Rémunérations de Bombardier: appel à la révolte des actionnaires

Publié le 31/03/2017 à 15:30

Rémunérations de Bombardier: appel à la révolte des actionnaires

Publié le 31/03/2017 à 15:30

Le ministre Bains, le PDG de Bombardier et le ministre des Transports, Marc Garneau. (La Presse canadienne)

Les actionnaires mécontents devraient s'opposer à l'augmentation «indécente» des salaires de la haute direction de Bombardier (Tor., BBD.B), s'accordent à dire plusieurs intervenants. Pour sa part, le ministre des Finances québécois conseille aux administrateurs de l'entreprise de revoir leur copie en matière de rémunération.

Plus de 40 millions $ octroyé aux six plus hauts dirigeants, soit une hausse de 50% au cours d'une année marquée par le licenciement de milliers d'employés. Cette augmentation a suscité un vent de critiques.

À l'instar de plusieurs, Claude Béland la juge exagérée. Celui qui a présidé le Mouvement Desjardins et le MÉDAC, enjoint donc les actionnaires mécontents de Bombardier à se déplacer à l'assemblée annuelle de l'entreprise pour s'opposer en personne aux importantes augmentations de salaire octroyées aux membres de sa haute direction.

Qualifiant la situation «d'injuste» et «indécente», M. Béland a estimé vendredi qu'il s'agissait du seul recours à la disposition des investisseurs particuliers.

Celui-ci reconnaît qu'il sera difficile de faire plier la famille Beaudoin-Bombardier sur cet aspect, puisque les actions à droit de vote multiple lui permettent de contrôler 53,23 pour cent des droits de vote.

Sans oublier que les gouvernements ont dû intervenir pour protéger le fleuron aéronautique. Et lors du sauvetage de Bombardier, Ottawa a fourni un gilet et Québec, le canot: 372 millions $ venus du fédéral, à concurrence de 1,3 milliard du provincial.

C'est du «jamais vu», estime-t-il, étant donné que la compagnie s'est retrouvée près de la faillite et qu'elle a été sauvée «avec l'argent du public et des actionnaires».

Bombardier tiendra son assemblée annuelle le 11 mai, à son centre montréalais de finition des avions d'affaires Global, à Dorval.

L'an dernier, la résolution consultative non contraignante sur l'approche de l'entreprise en matière de rémunération des membres de la haute direction avait été appuyée dans une proportion de 96,06 pour cent par les actionnaires.

Omerta politique ?

Justin Trudeau a refusé jeudi de condamner les fortes hausses de rémunérations des patrons de Bombardier. Interrogé sur le niveau de ces rémunérations, le premier ministre canadien a reconnu que le gouvernement avait «une responsabilité pour s'assurer que les investissements réalisés avec l'argent des contribuables conduisent à de bons emplois et de la croissance qui auront un impact sur la classe moyenne». Mais, a-t-il ajouté, «nous respectons la libre entreprise et les choix que les entreprises font».

Du côté de Québec, le gouvernement Couillard fermera les yeux, a déploré l'opposition provinciale, qui la trouve indécente: «Bombardier méprise les Québécois».


« J’invite le conseil d’administration à revoir sa politique de rémunération »

La ministre québécoise de l'Économie a estimé qu'avant d'accorder des gratifications d'une telle ampleur, «je réfléchirais au message que l'on envoie à la population». 

Dominique Anglade a assuré que malgré la grogne généralisée, elle ne doutait toujours pas de la pertinence d'avoir accordé l'aide à l'entreprise.

«On ne remet pas du tout en cause le 1,3 milliard $, qui était nécessaire pour le secteur de l'aérospatiale, pour les 40 000 emplois directs que nous avons ici», a-t-elle soutenu.

De passage à Montréal vendredi, alors qu'il prononçait sa traditionnelle allocution d'après-présentation du budget devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le ministre québécois des Finances n'avait pas l'air d'apprécier la situation. Carlos Leitao a carrément demandé au conseil d'administration de Bombardier de revoir sa politique de rémunération.

«Nous avons appris au même moment que la majorité des Québécois la teneur des augmentations des dirigeants de Bombardier. Pour le moment, nous nous réservons nos commentaires pour nourrir notre argumentaire qui servira sur les différentes tables de négociations», a expliqué jeudi le coordonnateur québécois de l’Association internationale des Machinistes et des Travailleurs et Travailleuse de l’Aérospatiale (AIMTA), David Chartrand.


« Bombardier en demande deux fois plus aux salariés »

Suite aux réductions d'effectifs, l’entreprise en demande deux fois plus de la part des salariés non syndiqués, signalait ce vendredi l'AIMTA. En exigeant plus de ses travailleurs, Bombardier exercerait une pression «insoutenable» pour des employés «dévoués au bon fonctionnement de l’entreprise». Dès lors, «ils sont de plus en plus nombreux à penser que la syndicalisation est la voie à emprunter», a conclu David Chartrand.

 

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