Pas d'argent à faire avec le pot pour Imperial Tobacco Canada

Publié le 09/11/2017 à 17:06

Pas d'argent à faire avec le pot pour Imperial Tobacco Canada

Publié le 09/11/2017 à 17:06

Par Stéphane Rolland

Imperial Tobacco Canada n’a pas de visées sur le gagne-pain du revendeur de drogues de votre quartier. Vendre de la marijuana, une fois qu’elle sera légalisée par le gouvernement Trudeau, n’intéresse pas la société productrice de tabac, affirme Jorge Araya, son PDG.

«Nous ne sommes pas intéressés par l’industrie de la marijuana à moyen terme», affirme M. Araya lors d’une entrevue avec Les Affaires en marge d’une conférence présentée devant le Conseil du patronat du Québec, jeudi. «C’est une industrie que nous ne comprenons pas parce qu’elle est illégale et que nous ne pouvons pas faire de recherches.»

La filiale canadienne de British American Tobacco (BAT), qui est basée à Montréal, ne laisse-t-elle pas passer une occasion lucrative? Le marché de la marijuana légale pourrait s’établir à 8,7 G$, selon Deloitte. «Nous en avons déjà plein les bras avec nos activités, répond-il. Notre expertise, c’est la nicotine, ce n’est pas la même substance.»

L’avenir du côté des cigarettes électroniques

Les débouchés pour Imperial Tobacco Canada se trouvent plutôt du côté du vapotage et du tabac chauffé, deux types de cigarettes électroniques que M. Araya présente comme étant «moins nocives» pour la santé. Le dirigeant dit que ces deux produits offrent aux fumeurs des solutions de rechange moins dommageables pour la santé. Par contre, la réglementation en vigueur limite la capacité de les promouvoir, déplore-t-il.

Imperial Tobacco vend une cigarette à tabac chauffé. Elle ne peut toutefois pas en faire la promotion et les détaillants ne peuvent laisser le produit à vue des consommateurs. La Loi ne lui permet pas de vendre de vapoteuse. Celles qui sont en circulation sont en fait issues de la contrebande, explique le dirigeant. «Si le gouvernement veut vraiment amenuiser les conséquences liées à la consommation de tabac, il va permettre une communication réglementée, commente-t-il. On ne veut pas faire de la publicité liée au style de vie, mais on aimerait avoir le droit à un minimum de communication pour les faire connaître.»

Un argument mis en doute

L’argument de vente est toutefois remis en doute par la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT). «Imperial Tobacco n’a pas le droit de faire de la publicité et elle utilise la tribune offerte par le Conseil du patronat pour faire parler de ses produits», dénonce Flory Doucas, porte-parole du CQCT, dans une entrevue téléphonique.

Mme Doucas reconnaît que les cigarettes électroniques sont moins nocives que les cigarettes traditionnelles, mais elle prévient que la recherche ne permet pas de savoir hors de tout doute l’ampleur de cette différence. Imperial Tobacco affirme, pour sa part, que le risque est réduit de 90%. «En théorie, on serait gagnant si tous les fumeurs délaissaient les cigarettes pour utiliser les produits de vapotage, nuance-t-elle. Par contre, bien des fumeurs ne délaissent pas complètement les cigarettes et vont utiliser les deux. Dans ce cas, ce n’est pas vraiment gagnant pour la santé publique.»

De plus, elle craint que ces produits séduisent de nouveaux fumeurs. «Si les jeunes qui n’ont jamais fumé commencent à utiliser des produits de vapotage, nous n’en sortons pas gagnants», prévient-elle. En entrevue, M. Araya, pour sa part, assure qu’Imperial Tobacco ne s’adresse qu’aux fumeurs dans ses communications.

Une plus grande part de marché

Au Canada, près de 45000 décès par année sont liés au tabac, selon une étude du Conference Board. Le think-thank estime que le tabac entraîne un coût de 16,2G$ pour l’économie canadienne.

Les Canadiens sont de plus en plus conscientisés quant aux ravages du tabac, ce qui agit comme un frein sur les ventes de cigarettes. Celles-ci reculeront de 7,5% d’ici 2026 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), anticipe Owen Bennett, analyste de Jefferies.

Avec les cigarettes électroniques, les sociétés productrices du tabac pourraient compenser leurs pertes de revenus, croit M. Bennett. Il pense que les cigarettes à «risque réduit» représenteront près de 30% du marché mondial du tabac en 2026, comparativement à 2% aujourd’hui.

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