, a fini en net recul, nombre d’investisseurs ayant préféré prendre des bénéfices après le petit rebond du marché observé la veille, signe d’inquiétudes persistantes.

À l’agenda

«Ceux qui pointent du doigt la relance de l’activité en Chine oublient qu’elle sera vite freinée par le recul de la demande en Europe. Autrement dit, à horizon trois mois, il est peu probable qu’on assiste à un réel rebond de l’activité économique», estime M. Dembik.

En Europe, où l’épidémie continue de progresser, la Commission européenne a promis de mobiliser «tous les instruments à disposition» dont un fonds doté d’environ 25 milliards d’euros en réponse au coronavirus, destiné aux systèmes de santé, petites entreprises, marché du travail et aux «secteurs vulnérables de notre économie».