Wall Street prend les commandes de l'économie américaine

Publié le 30/11/2016 à 15:38

Wall Street prend les commandes de l'économie américaine

Publié le 30/11/2016 à 15:38

Par AFP

La nomination mercredi par Donald Trump de Steven Mnuchin au Trésor et de Wilbur Ross au Commerce confie les commandes de l'économie américaine à des financiers de Wall Street qui s'étaient quelque peu retrouvés écartés du pouvoir ces dernières années.

M. Mnuchin, 53 ans, qui prend la tête du Trésor, a passé 17 ans chez Goldman Sachs où il s'est spécialisé dans les actifs ultra risqués. Nouveau secrétaire au Commerce, le milliardaire Wilbur Ross, 79 ans, est surnommé, lui, "roi de la banqueroute" pour avoir bâti sa fortune en rachetant à tour de bras des entreprises en difficultés revendues ensuite au prix fort.

«Nous assistons à la reprise totale du pouvoir par une fraction extrémiste des milieux d'affaires», dénonce Robert Weissman, président de l'ONG Public Citizen.

L'opposition démocrate rappelle que ce sont les banquiers qui sont à l'origine de la bulle des «subprime» ayant conduit en 2008 à la plus grave crise financière depuis 1929.

«Steve Mnuchin est le Forrest Gump de la crise financière - Il a pris part à toutes les pires pratiques de Wall Street», fustige l'influente sénatrice démocrate Elizabeth Warren, passionaria de l'aile gauche du parti. Sherrod Brown, une autre parlementaire démocrate, affirme en faisant allusion à la promesse de campagne du candidat républicain Donald Trump de nettoyer le «marigot» à Washington, «ça ne revient pas à vider le marigot mais à le remplir avec des alligators».

Au vu de ces réactions, la confirmation par le Sénat des deux nominations s'annonce mouvementée, même si les républicains y ont la majorité.

Pratiques controversées

Mais Wall Street s'attend maintenant à une inflexion de la règlementation. Un banquier se félicitait ainsi sous couvert de l'anonymat mercredi des premières déclarations «positives» de M. Mnuchin qui veut notamment revoir la réforme financière Dodd-Frank, mise en place en 2010 pour éviter une autre crise et surtout protéger les consommateurs des pratiques des banques.

MM. Mnuchin et Ross, qui n'ont aucune expérience politique, sont des vétérans de Wall Street dont ils symbolisent les pratiques controversées. Le premier s'est notamment distingué en rachetant pour 1,55 milliard de dollars la banque californienne IndyMac en 2009 revendue cinq ans plus tard pour 3,4 milliards en expropriant sans vergogne de nombreux ménages pauvres.

Pourtant pendant la campagne électorale, Donald Trump avait reproché à Hillary Clinton sa proximité avec Wall Street et notamment avec Goldman Sachs.

Dans une vidéo, il est allé jusqu'à inclure le visage de Lloyd Blankfein, le PDG de l'établissement, parmi ceux qu'il accusait alors de confisquer le pouvoir.

Mais depuis sa victoire, le promoteur immobilier s'est quelque peu ravisé. Outre MM. Mnuchin et Ross, il a nommé Stephen Bannon, un ancien de Goldman Sachs, conseiller stratégique à la Maison Blanche et Anthony Scaramucci, un autre «Goldman Boy», fait partie de son équipe de transition.

C'est le retour au premier plan des financiers, conspués par le grand public via le mouvement de contestation populaire «Occupy Wall Street» et restés dans l'ombre durant les huit ans de l'administration Obama après le désastre des «subprime» qui a laissé sur le carreau des millions de ménages américains et de nombreuses villes fantômes dans les Etats de l'Ohio, du Michigan et de la Floride.

Les six grandes banques américaines - JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup, Goldman Sachs et Morgan Stanley - ont dû s'acquitter au total de plus de 110 milliards de dollars sous forme d'amendes et de réglement à l'amiable pour tourner cette page.

Mais Steven Mnuchin envisage dorénavant de supprimer la règle Volcker, qui limite la spéculation pour compte propre et adoptée après la crise. Cela permettrait aux banques de doper les activités risquées de courtage, une excellente source de profits.

Sans attendre, les marchés se sont rués sur les actions bancaires, entraînant en trois semaines le plus fort redressement en Bourse des banques depuis 2009.

Ce programme pourrait toutefois réveiller les accusations de collusion entre le Trésor et l'industrie bancaire qui ont rythmé les dernières décennies. Dans les années 1990, une loi séparant les banques d'affaires de celles de dépôts avait été démantelée alors que Robert Rubin, un des grands noms de Wall Street, était secrétaire au Trésor.

Lors de la crise financière de 2008, plusieurs banques avaient été sauvées de la faillite avec des fonds publics alors qu'Henry Paulson, ancien PDG de Goldman Sachs, l'était aussi.

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