Pourquoi Dubaï a semé la panique

Publié le 30/11/2009 à 06:30

Pourquoi Dubaï a semé la panique

Publié le 30/11/2009 à 06:30

Par Olivier Schmouker

Les richesses de Dubaï n'étaient-elles qu'un mirage? Photo : Bloomberg.

Les marchés financiers de la planète ont été ébranlés la semaine dernière après l’annonce par Dubaï de son incapacité d'honorer à temps une partie de sa dette

Que s'est-il passé? L'émirat de Dubaï a annoncé mercredi dernier son intention de demander aux créanciers de son conglomérat Dubaï World, le plus large et le plus endetté, de surseoir de six mois au paiement de la dette arrivée à maturité.

La dette totale de Dubaï était estimée à 80 milliards de dollars américains en 2008, dont 70 milliards à la charge des compagnies publiques. Dubaï World accaparait, à lui seul, 59 milliards de ce montant.

Mais, qui est Dubaï World? C’est le groupe qui contrôle notamment Nakheel, célèbre pour son île artificielle destinée à être occupée exclusivement par des millionnaires. Il croule maintenant sous les dettes, le marché immobilier local ayant vu sa valeur s'effondrer de 50% depuis que sévit la récession mondiale. Nakheel se doit de régler en décembre quelque 3,5 milliards de dollars américains de dettes, sous forme d'obligations islamiques.

«Dubai World s’apprête à demander à ses créanciers de repousser au 30 mai 2010 au moins le règlement des dettes arrivées à maturité», a indiqué par voie de communiqué le Fonds de soutien financier de Dubaï, organisme chargé de gérer les retombées de la crise sur l'économie de l'émirat.

Un cheikh hautain ou inconscient ?

Dubaï est l'émirat qui a le plus souffert de la crise mondiale. Ses soucis remontent à plusieurs mois, même si son dirigeant, le cheikh Mohammed bin Rachid Al-Maktoum, a longtemps balayé d'un revers de la main toutes les questions sur les réserves de liquidités.

Interrogé il y a deux mois sur la dette, il assurait encore «Tout va bien» et «Nous ne sommes pas inquiets». Puis,ce mois-ci, il a ordonné aux sceptiques de «se taire».

Le gouvernement de Dubaï, après des mois de déni, a levé 10 milliards de dollars américains en février, en vendant des obligations à la banque centrale des Emirats arabes unis. Et mercredi, le département des Finances a annoncé qu'il allait lever 5 milliards de dollars américains supplémentaires, en vendant des obligations à deux banques d'Abu Dhabi.

Des répercussions difficiles à estimer

Le hic, c'est que Dubaï World détient des intérêts un peu partout dans le monde. Cela va de parts dans des casinos de Las Vegas, à d'autres dans des banques en Europe (Standard Chartered, à Londres, etc.), ou encore dans des boutiques de luxe (Barneys, à New York, etc.). Une faillite de sa part mettrait en difficulté nombre d'entreprises d'importance, et ce à un point encore imprévisible.

«Les investisseurs ne redoutent rien de pire que ce genre de nouvelle. Car personne ne peut prévoir quelle solution sera trouvée, la pire étant probablement une faillite du géant de l'immobilier Nakheel, qui est au coeur du problème», disait hier Norval Loftus, directeur, obligations islamiques, de Matrix Group, une firme londonienne qui gère pour près de 2,5 milliards de dollars américains en actifs, dont une partie à Dubaï.

«Dubaï est symbolique du boom des liquidités qu'a connu la planète ces derniers temps, et maintenant que la bulle semble sur le point d'éclater, on a du mal à imaginer les répercussions que cela peut avoir un peu partout dans le monde», ajoutait hier Nick Chamie, directeur, études sur les marchés émergents, de RBC Marchés des capitaux.

Moody’s et S&P rétrogradent six compagnies majeures

Du coup, l'agence de notation financière Moody's a réagi hier en rétrogradant six importantes compagnies du gouvernement de Dubaï. Elle a notamment passé DP World, relevant de Dubai World, de «A3» à «Baa2», et le géant immobilier Emaar Properties, de «Baa1» à «Ba2».

«Un rééchelonnement de la dette indiquerait que le gouvernement se prépare à permettre à une firme qui lui est liée de ne pas honorer ses obligations», a expliqué l'agence.

Idem, Standard & Poor's a rétrogradé la notation de cinq compagnies de Dubaï, dont DP World et Emaar Properties, en raison de «l'échec du gouvernement de Dubaï à apporter un soutien financier opportun à une compagnie de premier plan».

Avec AFP et Bloomberg.

 

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