Trois concepts fondamentaux pour réussir en Bourse


Édition du 30 Juin 2018

Trois concepts fondamentaux pour réussir en Bourse


Édition du 30 Juin 2018

Par Philippe Leblanc

Adopter l’attitude d’un propriétaire plutôt que celle d’un boursicoteur change toute la perspective d’un investisseur. Si vous étiez propriétaire d’une petite entreprise, ­seriez-vous sans cesse tenté de la vendre au moindre soubresaut dans ses résultats financiers ? [Photo : 123RF]

Selon Warren Buffett, «il y a trois concepts de base qui permettent d'investir avec succès : considérer les titres boursiers comme des entreprises, avoir la bonne attitude par rapport au marché boursier (utilisez-le, ne le laissez pas guider vos actions) et s'assurer d'une marge de sécurité».

Voilà une formule très simple. J'ajouterais néanmoins que la majorité des investisseurs peinent à l'appliquer.

Voyons chacun de ces concepts plus en détail pour tenter de mieux les comprendre :

1. Une action d'une société n'est pas seulement un bout de papier qu'on peut acheter ou vendre instantanément en Bourse, c'est avant tout le titre de propriété d'une véritable entreprise. Il est trop facile de perdre ce concept de vue. N'est-il pas tout à fait incroyable de penser que la Bourse nous permet d'être propriétaires d'une entreprise que l'on a pu choisir et de la conserver pendant des années en participant à sa croissance ?

À mon avis, adopter l'attitude d'un propriétaire plutôt que celle d'un boursicoteur change toute la perspective d'un investisseur ainsi que ses comportements. Si vous étiez propriétaire d'une petite entreprise exploitant le dépanneur de votre quartier, seriez-vous sans cesse tenté de la vendre au moindre soubresaut dans ses résultats financiers ? Seriez-vous inquiété outre mesure par les résultats un peu décevants d'un trimestre ou auriez-vous plutôt le regard fixé sur les défis auxquels elle fait face, de même que sur son potentiel de croissance ?

Le propriétaire est ni plus ni moins «marié» à son entreprise, pour le meilleur et pour le pire. Lorsque les choses vont mal, il travaille d'arrache-pied à trouver des solutions. Lorsqu'elles vont bien, il pense à développer de nouvelles avenues de croissance. Il peut toujours prendre la décision de vendre, mais le processus est généralement fastidieux et coûteux.

L'investisseur boursier jouit d'un avantage non négligeable par rapport au propriétaire d'une entreprise privée : ses actions sont négociables. Si la société dont il est actionnaire connaît des difficultés et qu'il juge ses perspectives de croissance futures plutôt médiocres, il peut aisément vendre ses actions.

Un autre avantage important est que l'investisseur boursier peut facilement diversifier son portefeuille de placement parmi plusieurs titres de sociétés triées sur le volet. L'entrepreneur a typiquement la majeure partie de sa fortune personnelle investie dans son entreprise, ce qui magnifie les risques : un succès peut le rendre très riche, mais un échec peut lui faire tout perdre.

En investissant selon la perspective d'un propriétaire, l'investisseur adopte naturellement une vision à long terme et minimise les transactions de son portefeuille.

2. Avoir la bonne attitude par rapport au marché boursier. Revenons à notre exemple du propriétaire du dépanneur du coin. Supposez maintenant que vous avez un partenaire minoritaire dans cette entreprise. Or, ce partenaire a une particularité : il souffre d'un trouble bipolaire. Comme il prend des médicaments, il est la plupart du temps tout à fait calme et rationnel. Mais certains jours, vous notez qu'il peut être euphorique et excité. Ces jours-là, il est prêt à acheter vos parts de l'entreprise à un prix très généreux. D'autres jours, c'est tout le contraire, il devient pessimiste à l'excès et est prêt à vous vendre ses parts à prix d'aubaine.

C'est un peu de cette manière que le marché boursier se comporte. Il est ni plus ni moins bipolaire, passant de l'euphorie au plus grand pessimisme de manière récurrente. Souvenez-vous de la fin des années 1990 ; les investisseurs n'étaient-ils pas euphoriques et complètement gagas par rapport aux titres technologiques ? Et comment se portaient-ils en 2008, lors de la crise financière ? N'avaient-ils pas décidé en grand nombre de délaisser totalement la Bourse et de vendre leurs actions, peu importe les prix ?

La volatilité croissante que l'on vit sur les marchés boursiers depuis quelques mois est souvent perçue comme un risque accru par les investisseurs. Je vois les choses différemment : la volatilité grandissante augmente les chances que des occasions d'investissement se présentent. Lorsqu'elle augmente, c'est un peu comme si le partenaire de notre exemple avait égaré ses médicaments...

3. Investir avec une marge de sécurité. Le concept de la marge de sécurité a été développé par Benjamin Graham, le père de l'analyse fondamentale et mentor de première heure de Warren Buffett. C'est peut-être la notion la plus importante que l'investisseur valeur doit assimiler. Elle signifie essentiellement que, comme l'évaluation d'une entreprise est une science plutôt inexacte, il faut toujours tenter de se ménager une large marge de sécurité lorsqu'on prend la décision d'acheter le titre d'une entreprise. Par exemple, après avoir fait vos analyses, vous arrivez à une évaluation de 100 $ l'action pour le titre d'une société que vous convoitez. Si vous voulez vous doter d'une marge de sécurité appréciable, vous serez acheteur du titre à 70 $ ou 75 $, tout au plus. Vous ne l'achèterez pas à 90 $.

La marge de sécurité s'applique à bien d'autres décisions qu'aura à prendre l'investisseur. Elle dicte notamment d'être très prudent quant à la dette, tant en ce qui a trait à l'utilisation de la marge pour investir (un investisseur prudent ne l'utilise jamais) que dans l'évaluation des entreprises de son portefeuille - l'investisseur prudent évite autant que possible les sociétés trop endettées.

La construction d'un portefeuille est aussi largement influencée par le concept de la marge de sécurité. La saine diversification d'un portefeuille est très importante et l'investisseur devrait par exemple s'assurer que chacun de ses titres ne représente pas un trop grand pourcentage du portefeuille et qu'un secteur n'y est pas trop surreprésenté.

En somme, réussir en Bourse est avant tout une affaire de gros bon sens. Les trois concepts qui précèdent sont très simples et je suis persuadé que leur application mène invariablement au succès d'un investisseur à long terme. Mais nous savons tous que la simplicité n'est pas si simple à appliquer dans la vie de tous les jours.

EXPERT INVITÉ
Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

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