Records boursiers: seule une fraction de la population en profite

Publié le 01/02/2017 à 11:46

Records boursiers: seule une fraction de la population en profite

Publié le 01/02/2017 à 11:46

Par AFP

Photo: Shutterstock

Dow Jones à 20000 points et records en série à Wall Street, l’envolée de la Bourse de New York ne profite toutefois au portefeuille que de moins de la moitié des américains et parmi eux surtout à une petite minorité.

Depuis l'élection de Donald Trump le marché des actions grimpe aux Etats-Unis, dopé par les espoirs d'accélération de la croissance grâce aux réformes promises par le nouveau président.

Au total, la valeur boursière a gonflé d'environ 1500 milliards de dollars américains depuis le 8 novembre, jour de l'élection, selon Howard Silverblatt, analyste maison de S&P Dow Jones Indices, dont les statistiques font référence à Wall Street.

Cette manne, seuls 48,8% des ménages américains sont susceptibles d'en bénéficier.

C'est en effet le pourcentage de foyers qui possèdent des actions directement ou à travers des fonds, selon les dernières données disponibles de la Réserve fédérale américaine (Fed), datant de 2013.

En donnant un coup d'arrêt à la progression du nombre d'américains ayant des actions, la crise financière de 2007 a brisé le rêve d'une nation d'actionnaires formulé au lendemain de la seconde guerre mondiale.

«Il y avait cet élément que c'était bon pour le pays dans son ensemble, pour combattre le communisme, si chaque américain détenait une part d'une entreprise américaine», explique Janice Traflet professeur de management à l'Université de Bucknell.

A partir des années 1950, la Bourse de New York, alliée aux grandes entreprises, avait même déployé des efforts de promotion pour convaincre l'Américain ordinaire de se changer en petit-porteur.

Depuis la crise des subprimes, la question de l'occasion pour les ménages modestes d'investir de l'argent en Bourse se pose plus franchement alors qu'ils sont parfois lourdement endettés notamment via leurs cartes de crédit, estime Mme Traflet.

De fait, le nombre de foyers détenant des actions est passé de 53,2% en 2007 à 48,8% en 2013.

Les Américains sont moins enclins à boursicoter et à se constituer eux-même un portefeuille de titres et ce recul est donc particulièrement marqué pour la détention d'actions en direct. 

Disparités entre actionnaires

Les fonds communs de placement ont en revanche mieux résisté. Ils comprennent notamment les fonds de pensions qui permettent aux américains de préparer leur retraite en plaçant leur argent sur les marchés financiers.

Les fonds connaîtraient même une petit regain auprès du public ces trois dernières années, mais restent toujours en dessous de leur niveau d'avant la crise, selon les données de l'Investment Company Institute.

Parmi les actionnaires, tous ne vont cependant pas profiter de la même manière du bond du marché.

Au delà des arbitrages d'investissements et du choix de titres gagnants ou perdants, la grande majorité des actions est concentrée entre les mains d'une fraction de la population.

A eux seuls, les 1% d'Américains les plus riches détiennent 44,3% des actions, selon des données de 2012 compilées par l'économiste Gabriel Zucman de l'Université de Californie à Berkley.

«L'augmentation de la concentration a été particulièrement forte dans les années 1980-1990 et 2000», a-t-il expliqué à l'AFP, une période où l'on constate de manière générale un creusement des inégalités de patrimoine aux Etats-Unis.

Cela explique en partie pourquoi de nombreux  Américains n'ont pas perçu d'amélioration de leurs finances alors que la Bourse de New York a plus que triplé depuis le plus dur de la crise financière, avec un plus bas atteint en mars 2009.

La hausse de Wall Street apparait d'autant plus en trompe-l'oeil que depuis plus de quatre ans elle est notamment alimentée par les rachats d'actions par les entreprises cotées sur le marché.

Au 3e trimestre 2016, les groupes du S&P 500 ont racheté pour 112 milliards de dollars d'actions, alors que leurs bénéfices n'avaient que peu augmenté.

En réduisant le nombre d'actions en circulation, cette technique permet aux entreprises de gonfler leur bénéfice par action, la référence à Wall Street, même si leurs profits stagnent et de répondre aux attentes des analystes, faisant dans la foulée monter encore leur cours en Bourse.

 

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