Avant d'investir en Bourse, sachez dans quoi vous vous embarquez !


Édition du 29 Septembre 2018

Avant d'investir en Bourse, sachez dans quoi vous vous embarquez !


Édition du 29 Septembre 2018

[Photo: 123RF]

La Bourse est payante à long terme, mais avant d'y investir, vous devriez tout de même savoir dans quoi vous vous embarquez. Car elle n'est pas une sinécure. Nous avons connu plusieurs bonnes années de rendements en Amérique du Nord depuis la crise de 2008-2009, mais il serait illusoire de croire que l'histoire sera toujours aussi payante.

Réussir en Bourse est autant, sinon plus, une question d'estomac que de tête. Un investisseur doit être préparé à l'avance et savoir comment la Bourse s'est comportée dans le passé. Comme on dit, «une personne avertie en vaut deux».

Rien de mieux, donc, que d'étudier la performance des marchés sur le très long terme.

C'est ce que mon collègue et moi avons fait récemment en analysant l'évolution de l'indice S&P 500, un indice que je considère comme le plus représentatif des marchés boursiers nord-américains au cours des 90 dernières années. Voici, sommairement, nos grandes conclusions :

1. La Bourse est payante à long terme. De 1928 à 2017, le S&P 500, incluant les dividendes, a procuré un rendement annuel composé de 9,65 %. Ce rendement vous semble-t-il attrayant ? Sachez que selon la règle de 72 (cette règle vous permet d'estimer combien d'années il faut pour doubler votre capital avec un rendement annuel composé quelconque en divisant 72 par ce taux), un tel rendement vous permettra de doubler votre capital environ tous les sept ans (72 ÷ 9,65 = ±7).

Cela veut aussi dire que sur une période de 40 ans, un tel rendement vous aurait permis de faire fructifier un investissement initial de 100 000 $ en une cagnotte de près de 4 millions de dollars.

C'est donc confirmé : au cours des 90 dernières années, la Bourse a été très rentable pour les investisseurs.

2. Le dividende n'est pas à négliger. Du rendement de 9,65 %, celui qu'ont procuré les dividendes représente 3,91 %, soit plus de 40 % du rendement total du marché au cours de la période.

3. Les rendements boursiers sont loin d'être linéaires. Ce n'est pas parce que le marché boursier a connu un rendement moyen annuel de près de 10 % que son rendement annuel doit nécessairement s'en approcher chaque année. Au contraire, la Bourse est tout sauf prévisible à court terme. Au cours des 90 dernières années, le S&P a connu 66 années de hausse par rapport à 24 de baisse. C'est donc dire que le marché s'est apprécié près de 73 % du temps ; mais ça signifie aussi qu'il a subi des baisses annuelles près de 27 % du temps.

4. Les corrections sont courantes. En 90 ans, le S&P 500 a connu pas moins de 52 corrections de 10 % ou plus. C'est donc dire que, en moyenne, le marché a subi une correction tous les 1,7 an. De fait, le S&P 500 a connu une telle correction récemment, en février 2018 - vous en souveniez-vous ? Évidemment, les véritables marchés baissiers caractérisés par des diminutions de 20 % ou plus sont moins courants. Mais on a eu droit à 20 corrections du genre au cours des 90 dernières années - c'est un marché baissier en moyenne tous les quatre ans et demi. Quant aux baisses de 30 % ou plus, on en a connu 12 en 90 ans, une chaque sept ans et demi.

5. Malgré ses corrections fréquentes, le marché a toujours récompensé les investisseurs patients. En moyenne, il faut un peu plus de quatre mois pour que le marché récupère après une correction de 10 %. Après un ajustement de 20 %, ce sera un peu plus de 54 mois (près de cinq ans !) pour que le marché revienne à son niveau initial. Notez que si l'on exclut de notre calcul le terrible marché baissier d'après 1929, le temps moyen diminue à un peu plus de 30 mois.

6. La Bourse peut aussi faire perdre patience aux plus patients. En dépit de son historique remarquable, la Bourse a connu trois longs épisodes où ses rendements ont été anémiques. En incluant les dividendes, le S&P 500 n'a absolument pas performé entre 1928 et 1943. Cette période chevauche la grande dépression. Elle signifie probablement aussi que le marché boursier était particulièrement cher avant son krach de 1929. Le marché n'a pas bien performé non plus entre 1972 et 1977, période d'inflation débridée provoquée par la crise du pétrole des années 1970. Plus récemment, le marché n'a pas performé entre 1999 et 2010. On se souvient que 1999 correspond à peu près au sommet de la bulle technologique. Cette période s'est aussi terminée par la crise financière de 2008-2009.

Vous aurez probablement vu que les marchés ont récemment célébré leur plus longue période haussière de l'histoire moderne : 3 453 jours de marché haussier, soit près de 10 ans. J'en conclus que nous avons été gâtés depuis 2009... J'ajouterais cependant que les marchés boursiers nous avaient fait passablement souffrir pendant les 10 années précédentes. C'est donc probablement un juste retour de pendule.

Quoi qu'il en soit, l'histoire boursière nous montre que la Bourse est payante à très long terme, même si elle peut être très volatile et toujours imprévisible. Malgré les guerres, les crises financières, les récessions, les scandales politiques des 90 dernières années, la Bourse a poursuivi son petit bonhomme de chemin et continué d'enrichir les investisseurs à long terme qui sont prêts à subir ses fréquents revers et revirements.

EXPERT-INVITÉ
Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

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