Savoir faire preuve de réserves...


Édition du 13 Août 2016

Savoir faire preuve de réserves...


Édition du 13 Août 2016

Par Michel Villa

[Photo : 123RF]

En juillet 2014, Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale américaine, a déclaré devant le Congrès américain que les actions à petite capitalisation ainsi que les actions des secteurs d'activité des médias sociaux et de la biotechnologie étaient surévaluées, en fonction de certains ratios financiers1. Un an plus tard, les cours du Russell 2000 - l'indice de référence américain à petite capitalisation - et des deux fonds négociés en Bourse représentant les industries ciblées par Janet Yellen (Global X Social Media Index ETF [SOCL], iShares NASDAQ Biotechnology Index ETF [IBB]) se négociaient à un niveau plus élevé. D'ailleurs, l'IBB a progressé de 60 % durant cette période.

En décembre 2015, la Réserve fédérale américaine a haussé son taux directeur pour la première fois en près d'une décennie (de 0,25 % à 0,50 %). De même, compte tenu de la vigueur de l'économie américaine, elle a signifié son intention de l'augmenter à quatre reprises en 2016. Six mois plus tard, le portrait a considérablement changé. En effet, peu d'experts prévoient une hausse supplémentaire du taux d'intérêt d'ici la fin de l'année, et ce, pour deux raisons majeures. D'une part, le comité a révisé à la baisse, à deux reprises (en mars et en juin), la perspective de croissance économique des États-Unis pour 2016 et 2017. D'autre part, des périodes de forte volatilité des cours (occasionnées notamment par la chute des cours pétroliers et des places boursières chinoises en début d'année et par le résultat du Brexit) ont généré une plus grande incertitude quant à la concrétisation des projections économiques optimistes.

Étant donné le bilan peu reluisant des récentes prévisions, une question s'impose : quelle importance doit-on accorder aux propos émis par les gouverneurs de la Réserve fédérale américaine ?

Un comité expérimenté et éduqué

La Réserve fédérale est la banque centrale des États-Unis, et l'un de ses mandats est d'établir la politique monétaire, c'est-à-dire de promouvoir le plein emploi, de contrôler le niveau de l'inflation et d'assurer une stabilité des taux d'intérêt à long terme. Le comité responsable de cette fonction est le Federal Open Market Committee (FOMC). Naturellement, il est composé de membres ayant une formation universitaire supérieure et une vaste expérience professionnelle. Par exemple, Janet Yellen est titulaire d'un doctorat en économie de l'Université Yale. William C. Dudley, vice-président du FOMC, est un ancien économiste en chef de la firme d'investissement Goldman Sachs. Il est donc logique de porter une attention particulière à leurs prédictions.

Toutefois, tout investisseur doit accepter le fait qu'il est impossible de prédire avec exactitude ce qui va arriver. Ainsi, ces experts se tromperont régulièrement, au même titre qu'un économiste ou un analyste financier. Étant donné la complexité des enjeux dont il faut tenir compte (la confiance des consommateurs, le résultat d'une élection présidentielle, un attentat terroriste, les politiques monétaires des autres banques centrales, etc.), il est préférable de penser en termes de probabilités. Concrètement, l'investisseur reconnaît que toute prévision financière est sujette à des facteurs externes pouvant modifier sa probabilité de réalisation et, par le fait même, ne se limite pas à un seul scénario.

Le FedWatch Tool

Sans contredit, il est essentiel de surveiller de près l'évolution du taux directeur américain. Plutôt que de se fier uniquement aux directives de Janet Yellen, le CME Group, une entreprise spécialisée dans les produits dérivés, propose un outil d'analyse fort intéressant.

Le FedWatch Tool2, offert gratuitement par l'intermédiaire de son site Web, permet à l'investisseur d'évaluer les attentes des participants de marché en ce qui concerne la probabilité d'une baisse, d'une hausse ou du maintien du taux directeur, et ce, pour chacune des huit décisions à rendre par le FOMC chaque année. Le 4 juillet 2016, le FedWatch Tool évaluait à 97,6 % les chances que le taux directeur américain se maintienne à 0,50 % et à 2,4 % les chances qu'il baisse à 0,25 % lors de la décision rendue le 27 juillet (le taux n'a pas bougé). Janet Yellen n'avait jamais évoqué la possibilité de réduire le taux directeur !

En agissant ainsi, nous prônons une approche plus objective que celle axée sur l'opinion d'experts financiers. Bien que la Réserve fédérale américaine soit une entité crédible et prestigieuse, il est responsable de savoir faire preuve de réserves à son égard...

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