Verdict des prévisions 2016: nous nous sommes tous plantés!

Publié le 29/12/2016 à 06:52

Verdict des prévisions 2016: nous nous sommes tous plantés!

Publié le 29/12/2016 à 06:52

Par Stéphane Rolland

Photo:123rf

RÉTROSPECTIVE 2016– Mes brillants collègues et moi-même avons peu de chances d’être un jour mutés à la rédaction des horoscopes. Aucune de nos prévisions ne s’est concrétisée en 2016. Nous nous sommes plantés. Solidement.

Il n’y a pas de honte à s’être trompé, les plus grands experts le font régulièrement. Les recherches de Philip Tetlock, un professeur de psychologie et de gestion de l’Université de Pennsylvanie, ont démontré que les plus éminents experts se faisaient battre par le hasard aux jeux des prévisions. Bref, aussi bien tirer à pile ou face. Je vous invite à lire ce que j’ai écrit sur le sujet.

En fait, tout un chacun a la fâcheuse manie de surestimer ses aptitudes à prédire l’avenir, même vous. Les psychologues nomment ce phénomène le biais rétrospectif. Notre cerveau retient les prévisions que nous avons faites et qui se sont avérées. Ces coups de chance éclipsent toutes les fois où nous nous sommes trompés. En gros, nous surestimons tous notre Nostradamus intérieur.

Le verdict

Commençons par notre échec. J’avais écrit que la Bourse de New York ferait « peut-être définitivement » mieux que celle de Toronto. Eh bien, à moins d’un revirement spectaculaire d’ici le Jour de l’An, ce ne fut pas le cas. Le retour en force des titres énergétiques et la bonne tenue des financières ont permis à Bay Street de dépasser Wall Street. La majorité des stratèges anticipaient ce scénario. J’étais sceptique; j’ai été confondu. Au 20 décembre, le S&P/TSX à Toronto a gagné 18,30%. Le S&P 500 suit derrière à 12,82%.

Quand je me compare, je me console. Le contraste avec la réalité a été bien pire pour la prévision de François Normand. Notre spécialiste des questions internationales a annoncé la victoire de Jeb Bush à la présidence des États-Unis. On connaît la suite. Le candidat ne s’est même pas rendu jusqu’en mars. Comment le seul journaliste qui a réussi à faire une prévision exacte en 2015 s’est-il autant fourvoyé, pour l’amour du saint ciel? Dieu sait que nous en avons parlé au bureau. On va y consacrer un peu plus de mots qu’aux autres prévisions. Appelons ça ma liberté éditoriale.

J’avais mis en garde mon collègue lorsqu’il m’a dit qu’il misait sur le troisième espoir de cette dynastie politique américaine. Si une partie du revers de François est attribuable à la malchance, il a néanmoins fait une erreur d’interprétation historique qui nous paraissait évidente, même en décembre 2015.

Selon lui, un parallèle pouvait être fait entre Jeb Bush et Barack Obama. Il avait surpris tout le monde en battant Hillary Clinton, qui était pressentie comme la grande gagnante des primaires démocrates de 2008. Bref, Jeb Bush ne serait pas le premier candidat sous-estimé à remporter la primaire d’un des deux grands partis, argumentait-il. L’an dernier, nous lui avions dit respectueusement que ce lien était boiteux.

Au contraire, Jeb Bush n’a jamais porté le chapeau de l’«outsider déjouant les pronostics». Il avait plus de notoriété, plus d’argent, l’appui des bonzes du parti et un plus grand réseau. On l’a vu venir de loin et il s’enfargeait à tous les tests que la campagne mettait sur sa route. En décembre 2015, la déception était déjà consommée. Il est plus facile de surprendre quand on ne s’attend à rien de vous que lorsque vous avez déçu les grands espoirs qu’on a mis en vous.

Une autre erreur était de se prononcer alors que plusieurs autres issues étaient envisageables. J’irais même jusqu’à dire, plus probable, à la lumière du manque d’instinct qu’avait affiché M. Bush avant la prévision. Donald Trump défiait déjà sa mort annoncée, Ted Cruz, soutenu par la droite religieuse, avait une chance réelle de l’emporter et Marco Rubio offrait une candidature intéressante à un parti qui voulait rajeunir son électorat et séduire le vote des Américains d’origine latino-américaine. De plus, les démocrates pouvaient, eux aussi, penser raisonnablement sortir victorieux de l’ultime duel. Avec toutes ses possibilités, M. Normand aurait eu plus de chance de succès avec une prévision sur le Brexit: il aurait eu une chance sur deux.

Pour le reste, M. Normand a fait un choix astucieux en misant sur un retour des républicains à la Maison-Blanche. Une entorse à l’alternance des pouvoirs est l’exception. Il n’y a jamais de garantie, mais, si prévoir revient au hasard, mettre les probabilités historiques de son bord n’est pas une mauvaise idée. On ne lui reprochera pas de ne pas avoir anticipé la victoire de Donald Trump, il était loin d’être le seul. Il y a eu assez de théories pour expliquer le résultat électoral, on vous laisse avec votre hypothèse.

Entreprises technos et leadership

Notre ex-collègue Julien Brault, maintenant entrepreneur et blogueur chez nous, semble avoir un penchant pour les prévisions catastrophiques. Rappelez-vous: il avait prédit la fin du modèle d’affaires de La Presse+ en 2015.

Pour 2016, il annonçait le fléchissement des valeurs des start-ups technologiques. Il s’est «gardé une petite gêne» pour parler d’éclatement, mais on sait lire entre les lignes.

Un an plus tard, la situation des «licornes» est moins bonne qu’il y a un an dans son ensemble. One Kings Lane, qui valait presque un milliard de dollars américains et qui s’est vendue à 12 millions de dollars à Bed Bath & Beyond(Nasdaq, BBBY) est un bel exemple d’un dégonflement. Ceci étant dit, la catastrophe n’a pas eu lieu et l’argent continue de couler à flots à Silicon Valley.

L’analyse demeure toujours fort intéressante et pertinente, car la situation décrite perdure. On vous invite à lire ce texte de Bloomberg: «The Tech Bubble Didn’t Burst This Year. Just Wait». Ça résume bien la situation. À suivre…

Toujours pour 2016, Olivier Schmoucker a produit une prévision fort agréable à lire, mais invérifiable : «En 2016, vous réveillerez le leader qui sommeille en vous! » À vous de juger, comment cela se reflète dans votre vie professionnelle. Le texte est une source de réflexion intéressante pour ceux qui aspirent à devenir de meilleurs leaders. Le propos était bon en 2015, il l’est encore en 2016 et le sera en 2017. On vous suggère de le lire.

Sur cette note inspirante, j’en profite pour vous dire, sans subtilité, que lire Les Affaires est une bonne façon de devenir un dirigeant et/ou un investisseur mieux informé. Quelle belle résolution que d’intégrer cette habitude à votre vie! Avec la nouvelle année qui est à nos portes, je vous souhaite du succès dans vos projets et vos investissements en 2017 ainsi que dans toutes les choses importantes sur lesquelles nous n’écrivons pas.

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